Jared Kushner, le chevalier blanc autoproclamé de l’Administration Trump

Depuis New York Transparent, et irréprochable. Tandis que l’étau se resserre de jour en jour autour de proches collaborateurs de Trump, Jared Kushner, le mari d’Ivanka, avait visiblement à cœur de prouver son innocence une bonne fois pour toutes, en dévoilant un rapport de 11 pages sur les faits qui lui sont reprochés. En substance, le jeune milliardaire de 36 ans invoque son emploi du temps surchargé et sa totale inexpérience du pouvoir pour les « couacs » occasionnels survenus ici et là. [scald=5096218:sdl_editor_representation] Oui, il a bien rencontré quatre fois l’ex-ambassadeur russe Sergueï Kislyak, mais il ne s’agissait que de sollicitations parmi tant d’autres de la part de diplomates étrangers, dans la mesure où Trump lui avait demandé de servir de contact avec une quinzaine de gouvernements. En outre, ajoute-t-il, « le 9 novembre, lendemain de l’élection, je ne pouvais même pas me rappeler du nom de l’ambassadeur russe ». Oui, il a omis de retranscrire le détail de ces entrevues dans son dossier, en vue d’obtenir une habilitation gouvernementale à la Maison Blanche, mais la faute en incomberait à un collaborateur négligent. Dix minutes avec l’avocate russe... Oui, il a bien participé à la réunion du 9 juin à la Trump Tower de Manhattan, en présence d’une avocate russe proche du Kremlin et des services de renseignement russes, Natalia Veselnitskaya. Mais il aurait omis de lire le détail des courriels envoyés par Donald Trump Jr, le fils gominé du président, dans lequel il était question de discuter lors de cette réunion l’offre d’ingérence russe aux fins de discréditer la rivale démocrate Hillary Clinton. Au contraire, Kushner assure s’être extrait de la réunion au bout de 10 minutes, prétextant un appel pressant. [scald=5096219:sdl_editor_representation] Non, il n’a jamais tenté d’établir un canal secret de communication avec le Kremlin, en vue de mener une politique concertée en Syrie et d’annuler les sanctions économiques infligées par l’ex-président Barack Obama à la Russie, en représailles à l’invasion de la Crimée en 2014. Et pourtant, dans ce document diffusé par la Maison Blanche, une contradiction apparente saute aux yeux. Certes, pas de canal secret avéré, mais tout de même une question franche adressée à Kislyak : existerait-il au sein de l’ambassade un canal de communication qui pourrait permettre de faire remonter des informations directement au Kremlin, requête à laquelle l’ambassadeur aurait répondu par la négative. Cette confession apparemment anodine pourrait à elle seule faire plonger Kushner : en reconnaissant avoir sollicité un diplomate russe sur de tels échanges confidentiels, sans le notifier ni se concerter avec les services de renseignements américains, Jared Kushner a bel et bien violé le Logan Act, cette loi de 1799 qui interdit à tout citoyen américain d’intriguer avec une puissance étrangère. Il aura le loisir de décrire à nouveau toutes ces « innocentes interactions » mardi devant une autre commission du Renseignement, à la Chambre des représentants cette fois, à huis clos comme devant le Sénat. Et de répéter son leitmotiv, entendu ce lundi lors d’une brève déclaration devant les caméras : Donald Trump n’avait pas besoin d’un quelconque appui russe en 2016, car « il avait le meilleur message, une campagne plus futée, et c’est pour cela qu’il a gagné. Le fait de suggérer autre chose est une insulte à tous ceux qui ont voté pour lui ». [scald=5096217:sdl_editor_representation] Ce qui ne présage en rien d’une interrogation lancinante : après des mois de dissimulations sur les liens entre le clan Trump et Moscou, la chronologie dévoilée par Kushner est-elle exhaustive, ou cache-t-elle d’autres « omissions » sur la teneur des échanges ?

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