Grégory: deux arrestations, toujours pas d’assassin

Les « indices de culpabilité » qui pèsent sur Jacqueline et Marcel Jacob, la grand-tante et le grand-oncle du petit Gregory Villemin, dont le corps, pieds et poings liés, avait été retrouvé dans les eaux de la Vologne le 16 octobre 1984, ont été jugés suffisants par le juge d’instruction de Dijon pour les mettre en examen du chef « d’enlèvement de mineur et séquestration suivie de mort ». Le couple, âgé de 72 et 73 ans, avait été placé en garde à vue mercredi au terme d’une relecture de ce dossier vieux de 32 ans effectuée par des analystes criminels de la gendarmerie et de l’exécution de nouvelles expertises graphologiques sur les lettres de menace adressées aux parents de Grégory, avant, au moment du crime et après la commission de celui-ci. Selon le procureur général de Dijon, Jean-Jacques Bosc, une lettre de menaces adressées aux Villemin en 1983, serait « indubitablement » de la main de Jacqueline Jacob et sans doute une deuxième. Pour lui, le « corbeau » est formé « de deux personnes, un homme et une femme » qui ne seraient autres que les Jacob. La propre mère de Jean-Marie Villemin (et sœur de Jacqueline Jacob) est également soupçonnée d’avoir adressé en 1989 une lettre de menaces au juge Simon qui s’apprêtait à rédiger une ordonnance de non-lieu au bénéfice de Christine Villemin, la maman de Grégory, un moment soupçonnée d’avoir tué son enfant et blanchie de ces accusations en 1993. Cette branche des Villemin était en lien étroit avec Bernard Laroche, dénoncé par sa belle-sœur Murielle Bolle – qui se rétracta –, et qui fut abattu par Jean-Marie Villemin en 1985. Selon le procureur général de Dijon, Laroche aurait également participé à l’enlèvement de Grégory. Outre les analyses graphologiques (dont la valeur probante demeure relative devant les tribunaux), le procureur général retient l’inimité qui opposait Jean-Marie Villemin et son oncle, Marcel Jacob. Au cours de l’enquête, il avait dissimulé aux enquêteurs leur antagonisme. Mais, en 1982, a relevé le procureur, « lors d’une dispute, Marcel Jacob a dit à Jean-Marie Villemin “Je ne serre pas la main d’un Chef”, terme que l’on retrouve dans un certain nombre de lettres (de menaces, NDLR) ». Ce terme de chef se rapporterait à l’élévation de Jean-Marie Villemin au rang de contremaître, ce qu’une branche de la famille aurait jalousé. Jacqueline Jacob, a aussi relevé l’enquête rouverte, s’était un moment séparée de Marcel chez qui elle était finalement rentrée « parce qu’il me tenait », aurait-elle dit à un témoin. Ces indices, déjà connus depuis des années, s’ajoutent à d’autres couverts pour l’heure par le secret de l’instruction, comme l’a précisé le procureur général. Le scénario du crime Le scénario que retiendraient les gendarmes, selon Le Figaro, voudrait que Grégory fût enlevé par Bernard Laroche avec la complicité de sa belle-sœur (qui sera réinterrogée) Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans. Il aurait remis l’enfant à Marcel Jacob qui l’aurait tué pour assouvir sa soif de vengeance. Le couple Jacob nie toute implication dans le crime. Les enquêteurs ont retrouvé à son domicile, lors d’une perquisition, une « lettre testamentaire » assurant à ses enfants qu’il « n’avait rien à voir avec le meurtre de Grégory ». Les avocats du couple ont critiqué la mise en examen de leurs clients, rappelant que les expertises graphologiques avaient désigné en 32 ans d’enquête « Bernard Laroche, Roger Jacquel et Christine Villemin » : « On prend aujourd’hui une seule expertise qui parle de vraisemblance, donc incertaine, pour dire que Mme Jacob aurait écrit un courrier en 1983, soit un an avant les faits. » Les rebondissements dans l’affaire Grégory ont été nombreux et ont le plus souvent conduit à des impasses. Les arrestations de Marcel et Jacqueline Jacob, si elles ne reposent que sur des analyses graphologiques et la logique d’un scénario, ne sont pas encore soutenues par des preuves. Le procureur général l’a reconnu : « Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire qui a tué Grégory, mais il y a matière à s’interroger sur la participation des deux suspects. »

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