Kittel: «Le maillot jaune, je n’y pense pas»

Et au culot. L’Allemand de l’équipe belge, soit les deux nationalités de la levée du jour, pointe désormais à dix succès. Et semble parti pour une nouvelle série. Marcel, vous voilà à dix succès sur la Grande Boucle après votre victoire liégeoise. Une victoire d’une saveur toute spécifique, particulièrement dans la manière tant vous avez bondi très tard dans ce sprint… Oui, disons que ce n’était pas évident. J’ai vraiment sauté de roue en roue, j’ai attendu un peu dans celle de Colbrelli avant de tout lâcher. Je suis vraiment sorti au bon moment. Avec le vent de face, c’est ce qu’il y avait de mieux à faire et ça a plutôt pas trop mal fonctionné. Comment expliquez-vous qu’aucun train n’ait vraiment réussi à prendre la main sur le final de cette deuxième étape ? Je pense que, comme les autres équipes, nous avions un plan mais il n’a absolument pas fonctionné. Chez nous comme dans les autres teams. Je l’ai donc joué avec la tête. J’ai eu de la chance que ça parte assez tard. Après, cette situation d’un sprint qu’aucune équipe n’arrive à cadenasser risque de se reproduire sur ce Tour. Tout simplement parce qu’il y a énormément de sprinters et que toutes les équipes essayent d’imposer leur train. Et personne n’y arrive, donc… Vous voilà avec le maillot vert. Un maillot que vous n’avez jamais rapporté à Paris. Devient-il de facto un objectif ? Je vais me battre pour ce maillot, évidemment. D’ailleurs, j’ai disputé le sprint intermédiaire et je vais continuer à le faire. Mais bon, je pense que je ne dois pas me faire trop d’illusions sur le sujet. A la fin, c’est toujours Peter Sagan qui gagne. Même quand j’ai gagné quatre étapes, en 2013 et 2014, je n’ai jamais eu la moindre chance de finir en vert. Honnêtement, la seule façon de l’avoir à Paris, c’est que Sagan soit malade et qu’il abandonne. Du coup, le règlement de ce maillot du classement par points ne devrait-il pas changer ? Moi, j’évoque juste les faits. Que ce soit Cavendish l’année dernière, Greipel il y a deux ans ou moi les années précédentes, nous avons dominé les sprints dès les premières étapes. Mais n’avons eu aucune chance de finir en vert. Pour qu’un pur sprinter le gagne, il faudrait changer quelque chose. Mais, au final, ce maillot, c’est celui des organisateurs, qui décident qui ils veulent voir dedans. Ce n’est que mon avis… Comme vous l’expliquez, ces dernières années, celui qui a gagné la première étape dévolue aux sprinters est parti pour une longue série… Je suis clairement en grande forme, je l’avais dit avant le Tour. En outre, dans une formation Quick Step dévouée et très forte. Donc, clairement, l’objectif n’est pas de rester à une victoire. Je pense qu’en étant un peu mieux lancé, il y a moyen d’aller très loin… A commencer par la troisième étape et son arrivée à Longwy ? En outre, avec les bonifications, vous voilà à six petites secondes du maillot jaune. Je pense que ce sera compliqué. Le final me semble fort similaire à la deuxième étape l’année dernière (NDLR : arrivée à Cherbourg-en-Cotentin, victoire de Sagan). Donc le jaune, ce serait forcément bien mais je n’y pense pas. Et, surtout, nous avons d’autres atouts dans l’équipe pour ce genre d’arrivée. A commencer par Philippe Gilbert. Pour un coureur allemand, gagner une étape qui s’élance d’Allemagne doit vous imposer un sentiment d’une intensité toute particulière… J’en ai des frissons. Je mentirais en affirmant que je n’avais pas de pression, qu’il n’y avait pas d’attentes sur moi concernant cette étape. La gagner, c’était un énorme objectif. D’où l’émotion et les quelques larmes qui ont coulé une fois la ligne coupée. Rouler en Allemagne, ça a été un truc énorme. Honnêtement, je m’y attendais un peu. Je savais qu’il allait y avoir du monde sur le bord des routes malgré tout ce qu’il s’est passé avant… Il y a un temps pas si lointain où les rares personnes qui se déplaçaient pour une course cycliste brandissaient des seringues, des pancartes signées EPO ou ce genre de choses à la vue du peloton. Ce n’est plus le cas. Désormais, les gens comprennent ce sport, sont conscients des moments douloureux qu’il a traversés, de ce problème d’image qu’il aura toujours, du dopage qui le malmène. L’Allemagne aime à nouveau le vélo.

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