Sardou et Renaud aux Francofolies de Spa, ça a donné quoi?

Cela fait quelques années maintenant que les Francofolies de Spa n’ont plus le vent en poupe leur permettant d’annoncer des sold-out à tire-larigot place de l’Hôtel de Ville. Pas plus que Kendji Girac et Polnareff l’an dernier, Sardou, Renaud et Loïc Nottet n’ont rempli leur mission première : faire le plein. Même si on n’en est pas loin. Les organisateurs ardennais peuvent malgré tout pavoiser en annonçant pour les trois artistes foulant cette année la scène Pierre Rapsat une exclusivité estivale belge. Mieux même : Michel Sardou ne s’est jamais produit aux Francos et c’est donc de justesse – puisqu’il annonce ses adieux sous forme de tournée intitulée « La Dernière Danse » – que le festival peut ajouter le nom du chanteur à son palmarès. Sardou, 70 ans, face à Renaud, 65 ans : deux monstres de la chanson française, deux patrimoines exceptionnels mais deux conceptions opposées de la chanson populaire. Sardou a encore du coffre, Renaud n’a plus de voix. Sardou représente la tradition : grand orchestre d’une trentaine de musiciens, smoking de rigueur et sobriété dans l’interprétation. Renaud, malgré tout et surtout avec ce râle qui remplace, souvent sans la justesse de rigueur, une voix qui s’est fait depuis longtemps la malle, a pour lui un band de malade qui n’est pas de trop pour couvrir les manquements du chanteur à la Chetron Sauvage. Et là, plus encore que pour Sardou, le public joue un rôle essentiel : celui de Renaud chante tout à sa place quasiment, le soutient physiquement et moralement, attristé de constater que Renaud n’est plus que l’ombre de ses superbes chansons. Son public le sait et l’aide tout au long du concert. Sardou, malgré son âge et son embonpoint, n’a pas besoin de cela. La voix est toujours là pour défendre ses célèbres chansons. Il y a quelques beaux moments (« Je vais t’aimer », « Je vole », ainsi que l’éternel sketch humoristique avec sa mère Jackie, mais dommage que les arrangements flirtent trop avec la grandiloquence et la pompe d’un autre temps. Il y a, comme chez Renaud, un côté guerrier mais sans aucune modernité du côté du septuagénaire. Les chansons de Sardou font partie du patrimoine populaire français mais elles sont datées années 60 et 70 car cela fait longtemps maintenant que l’artiste n’a plus rien livré de passionnant. Au contraire de Renaud qui, malgré tout, continue de nous offrir des textes et des mélodies qui touchent. La nouvelle scène insuffisamment présente Ceci dit, Loïc Nottet, samedi, ne sera pas de trop pour faire baisser la moyenne d’âge artistique, place de l’Hôtel de Ville. A l’image d’un Village francofou qui, de notre goût, ne représente pas suffisamment la nouvelle scène de la chanson française. Où sont les Fishbach, Juniore, La Femme, Feu ! Chatterton, Juliette Armanet, Paradis, etc. ? Heureusement que Tim Dup était là pour défendre le renouvellement. Même si le jeune chanteur parisien, seul derrière son clavier, n’a pas toujours été récompensé par une partie importante du public qui, une fois de plus, s’est montré irrespectueux à force de parler, boire, manger sans l’écouter. On l’a déjà souvent dit et on le répète : restez chez vous ou au bar plutôt que de nous empêcher d’apprécier à sa juste valeur un artiste qui a des choses à nous dire ! Le concert de De Palmas avait l’air pas mal oui, bien blues, mais c’est dans d’autres conditions qu’on aurait aimé (mieux) l’entendre. On en vient presque à apprécier les artistes délaissés, se produisant devant un public restreint comme Rive qui s’est produit en même temps que le labellisé « The Voice » français Claudio Capéo. Ou Sonnfjord pendant Slimane. A la même heure et dans le même parc. Dommage pour eux, car ce fut vraiment deux belles prestations (qu’on pourra réentendre dans de bien meilleures conditions sonores lors de la Nuit du Soir du 21 septembre au Botanique, merci pour la pub !). Il en ira sans doute de même avec la Gaspésienne Klô Pelgag, récipiendaire du prix Rapsat-Lelièvre, qui s’est produite en plein soleil à 13 heures, jeudi, en ouverture, en plein jetlag alors que le soir même elle s’en retournait chez elle. En effet, elle reviendra au BSF, le 13 août à la Madeleine et au festival Francofaune d’octobre. Loin de l’ambiance de kermesse propre aux festivals en plein air. Michel Sardou revient à Forest National les 24, 25 et 27 octobre.

Votre compte

Sardou et Renaud aux Francofolies de Spa, ça a donné quoi?

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

1 Commentaire

Aussi en Scènes

«La bande sur la lande». La jeunesse, ce frêle esquif

Critique Avec Phia Ménard, «Les enfants terribles» de Cocteau se muent en vieillards

Habib Ben Tanfous, la mémoire (familiale) dans la peau

«Renacimiento» au Théâtre de Liège: ici, tout commence

Nawell Madani souffle un vent de fraîcheur dans le stand-up bruxellois

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Etats-Unis: séance houleuse au Congrès pour le discours de Joe Biden

Le décrochage scolaire ne cesse d’augmenter

Bruxelles: une policière dans un état critique suite à une rébellion

Séismes en Turquie et Syrie: la Belgique va envoyer un hôpital de campagne et une équipe médicale

Séismes en Turquie et en Syrie: le port turc d’Iskenderun en proie aux flammes après le séisme (photos)

Ballon «espion»: Pékin a refusé samedi un appel téléphonique du chef du Pentagone

30 années au service d’une passion : le métier d’infirmière

Des soins intensifs polyvalents et à la pointe des technologies

L’indemnité vélo pour tous les travailleurs belges dès le mois de mai

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel