Rudi Vervoort: «Nous ne supprimons aucun subside»

Rudi Vervoort (PS), ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale, est attendu ce jeudi après-midi au Parlement, pour son discours de rentrée. Comment le gouvernement a-t-il trouvé 400 millions d’euros ? Nous n’avons pas reçu de tableau. Ces tableaux existent, ils doivent être validés, retranscrits, approuvés par le gouvernement jeudi matin avant la déclaration de politique générale. Pour trouver les 400 millions, nous avons passé au crible, ligne par ligne, toutes les dépenses, ce qui a permis de réduire l’effort. Nous avons aussi reporté certaines dépenses. Le Bruxellois ne le sentira pas : nous ne supprimons aucune politique, nous ne réduisons pas les subsides. La Stib réclamait environ 6,9 milliards alors qu’au début de la législature, le montant était de 4,7 milliards. Le plan pluriannuel d’investissement était devenu quasiment un catalogue des 3 Suisses. Le gouvernement a finalement tranché : 5,2 milliards seront investis en dix ans. Dans le chemin que nous avons prévu avec notre réforme fiscale, nous savons que les grandes dépenses qui vont s’opérer en mobilité se feront au moment où on aura une montée en puissance de la réforme fiscale. Pour nous, c’est un outil de redistribution et de réorientation de politiques. On n’est pas dans l’optique de supprimer des choses. Parlons-en. L’opposition MR qualifie la réforme de « libérale ». Le PS bruxellois est-il à la tête d’un projet libéral ? Franchement, c’est une réforme bruxelloise ! Je peux m’approprier les tenants et les aboutissants de cette réforme de A à Z. Elle prend en compte nos priorités bruxelloises. Quant au mot libéral… On a évoqué pendant les négociations la réforme fédérale, qui est une réforme de droite, ce n’est pas la même chose. Bruxelles produit de la classe moyenne mais ne parvient pas à la garder. Une des raisons, c’est l’immobilier. À nous de faire en sorte que ces personnes trouvent leur place chez nous ! Le choix qu’on a fait sur l’abattement des droits d’enregistrement (exonération jusqu’à 175.000 euros, NDLR) va dans ce sens. C’est un choix clair. Les 22.000 euros de gain, c’est un avantage direct au moment où on décide d’acheter. Dans ma commune, avec 175.000 euros, on achète déjà beaucoup de biens. C’est un incitant direct. Les gens ne se disent pas, au moment d’acheter, « je vais pouvoir déduire autant ». Ils ne raisonnent pas comme ça. C’est le même choix qu’on a fait pour les titres-services. Le tarif de 10 euros est une barrière psychologique. On garantit donc les 9 euros jusqu’en 2020 mais on diminue la déductibilité. Je ne pense pas que ça amènera un retour au travail au noir, parce que le système est sûr juridiquement. Mais le consommateur va quand même, in fine, perdre 210 euros… Oui, mais pas au moment où la dépense est effectuée. C’est ça la différence. Pourquoi une prime de 120 euros pour compenser la hausse du précompte immobilier ? Il y a des pensionnés qui ne paient pas la taxe de 89 euros que l’on supprime et qui ne seront pas concernés pas la baisse de l’IPP, mais qui auraient vu, selon le plan initial, leur précompte immobilier augmenter. Ça, ça ne va pas. On a donc imaginé cette prime. Et, au final, on a décidé d’étendre la prime à tous les Bruxellois. La réforme est bruxello-friendly et très enthousiasmante. Selon le MR, la suppression du bonus logement va créer de la concurrence déloyale entre les fonctionnaires internationaux et les Bruxellois, parce que le bonus profitait aux personnes qui paient leurs impôts en Belgique, pas aux autres. Au contraire de l’abattement. Ils souhaiteraient donc que les fonctionnaires européens ne bénéficient pas de cette mesure-là ? Je constate que les fonctionnaires paient au moins leur précompte immobilier. Qu’ils deviennent propriétaires, ce sera déjà ça. Et puis, le nombre de fonctionnaires qui restent à Bruxelles même quand leur mandat est fini est en augmentation. Ça prouve le caractère attractif de Bruxelles. On ne va pas aller mener un combat contre les fonctionnaires ! Ce n’est pas très libéral, ça ! Maintenir le bonus logement, ça n’avait plus de sens ? L’avantage sur l’abattement, c’est pour tout le monde. Le bonus logement, ça se décidait en fonction du revenu. Si on veut garder un bonus logement pour les plus faibles, comme le préconise le MR, où est-ce que ça s’arrête ? Et cette formule est injuste parce qu’elle privilégie les couples ; vivre seul ne peut être pénalisé. On est allé vers un système juste. C’est la même logique que pour le premier abonnement Stib, qui passe à 50 euros pour le premier enfant. Le choix d’avoir un ou plusieurs enfants ou de ne pas en avoir ne doit pas être pénalisant. N’y a-t-il pas un risque d’augmentation des loyers avec la hausse du précompte ? Je sens qu’on cherche aujourd’hui à trouver quelque chose qui ne va pas dans la réforme. Sur les loyers, les professionnels du secteur disent que ça n’aura pas d’impact. Dix communes ont augmenté le précompte, je n’ai pas le sentiment que ça a créé un tsunami au niveau des loyers. Je n’y crois donc pas du tout ; en outre, il y a des mécanismes légaux, comme la loi sur les baux. A notre avis, cela n’aura aucun impact. Les entreprises, qu’est-ce qu’elles tirent de tout ça ? Il y aura une suppression de la part du précompte que les entreprises paient pour le matériel et l’outillage. C’était une demande du secteur. Nous avons moins de leviers pour les entreprises, cela reste très fédéral. L’abandon du tram 71, un échec ? C’est une question vache. J’ai défendu la tramification du 71 dans l’accord de gouvernement, j’ose le dire. Après, je ne mourrai pas pour le tram 71. J’attends la proposition de remplacement du ministre de la Mobilité Pascal Smet. Il est question d’un bus à haute intensité. Et le stade national ? Il arrive. Encore quelques jours de travail. Trois députés wallons plaident pour la régionalisation de l’enseignement. Vous les suivez ? Je suis profondément régionaliste. Le fait régional est une réalité à Bruxelles, un sondage vient encore de montrer qu’il croît de manière importante. Bruxelles est devenue une métropole cosmopolite, un melting-pot improbable et incroyable. Cela fait germer une série de choses, et, surtout, cela fait qu’on ne se reconnaît pas nécessairement dans ce qui se fait au Nord ou au Sud du pays. Cette donnée modifie profondément notre rapport aux institutions. Vive la Région, donc ? Il faut travailler avec les autres Régions, avec les Communautés. Notre marque de fabrique, à Bruxelles, c’est de créer les conditions pour que tous ces acteurs travaillent ensemble. Après il y a la tuyauterie institutionnelle… Et là… Première chose : ne servons pas la soupe à la N-VA. Si on veut réfléchir à la Fédération Wallonie-Bruxelles, et moi j’y suis prêt, faisons-le dans le cadre institutionnel actuel. Sans réviser la Constitution ? Oui ! Sinon, on ouvre la boîte de Pandore. Mais, oui, il faut réinventer la Fédération, en créant une dynamique qui émane des Régions. La Fédération Wallonie-Bruxelles porte bien son nom : une Fédération, ce sont deux entités qui décident d’un projet commun. Les Régions wallonne et bruxelloise doivent dire ce qu’elles veulent encore faire ensemble ? Oui, je suis prêt à ça ! Moi, je ne demande pas la suppression de la Fédération mais un meilleur fonctionnement. Et, à Bruxelles, il faut qu’on puisse aussi travailler avec la Communauté flamande. Proportionnellement à ce qu’elle représente en termes numériques à Bruxelles, la Flandre est bien plus présente que la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et moi, je n’ai pas de problème à ce que l’enseignement reste à la Fédération : les diplômes, les programmes doivent y rester. De toute façon, la Flandre ne régionalisera jamais l’enseignement. Par contre il est indispensable de donner davantage de marge aux Régions, par exemple via les bassins scolaires. Et, en matière culturelle, il faut donner davantage d’autonomie aux Régions.

Votre compte

Rudi Vervoort: «Nous ne supprimons aucun subside»

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Politique

Réforme fiscale: taxer les loyers à 30%, supprimer les chèques-repas... les suggestions des experts au gouvernement

Analyse Réforme fiscale: le ministre des Finances s’inspirera des propositions des experts, Bouchez est furieux

Pouvoir d’achat: pas de nouvelle mesure de soutien avant l’automne

Marre de l’index, la FEB sur les nerfs

Entretien Marc Bourgeois, un expert en fiscalité: «Il faut sortir de la médiocrité du débat fiscal en Belgique»

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Royaume-Uni: une délégation de ministres va demander à Boris Johnson de démissionner

Une quatrième dose à l’automne: pour qui et dans quel ordre?

Taxer la consommation de viande, une des propositions des experts pour verdir la fiscalité

Brabant wallon: l’homme recherché est un policier, son arme introuvable

Analyse Tour de France: Tadej Pogacar, seul rescapé de la mine d’Arenberg

Au bout du suspense, Rafael Nadal se qualifie pour les demi-finales de Wimbledon

De plus en plus de Belges prennent leur pension anticipée

Le présentéisme structurel est en hausse

De plus en plus de travailleurs belges cumulent deux jobs

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel