D’une essence à l’autre
Le 20 juin à Paris, Christie’s a réalisé un chiffre d’affaires de 7,2 millions d’euros dans sa vente intitulée « Art d’Asie »


Un tout petit peu plus d’un demi-million d’euros, c’est une somme que bien des collectionneurs de meubles anciens, même passablement fortunés, hésiteraient à mettre sur la table pour une « simple » paire de chaises en bois (lot 51). C’est pourtant le prix assez incroyable auquel deux pièces chinoises datant de la fin de la dynastie Qing, c’est-à-dire entre le XVIIIe et le XIXe siècle, viennent d’être adjugées dans la succursale parisienne de Christie’s.
Outre un dossier ajouré et centré d’un large bandeau galbé surmonté d’une traverse à ressaut central, celles-ci se distinguaient notamment par la présence d’une ceinture ornée aux angles d’espèces de sceptres stylisés portant le nom de ruyi, un très ancien symbole de souveraineté. Mises en avant par la maison de ventes aux enchères pour leur rareté, l’on en attendait entre 100.000 et 150.000 euros. Et ce sont finalement à 506.500 euros que le marteau est tombé. Un prix qui s’expliquerait en partie par le caractère très précieux du bois ayant été utilisé pour leur fabrication.
Le bois de toutes les convoitises
Provenant d’une collection privée européenne, après avoir été acquises auprès d’un célèbre marchand new-yorkais en 1980, ces deux chaises mesurant quelque 108 cm de haut étaient effectivement présentées par Christie’s comme ayant été réalisées en huanghuali, une essence extrêmement prisée sur le marché du mobilier asiatique.
Autrefois réservée aux membres de la famille impériale et aux hauts dignitaires, cette variété de bois de rose aussi dur que doux au toucher est apparemment l’objet de toutes les convoitises en Chine depuis quelques années. Et pour une raison assez simple : en raison de la surexploitation, cette essence a quasiment disparu, ce qui crée une forte pression sur les objets anciens !
Précisons tout de même que dans la vacation du 20 juin 2017, plusieurs autres pièces en huanghuali datant de la dynastie Qing ont été vendues, mais pour des montants nettement moins importants. C’est le cas d’un élégant coffre à deux tiroirs en façade (lot 50) qui s’est négocié ce jour-là pour 74.500 dollars, soit à peine quelques milliers d’euros de moins que ce qui avait été prévu par les experts de Christie’s (60.000-80.000 euros). Même constat pour un cabinet et coffre de forme légèrement évasée et qui, apparemment, possédait des dimensions plus faibles qu’à la normale.
Zitan et nanmu
Toutefois, ce n’est pas une pièce de mobilier en huanghuali qui a réalisé le meilleur résultat de la vente « Art d’Asie » préparée par Christie’s. Renseignés comme ayant été acquis en Chine avant 1946 par un collectionneur privé français, douze panneaux combinant deux autres essences caractéristiques et formant un grand paravent ont littéralement fait explosé leur fourchette d’estimation (12.000-18.000 euros) en changeant de mains contre 602.500 euros (lot 42) !
Chacune de ces créations datant du XIXe siècle (dynastie Qing) était en fait composée d’un cadre en bois de santal pourpre (zitan), reconnaissable à la couleur presque noire que le passage du temps lui donne, dans lequel venait prendre place un panneau en bois de nanmu, de teinte plus claire et sculpté de fleurs diverses (lotus, chrysanthèmes, bambous, pins, etc.).
Il y a pratiquement cinq ans, une performance assez semblable avait été réalisée par Christie’s à New York avec un paravent composé de huit panneaux qui, dans leur partie basse, comprenaient des représentations de différents animaux, comme une girafe ou des félins ; estimé entre 10.000 et 15.000 dollars, celui-ci fut vendu 458.500 dollars.
Parmi les autres belles adjudications réalisées la semaine dernière à Paris, l’on s’arrêtera encore sur cette sellette datant de l’époque Kangxi (1662-1722) et comportant un plateau circulaire à décor incisé de grues et de fleurs de lotus (lot 106). Réalisée en laque rouge, verte et ocre, cette dernière a également largement dépassé sa fourchette d’estimation (15.000-25.000 euros) en trouvant acquéreur pour 206.500 euros.
Tous les prix mentionnés ci-dessus s’entendent frais inclus.
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