La forêt wallonne est en sursis

Et de deux ! Pour la deuxième année consécutive, le Département de la Nature et des Forêts (DNF) écope d’un audit défavorable. Ce mauvais bulletin concerne le label PEFC, une certification mondiale qui atteste que les forêts sont gérées de manière durable. En Wallonie, la quasi-totalité des forêts publiques (98 %) sont certifiées PEFC. Cette certification offre notamment une plus-value financière au bois extrait de ces forêts. Ce label est donc important pour les communes. Mais les forêts wallonnes pourraient bien perdre ce précieux label. En 2016, Ecocert, qui réalise l’audit, avait pointé la non-conformité des forêts wallonnes. En cause ? L’absence de plans d’aménagement – un critère nécessaire à l’obtention du label – pour les forêts visitées. C’est le DNF qui réalise ces plans. C’est donc le rôle de gestionnaire du DNF qui était visé. « Le rapport mettait en cause la capacité du DNF à formaliser la gestion des forêts publiques parce qu’il n’était pas capable de formuler des plans d’aménagements tels que le prévoit le code forestier de 2008 et qui sont nécessaires selon la charte PEFC. Nous avons répondu à cela via un plan de personnel », déclare le ministre de la Nature, René Collin. Des aménagistes supplémentaires ont en effet été engagés. Cette mesure a été validée par le certificateur. L’audit de 2017 « note que nous avons répondu aux remarques », poursuit le ministre. La non-conformité de 2016 est donc levée. Mais nouveau coup dur : cette fois, le DNF est pointé du doigt pour son rôle de certificateur. L’auditeur lui reproche d’avoir certifié des forêts pour lesquelles il n’existe pas de plans d’aménagement. Par ailleurs, en creusant, l’auditeur a aussi découvert que sur les 273 propriétés labellisées en Wallonie, seules 72 avaient un plan d’aménagement complet. Pour les autres, celui-ci est lacunaire ou inexistant. 73 % des propriétés ne répondent donc pas aux critères. « Nous sommes sûrs que les forêts sont bien gérées mais il manque les documents qui le prouvent », affirme Jean-Pierre Scohy, inspecteur général au DNF. L’administration doit prouver ses bonnes intentions à Ecocert. Une première profession de bonne foi pour le 3 août au plus tard. Lors de celle-ci, le DNF doit expliquer les mesures qu’il compte mettre en œuvre pour remédier à cette non-conformité. La seconde doit se faire pour le mois de décembre. Il s’agit là de prouver la mise en place de ces actions (préventives ou correctives). En attendant, le DNF perd sa capacité de certifier pour six mois mais les propriétaires peuvent continuer à vendre leur bois pendant cette période. S’il ne répond pas de manière satisfaisante aux demandes de l’auditeur, le DNF pourrait soit perdre son statut de certificateur, soit devoir priver du label les forêts non conformes. « On va répondre au certificateur et mettre les moyens. Mais cela va prendre du temps », déclare Jean-Pierre Scohy. Pas une question de moyens Pour Thomas Davreux, secrétaire général de PEFC Belgique cité par l’Avenir, il est quasi « impossible » de « résoudre le problème » dans ces délais « vu le manque de moyens du DNF ». Lionel Delvaux d’Inter-Environnement Wallonie estime que les moyens actuels ne permettent pas de répondre aux nouveaux standards qui seront mis en place dès 2019. Le problème va donc à nouveau se poser dans deux ans. Mais pour le ministre, ce n’est plus une question de moyens puisque ce problème a déjà été résolu. Par contre, le ministre Collin note que « comme pour le rapport de 2016, l’administration a caché ses lacunes. Et j’ai dû prendre des mesures dans l’urgence ». Des lacunes dont il a « hérité ». Et de poursuivre : « Il va falloir prendre de la hauteur et redistribuer le travail pour protéger toute la filière. Le label PEFC est essentiel pour la filière bois wallonne. Cette filière représente 18.800 emplois directs et indirects en Wallonie et un chiffre d’affaires global de 4,5 milliards ».

Votre compte

La forêt wallonne est en sursis

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Société

Entretien Diane Bernard de Fem & Law : «A la moindre crise, les droits des femmes peuvent être remis en question»

Récit de vie: la mémoire familiale se réinvente

Jeunes et climat: une enquête au-delà de la militance

Un cheval fait 3 blessés lors de la fête de la crevette d’Oostduinkerke

Les vaccins adaptés à omicron affichent une bonne efficacité

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le G7 à Poutine: bons baisers des Alpes bavaroises

Guerre en Ukraine: explosions à Kiev, combats dans l’est… la situation sur le terrain au 123e jour

Droit à l’avortement: «Il ne faut pas paniquer mais on pourrait en profiter pour renforcer les droits des femmes»

«Elvis» rejoint «Top Gun: Maverick» en tête du box-office nord-américain

Week-end réussi pour Couleur Café, avec 67.000 festivaliers

Coronavirus: l’évasion immunitaire, le principal atout du variant BA.5

Dépliants toutes boîtes : un vrai service à la clientèle

Le contrôle technique d’Eupen se modernise et veut augmenter ses effectifs

Près d'un Belge sur deux veut travailler dans une PME

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel