Un jeune francophone sur six est en surpoids
L’augmentation du poids des enfants est alarmante, selon une étude consultée par « Le Soir ». Plus de 6% sont déjà obèses. Des spécialistes réclament de pouvoir utiliser la chirurgie.

Les chiffres sonnent le tocsin: 17,4% des jeunes de 10 à 20 ans présentent déjà une surcharge pondérale en Communauté française et 6,1% sont déjà en obésité. La dernière étude HBSC réalisée par l’Ecole de santé publique de l’ULB montre que dans le secondaire, cette tendance s’aggrave rapidement: on passe de 11,9 à 16,9% de 1994 à 2014, des chiffres qui confirment la «pandémie d’obésité» observée dans le monde entier. Paradoxalement, les enfants du primaire sont davantage préservés (de 11,4% à 12,8% dans le même délai). Parce qu’ils sont mieux encadrés lors des repas et davantage dépendant de la nourriture fournie par les parents et l’école? C’est probable.
Vers une opération chirurgicale
Face à ce constat, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme: il faut à la fois traiter certains ados comme des adultes, et leur permettre une opération chirurgicale qui leur permettre de perdre 50 kilos et plus, de retrouver une mobilité minimale. Le professeur Guy-Bernard Cadière, chef du service de chirurgie digestive à l’hôpital universitaire St-Pierre à Bruxelles, témoigne de sa «souffrance» de devoir refuser cette aide parce que la loi actuelle l’interdit. Une loi prise dans l’intention de protéger les plus jeunes contre les risques liés à l’opération, mais qui, aujourd’hui, paradoxalement, les priverait d’une opération de la «dernière chance». «Je n’ai pas fait chirurgie pour ouvrir mon parapluie. Les autorités ont raison d’être prudentes, mais elles doivent voir que le monde a changé et que l’épidémie morbide chez les enfants s’amplifie», estime l’expert.
Mais, en même temps, le spécialiste tonne contre l’industrie alimentaire qui organise le «chaos alimentaire», dont l’une des recettes du chaos alimentaire est précisément de disposer, toujours et tout le temps, d’accès à la nourriture… Une nourriture prévue volontairement pour retarder le sentiment de satiété. Objectif: vendre toujours plus de produits et maximiser les profits. «L’obésité, c’est un business aujourd’hui, l’industrie fait des profits en fabriquant des obèses, et elle ne trouve personne devant elle pour l’arrêter. Les zones de plaisir du cerveau sont activées par le sucre, la graisse et d’autres addictifs que l’industrie ajoute volontairement pour que vous en mangiez davantage, que vous consommiez et dépensiez davantage». Le spécialiste estime donc que sans modifier l’offre alimentaire, on n’évitera pas le tsunami qui se lève.
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