La première édition des Feux de Laeken explose
Tous les vendredis, les Laekenois ont les yeux qui pétillent grâce aux artificiers. Un métier méconnu et créateur de joie.


Le vent souffle sur le plateau du Heysel. Les équipes de Pyromaniac scrutent les nuages pour vérifier leur sens de progression. Au-dessus de 50 km/h, le feu d’artifice doit être annulé pour des questions de sécurité. « De toute façon, à Bruxelles, les pompiers ne donnent jamais leur accord. C’est toujours à nous de juger si nous pouvons le tirer et c’est évidemment à nous qu’incombe la responsabilité », explique Olivier Hachat, un des associés de Pyromaniac, la société désignée par le BME (Brussels major event) pour tirer ce troisième feu dans le cadre du festival des Feux de Laeken.
Chaque vendredi de juillet et août, des artificiers différents ont été sélectionnés suite à un appel d’offres. Ici, il s’agit d’une société de la région de Charleroi. À leur palmarès, ils comptent notamment les feux d’artifice des Fêtes de Wallonie ou ceux du 21 juillet pour les Villes de Waterloo, Dour ou encore Mettet. Alors tirer un feu devant le Palais 5 du Heysel et l’Atomium, c’est un événement et une magnifique carte de visite pour ces passionnés professionnels.
C’est en 2012 qu’Olivier Hachat et Michaël Noirfalise rachètent la société dans laquelle ils travaillent déjà depuis de nombreuses années. Pourtant, les feux d’artifice ne représentaient pas un rêve d’enfant. « J’étais dans la musique et j’ai rencontré un gars qui m’a proposé de travailler comme artificier. Je l’ai suivi. J’ai tout appris sur le tas et aujourd’hui, cela fait 27 ans que je suis dans le milieu, raconte Olivier. En Belgique, tout le monde apprend sur le terrain. Nous n’avons pas de formation spécifique. »
Son collègue, Michaël Noirfalise, était employé dans un grand magasin et s’est aussi retrouvé par hasard dans la pyrotechnie. « Je faisais cela en indépendant complémentaire jusqu’au moment où nous avons pu racheter la société. En Belgique, cela n’est pas évident de vivre de sa passion. Nous pouvons dire que du côté francophone, nous sommes 5 à être vraiment professionnels. Et ceux qui rêvent de devenir artificier depuis l’enfance sont les enfants d’artificiers. » « Moi, quand j’ai dit à ma femme et à ma famille que je voulais faire ça, c’est très mal passé », ajoute un des membres de l’équipe. « C’est quand même un métier dangereux, précise Michaël Noirfalise. Nous manipulons des engins explosifs. Cela permet de mettre un certain stress qui peut être bénéfique, mais il est vrai que quand nous faisons un allumage manuel, nous devons toujours être deux pour que l’un puisse vérifier que l’autre ne se mette pas en danger. »
Faire jouer sa créativité
Pour ce premier vendredi du mois d’août, ils sont sept. Ils vont tirer un millier de fusées, ce qui représente environ 4.000 coups. Les projectiles sont répartis en trois zones de tir pour bien couvrir toute l’étendue du Palais 5 du Heysel. L’installation leur aura pris six heures « et ici, on est super bien ! On peut venir avec le camion pour décharger les palettes que nous avons assemblées dans notre atelier, explique Olivier Hachat. Mais quand on doit tirer au milieu d’un champ de betteraves, c’est une autre histoire ».
Olivier est le concepteur du plan de tir. Il lui a fallu deux jours d’écriture pour en mettre plein la vue aux Bruxellois. « On constate qu’il y a des modes dans les feux, mais nous essayons de conserver notre style. Il faut en mettre plein la vue au public, tout le temps, avec des couleurs franches. Et quand on ajoute de la musique, c’est encore un travail très différent. »+
Dans l’atelier, les combinaisons ont été montées en une semaine. « Plus personne en Belgique ne fabrique ses propres fusées, raconte Michaël Noirfalise. Nous les achetons en France, en Allemagne, en Espagne et en Italie. Pour les fabriquer, il faut vraiment avoir de grandes connaissances en chimie. Nous, nous sommes des créateurs. Ce qui nous plaît, c’est d’entendre les exclamations des gens, les applaudissements et de voir leur sourire lorsqu’ils repartent. »
Près de 8.000 spectateurs
Et en cette soirée estivale, les sourires n’ont pas manqué. Les Feux de Laeken ont même été victimes de leur succès. Près de 20 minutes avant le début du spectacle, les fûts de bière étaient vides, la pâte à crêpe dévorée et il manquait de la salade pour les burgers, ce qui a engendré une queue digne de la friterie Antoine un jour de marché. Mais pas de quoi contrarier les familles venues en nombre pour profiter des animations sur le thème du Moyen-Âge. Troubadours, spectacles de magie, musique médiévale et une Gaïa distribuant des câlins ont fait patienter le public. « Je suis vraiment ravi de voir autant de familles et de jeunes enfants, sourit le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close (PS). C’est très métissé et cela prouve qu’on peut installer rapidement un événement. Cela nous renforce dans l’idée de monter un concours d’artificiers dès l’an prochain. »
23 heures. Un premier pétard bat le rappel, puis un second et, enfin, le moment tant attendu, la première fusée transperce le ciel pour s’ouvrir en une gerbe colorée au-dessus du Palais 5. Pendant 17 minutes, les coups s’enchaînent. Des belles vertes, des belles bleues, des belles roses et surtout des belles blanches qui crépitent en faisant naître une pluie d’étoiles filantes. Petits et grands ont leurs yeux rivés vers cette magie millénaire et, sans s’en rendre compte, esquissent un sourire, prennent délicatement la main de la personne à côté d’eux, s’embrassent. Des Feux de Laeken qui font naître la joie et l’amour.
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