Accueil La Une Économie

La discrète guerre des gares

En 5 ans, les gares belges ont accueilli 7 % de voyageurs supplémentaires par semaine, soit 5 millions de voyageurs par semaine. Bruxelles-Midi est désormais la plus fréquentée.

Journaliste au service Economie Temps de lecture: 4 min

Les gares en Belgique sont moins fréquentées que dans les pays comparables voisins, expliquait jeudi Jo Cornu, le patron de la SNCB, en analysant les performances et particularités du chemin de fer en Belgique. Moins fréquentées donc moins rentabilisées. Donc moins rentables. Voire pointer celles où on pourrait alléger le nombre de salariés du groupe ? Jo Cornu ne va pas encore jusque-là.

Ceci n’a peut-être pas de lien avec cela mais le patron des Chemins de fer a réaffirmé sur les antennes de la RTBF ce week-end qu’il souhaitait voir l’État intervenir moins dans la gestion au quotidien de la SNCB – il est revenu avec son idée de réformer les tarifs, avec pourquoi pas des prix plus élevés en heure de pointe. Avec 4.948.788 utilisateurs du train par semaine, pourtant, il n’y a pas de train-train dans la vie des gares en Belgique. On s’y dispute même les places comme dans les meilleurs championnats. Sauf que, contrairement aux sports, ici chacun a le même entraîneur/propriétaire, la SNCB.

38 % de « passagers montants » en plus à la gare du Midi

Pendant de nombreuses années, le « top dix » des gares paraissait immuable en Belgique. Ça change. Depuis deux ans, la gare de Bruxelles-Midi occupe la place enviée de gare la plus fréquentée du pays qu’elle a ravi à son homologue de Bruxelles-Central. Tandis que la gare de Gand Saint-Pierre, un moment deuxième, vient de rétrograder derrière les trois implantations bruxelloises majeures. Pourquoi la gare du Midi gagne-t-elle 38 % de « passagers montants » au cours des cinq dernières années quand la gare Centrale, pourtant joliment rénovée, en perd 17 % ? Il n’y a pourtant pas moins de bureaux au centre-ville. Et les statistiques montrent que c’est le samedi que la gare a perdu le plus d’utilisateurs (-30 %) mais c’est un jour où il y en a trois fois moins qu’en semaine.

La première gare wallonne, traditionnellement Ottignies, a aujourd’hui été supplantée par Namur. Perte d’attractivité de l’université ou augmentation de l’administration namuroise ? En cinq ans, Ottignies a perdu 16 % quand Namur en a gagné 6 %. « Il n’y a aucune raison, aucune modification de notre côté qui puisse expliquer cette évolution » explique-t-on à la SNCB. Qui rappelle d’emblée n’être qu’un paramètre parmi d’autres, à côté de critères sociaux, professionnels, d’offre de parking, de transport en commun, d’embouteillage des accès urbains… Et l’amélioration de l’offre commerciale dans les gares (magasins, horeca…) ne suffit pas à faire monter les gens dans les trains.

C’est l’éternelle question de l’œuf et de la poule : une gare rénovée crée-t-elle une augmentation de fréquentation ou rénove-t-on les gares dont la fréquentation augmente ? Pour la SNCB (lire ci-contre), c’est la demande qui sert de fil rouge. Mais qui n’explique pas tout.

Plus 7 % de voyageurs comptés en gare

Globalement, en cinq ans, entre 2009 et 2014, le nombre de voyageurs comptés en gare a augmenté de 7 %, dans la tendance de l’augmentation moyenne des voyageurs transportés par la SNCB (+8 % pour atteindre 224,8 millions en 2014). Mais les semaines de comptage (du 11 au 19 octobre 2014 pour le dernier) restent cependant la photographie statistique d’un instant. La somme de fréquentation des gares en 2014 cumule 4,9 millions de voyageurs par semaine, 700.000 par jour. Avec des différences flagrantes entre semaine et week-end : seulement 37 % de voyageurs le dimanche à la gare du Midi par rapport au reste de la semaine mais 106 % à Ostende. Si on multiplie la semaine de comptage d’octobre aux 52 de l’année 2014, on aurait dû cumuler une fréquentation annuelle de 250 millions de navetteurs alors qu’il n’y en a eu « que » 211 millions. Les périodes de vacances et d’examens relativisent les choses.

Autre statistique qui colle à la réalité sociale : le rail belge est avant tout une affaire flamande : cinq gares sur 10 dans le top 10 (3 bruxelloises, 2 wallonnes), 17 dans le top 30 (4 bruxelloises, 9 wallonnes), 28 dans le top 50 (6 bruxelloises, 16 wallonnes).

Enfin, dans le classement wallon, Namur, Ottignies et Liège se tiennent à 5.000 voyageurs par semaine près, autour de 100.000 voyageurs par semaine, Charleroi en compte 25 % de moins, Mons 50 %. La nouvelle gare va-t-elle influencer ces résultats ?

 

Analyse de la SNCB: «80% des voyageurs se concentrent dans 80 gares»

Journaliste au service Economie Temps de lecture: 2 min

Des chiffres qui traduiront le nouveau plan de transport

Pour la SNCB, les fluctuations de succès des gares répondent à de nombreux critères. Difficilement maîtrisables, selon Thierry Ney, porte-parole.

La prééminence des gares bruxelloises ?

C’est le reflet le plus fidèle de la demande de la clientèle de la SNCB. Il y a une grande demande, domicile-travail comme domicile-école, pour rejoindre la capitale. C’est d’ailleurs avant tout pour renforcer cette demande que le nouveau plan de transport a été élaboré.

Qu’est-ce que ça change ?

Pour la SNCB, ces comptages visuels réalisés durant une semaine comportent évidemment une marge d’erreur. Les chiffres servent avant tout comme base de travail pour adapter certains services de train, bien sûr, mais également dans les gares : nombre de guichets ouverts, d’agents nécessaires, nettoyage, places de parking. Le comptage qui sera réalisé cette année, par exemple, sera particulièrement intéressant car il devrait traduire les effets du nouveau plan de transport.

Justement, avec celui-ci, l’offre se concentre de plus en plus sur les grosses gares !

Il y a une évolution ces dix dernières années. Aujourd’hui, 80 % des voyageurs se concentrent dans 80 gares. Une tendance qui semble se renforcer dans les villes soumises aux embouteillages urbains, comme Bruxelles, Anvers ou Gand. Ça correspond aussi à une logique de bassin démographique. Si demain, une grosse entreprise veut profiter de l’espace disponible et de l’absence d’embouteillage pour s’installer à Hourpes, le nombre de voyageurs qui fréquenteront le point d’arrêt va augmenter.

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info

0 Commentaire

Aussi en Économie

Voir plus d'articles

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une

Retrouvez l'information financière complète

L'information financière