Ferrari a 70 ans: l’histoire d’amour d’une belle Italienne et de son couturier

Bien plus qu’un constructeur automobile de luxe, Ferrari est une référence pour les amateurs de sports moteurs et de belle mécanique, aussi bien techniquement qu’esthétiquement. La marque au cheval cabré a commencé d’écrire sa légende à la fin des années 20, quand l’écurie roulait pour Alfa Romeo. Il faudra attendre 1947 pour voir apparaître la première Ferrari de l’histoire, la Ferrari 125 S, une automobile de compétition propulsée par un moteur V12 de 1,5 litre. Pilotée par Franco Cortese, le bolide enchaîne les victoires sur les circuits. Très vite, d’autres sportives voient le jour – les 159 S et les 166 S, Corsa, MM et Sport. La 166 MM Barchetta marque un tournant dans l’histoire de la marque : c’est la première Ferrari de route. [scald=4324496:sdl_editor_representation] Dès la naissance de la marque, Enzo Ferrari porte une attention particulière au moteur de ses voitures et laisse l’habillage à des carrossiers de renom (Vignale, Ghia ou encore Touring). Mais clairement, la magie n’a véritablement opéré que quand Pininfarina a insufflé son style aux Ferrari dès 1952 avec le projet de la Ferrari 212 Inter vendue à 80 exemplaires. C’est le début d’une relation intime entre Enzo Ferrari et les Pininfarina père et fils. Un coup de foudre mutuel : « L’un recherchait une femme belle et célèbre qu’il voulait modeler ; l’autre s’efforçait de trouver un designer à même de lui offrir des vêtements sur mesure », résumait Gian-Battista Pininfarina, fondateur de cette prestigieuse carrosserie turinoise dont le nom reste à jamais indissociable de l’histoire de l’automobile transalpine en général et de Ferrari en particulier. [scald=4324492:sdl_editor_representation] Encore aujourd’hui, le style Pininfarina se définit par une recherche d’innovation technique et stylistique « Nous voulons jouer sur l’effet de surprise, expose Paolo Pininfarina, petit-fils de Gian-Battista et fils de Sergio Pininfarina, qui créa plus d’une centaine de Ferrari et donna à l’entreprise familiale la dimension et la renommée que nous connaissons. Par exemple, nous avons exploré “la bouche” des voitures, cette prise d’air inférieure typique de la face des Ferrari. Rectangulaire, trapézoïdale, plus plate, plus large ou encore multiple, comme la 360 Modena qui a inauguré la double bouche. Récemment, la California et son toit rigide escamotable a créé la surprise. Tout comme la FF, par ses 4 roues motrices et son hayon. Je peux encore citer la Dino, qui a été la première voiture de sport “civile” à moteur central. » C’est Sergio Pinifarina qui a convaincu Enzo Ferrari d’adopter cette architecture : « Mon père a persuadé Enzo que si cette architecture donnait des résultats extraordinaires en compétition, il n’y avait pas de raison que ça soit différent sur route et qu’esthétiquement, cela pouvait donner des voitures absolument sublimes. » « C’est peut-être prétentieux de le dire comme cela, mais le style Pininfarina, c’est aussi une certaine élégance d’un design qui cherche à respecter l’harmonie des formes, des surfaces, des lignes. Je pense que c’est cette combinaison d’innovation et de poursuite de l’harmonie qui donne naissance à des voitures classiques, qui traversent bien le temps », résume humblement Paolo Pinifarina. Quand on lui fait remarquer qu’il émane une certaine féminité des voitures Pininfarina, l’héritier acquiesce : « Il y a de cela dans notre style. Une forme de musculature élégante et sensuelle poussée à son paroxysme mais sans jamais un élément de design de trop, pour ne pas franchir la barrière de la vulgarité. » [scald=4324493:sdl_editor_representation] Et s’il fallait comparer le style Pininfarina à celui d’autres grandes maisons de design italiennes ? « Les deux exemples qui me viennent en tête sont Zagato et Bertone. Chez Zagato, on retrouve ce sens de la musculature, mais de façon plus athlétique, presque bodybuildée. En ce qui concerne Bertone et son âge d’or, dans les années 70, le style était plutôt pointu, angulaire. Un design “coup de poing” presque expérimental. Ça a donné des choses remarquables, comme la Lancia Stratos, et on a vu que ce style collait parfaitement à l’âme Lamborghini. Mais chez Ferrari, ça ne marchait pas. Il y a eu une tentative (la 308 GT4, NDLR) mais la voiture n’a pas été un grand succès. Et l’inverse est vrai aussi. Quand Pininfarina a tenté de s’aventurer en « terrain Bertone », ça n’a pas plus fonctionné. » Ferrari et Pininfarina, c’est donc un mariage qui a largement passé les noces de diamant. Et bien que la collaboration soit actuellement un peu moins intense que par le passé et que quelques Ferrari naissent parfois sans recevoir « la griffe » Pininfarina, les liens sont toujours très étroits. Nul doute que la Ferrari qui célèbrera les noces de platines sera à nouveau d’une beauté absolue !

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