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«Blade runner», comme on ne l’a jamais vu (vidéos)

Le film du réalisateur britannique, Ridley Scott, figure parmi les chefs-d’œuvre du 7e Art. « Blade runner » ressort mercredi dans un nombre limité de salles.

Temps de lecture: 4 min

Dans un monde asiatisé, un peu orwellien, dominé par deux ou trois multinationales, bref, supposé être le nôtre d’ici quelques décennies, les tâches ingrates sont confiées aux robots. Des réplicants, copies quasi parfaites de l’humain. Quand six de ces esclaves présentés comme dangereux prennent la fuite et débarquent sur Terre, c’est un « blade runner » du nom de Deckard (Harisson Ford) qui est chargé de les éliminer.

La bande annonce du film

Inspiré du roman de Philip K. Dick

En gros, voilà l’histoire écrite par le scénariste Hampton Fancher à partir d’un roman de Philip K. Dick, « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » Si le décor change quelque peu (dans le bouquin, la Terre a été dévastée par un conflit nucléaire et, pour les survivants, posséder un animal est un luxe), les questions restent les mêmes. Qu’est-ce qui distingue l’homme de la machine, aussi parfaite soit-elle ? L’empathie, les émotions et les souvenirs jouent-ils un rôle là-dedans ? La vieille formule de Descartes («  je pense donc je suis ») a-t-elle encore un sens ?

À partir des 230 pages rédigées par Dick, Ridley Scott tire un film devenu culte dans un premier temps, un classique du 7e Art par la suite. Mais considéré aujourd’hui comme un chef-d’œuvre, Blade runner n’en a pas moins connu un nombre inhabituel de versions, « officielles » ou non, depuis sa sortie initiale sur les écrans en 1982. Elles sont sept, en gros, qui se distinguent essentiellement par l’ajout (ou le retrait) d’une voix off, d’une séquence de rêve (la fameuse licorne) et de la fin, « ouverte » ou « happy » selon les cas.

La bande annonce du film en 1982

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Mercredi, c’est la version dite « final cut », bouclée à l’occasion des 25 ans du film, qui revient sur les écrans. Évidemment approuvée par Mister Scott, elle est surtout la seule sur laquelle le réalisateur d’« Alien », « Prometheu » et autres « Gladiato » a eu un contrôle total. Copie nettoyée, séquences refaites : techniquement, elle correspond à ce qu’il voulait. La voix off, avec laquelle le réalisateur avait tenté de reproduire l’effet induit par celle de Martin Sheen dans « Apocalypse no », a été définitivement supprimée. Même chose pour le final dans les montagnes.

Pourquoi une énième version ?

Mais pourquoi diable cette énième version, demande-t-on à l’époque au Britannique ? « Quand j’ai tourné il y a 25 ans, répondait-il, je pensais avoir tout fait correctement. J’avais déjà réalisé «  Alien », une multitude de clips publicitaires et je croyais avoir appliqué à «  Blade runner » tout ce que je savais de Heavy metal (NDLR : le cultissime magazine américain). Mais ça n’a pas touché le public parce qu’il ne savait pas ce que c’était. Au final, pour moi, le film avait été endommagé. » Arrive alors MTV. Et ses émissions de clips… « À force d’en voir, j’ai compris que Blade runner avait influencé pas mal de choses : les tenues, les plans nocturnes ou de pluie, les rues enfumées, tout ce que j’avais mis dans le film… Pour une certaine génération, c’était devenu cool. »

A cela s’ajoute un rien de hasard : en 1992, en Californie, une version de travail de Blade runner est projetée une semaine durant au lieu d’un seul soir, provoquant par conséquent un regain d’intérêt de la part du public et de la presse spécialisée.

« Je savais que j’avais réalisé un film fort intéressant, avançait-il la même année dans les pages du magazine Wired. Mais la plupart des gens n’ont juste pas capté. Ou plutôt, je pense qu’ils ont été trop distraits par leur environnement. Le film évoque notamment les possibilités de la réplication. Aujourd’hui (NDLR : en 2007), c’est un sujet commun, mais pas il y a 25 ans… » En même temps, Blade runner est aussi une sorte de polar bien sombre, un genre déjà bien balisé… « Oui, mais transposé dans l’univers que nous avions conçu, c’était autre chose… »

Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, se demandait Philip K. Dick en 1968 ? Une chose est sûre, dans ce monde où prolifèrent les simulacres : la multiplication des versions de « Blade runne » en a fait un film discuté et décortiqué comme peu d’autres. Alimentant notamment le débat sur le point de savoir si Deckard le chasseur de réplicants n’en serait pas un lui-même…

Dès le 3 juin aux Kinepolis de Bruxelles, Anvers, Gand, Hasselt, Braine-l’Alleud, Courtrai et Louvain.

 

Petit précis de «tech noir»

Temps de lecture: 1 min

Ce monument du ciné, qui devrait illustrer des séminaires dans un Hollywood en panne d’idées, ce chef-d’œuvre, où le héros plutôt anti affronte un moins méchant qu’on ne le croit, représente une source d’inspiration et pas seulement au grand écran. Jeux vidéo, design, architecture, mode: on a pu retrouver du Blade runner un peu partout, ne fût-ce qu’au travers de cette esthétique magnifiée encore par la « restauration » de 2007, le style «tech noir». Soit un mélange de science-fiction et de film… noir. «Vous ne pouvez pas vous empêcher d’y faire référence», concédait ainsi Zack Snyder (Sucker punch, Watchmen) dans le papier du Wired. « C’est une source à laquelle on revient toujours involontairement et qui sera constamment recyclée. » Dans le même magazine, Mamoru Oshii, réalisateur de Ghost in the shell, ne disait pas autre chose: « Quand je l’ai vu au cinéma, le monde que j’avais vaguement imaginé est soudain apparu sous mes yeux. »

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