5 favoris à 10 jours du Tour

Christian Prudhomme a renversé le sablier du Tour, les petits grains d’impatience vont s’égrener jusqu’au samedi 1er juillet. L’effervescence va aller crescendo dans les rues de Düsseldorf, à mesure que les stars du peloton mondial vont rallier la cité rhénane, dans quelques jours, dans la foulée pour la plupart des championnats nationaux. Chris Froome, Nairo Quintana, Richie Porte, Romain Bardet voire Fabio Aru sont le plus souvent cités parmi les favoris d’une 104e édition qui, une fois n’est pas coutume, empruntera les cinq massifs montagneux de l’Hexagone. Comment ces champions ont-ils préparé LE moment fort de la saison ? Décryptage. Christopher Froome, sans victoire mais pas en retard Pour la première fois depuis 2012 (année de sa révélation au plus haut niveau, dans le sillage très proche de Bradley Wiggins), le Britannique aborde le Tour sans avoir respiré, au préalable, la fragrance réconfortante de la victoire. Est-il pour autant plus fragile que par le passé ? Voire. Le test qu’il s’est imposé au Dauphiné (4e) a certes été moins probant qu’en d’autres temps (il avait jusqu’ici chaque fois réussi le doublé Dauphiné-Tour) mais lui a permis d’étalonner le travail qui restait à accomplir pour retrouver le sommet de son art. Froome, qui a empilé les reconnaissances des grands cols du Tour ces derniers jours (Vars, Izoard, Sestrières…), sera ponctuel au rendez-vous que lui fixe l’histoire. Il peut devenir le seul quadruple lauréat du Tour. Richie Porte, fragilisé par l’issue rageante du Dauphiné Ce doit être son année ! Le Tasmanien a unifié son équipe BMC dès le Tour Down Under, il a confirmé qu’il avait la jambe légère et les épaules larges en remportant l’étape la plus difficile de Paris-Nice et surtout, le Tour de Romandie. Difficile de ne pas voir en cette approche sérieuse et pointue la meilleure préparation possible, sauf à penser que le petit Australien a subi un contretemps fâcheux sur les routes du Dauphiné. Trop peu soutenu par une équipe BMC à la fermeté vacillante, Porte a laissé filer la victoire finale pour une dizaine de secondes. Le doute s’est-il insinué dans son esprit de principal rival de Froome ? Nairo Quintana, plus de peps en montagne qu’au Giro ? Son masque cuivré est impénétrable, il n’a laissé filtrer aucune émotion permettant de savoir si Nairo Quintana était meurtri, ou malgré tout globalement satisfait de sa 2e place au bout d’un Giro dominé par Tom Dumoulin. Le Sud-Américain ne relaiera pas, pas encore, Marco Pantani dans les palmarès (dernier doublé en 1998) mais sa priorité absolue n’est évidemment pas celle-là. Intrinsèquement, avec un parcours qui ne fera l’économie d’aucun de cinq chaînes montagneuses de France et ne présentera que 37 bornes en contre-la-montre, il se profile comme un vainqueur potentiel, le premier Colombien de l’histoire du Tour. Pour se refaire la cerise après le Tour d’Italie, il a préféré zapper la Route du Sud et s’est entraîné dans les cols du Tour, dont le Galibier (toit de l’épreuve). Romain Bardet, puisque la France n’en peut plus d’attendre La France attend ça depuis 32 ans, et le dernier sacre de Bernard Hinault (1985). Une éternité dans laquelle Romain Bardet peut inscrire son nom. En progression linéaire depuis sa 15e place en 2013, vainqueur d’étapes montagneuses ces deux derniers étés (St-Jean-de-Maurienne en 2015 ; Saint-Gervais-Mont Blanc en 2016) et surtout, 2e du général derrière l’inaccessible Froome, le Brivadois porte en lui les germes de l’exploit mais, en champion intelligent et méticuleux, sait aussi que la différence entre un premier accessit et le succès est énorme. Offensif mais un brin fougueux dans les cols du Dauphiné, il s’est approché des cadors (6e), son équipe AG2R s’est densifiée (Mathias Frank sera précieux) et le profil du Tour 2017 lui plaît (pas trop de chrono). Reste à créer la dynamique du succès. 5 Fabio Aru, la Grande Boucle pour oublier le rendez-vous manqué du Giro Il a pour lui une forme de fraîcheur, mentale et physique, permise par son renoncement au 100e Giro. Et dans ses veines coule une irrépressible envie de revanche, sur ce mauvais sort qui lui a abîmé le genou en avril, sur ce Tour qui ne l’avait pas emballé à leur première rencontre (13e en 2016). Fabio Aru monte en puissance et gravit les cols avec légèreté, en témoignent ses escapades alpestres lors d’un Critérium refermé au 5e rang. Le Sarde n’a certes pas encore gagné cette saison mais son équipe Astana comble largement cette lacune. Comme si elle avait trouvé dans la tragique disparition de son papy Michele Scarponi un supplément d’âme, qui a notamment permis à Jacob Fuglsang de remporter le Dauphiné. Le Danois sera d’ailleurs le principal relais de Fabio Aru dans les lacets des grands cols, dont cet Izoard que le Sarde a arpenté sous le soleil du mois de juin. Pour prendre les marques de l’exploit.

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