«Le trésor des Templiers est caché chez moi à Wodecq»
Rudy Cambier affirme que sa maison de Wodecq abrite le trésor mais il n’a pas le droit d’effectuer des fouilles. Le ministre Crucke vient à sa rescousse.



Le trésor des Templiers est-il enfoui à neuf mètres sous terre dans le jardin d’une vaste propriété du petit village de Wodecq, dans l’entité d’Ellezelles ? Philologue retraité et propriétaire des lieux, Rudy Cambier, malgré ses détracteurs, y croit dur comme fer depuis qu’il a décrypté, au début des années 90, les Centuries, un manuscrit attribué à Nostradamus. « C’est une imposture, dénonce l’homme. Ce texte de 4.000 vers n’a en aucun cas pu être rédigé par Nostradamus, au milieu du XVIe siècle. L’apothicaire s’est attribué la paternité d’un manuscrit bien plus ancien rédigé par Yves de Lessines, un moine de l’abbaye de Cambron, où se trouve aujourd’hui Pairi Daiza. Le plagiaire n’a pas réussi à en supprimer toutes les scories qui trahissent sa véritable origine. »
Dès les deux premiers quatrains du texte l’auteur donne, selon Rudy Cambier, quantité d’indices qui permettent, à qui sait les voir, de l’identifier. On trouverait, notamment, d’évidentes références à saint Bernard, à l’Ordre des Roseaux, à l’anneau d’un prieur, à un certain Yvin des Prés qui permettent, de démasquer le véritable auteur des Centuries : Yves de Lessines, dont les armes – un arbre dont les racines baignent dans l’onde – seraient décrites dans ces quatrains.
Ce texte n’étant finalement pas prophétique, que raconte-t-il ? C’est bien là la plus incroyable découverte effectuée par Rudy Cambier. Au bout d’un long travail de recherches, les Centuries l’ont ramené au Blanc Scourchet, du nom de ce lieu-dit de Wodecq où sa famille est établie depuis près de sept siècles.
Sept itinéraires jusque Wodecq
« Ce texte, poursuit Rudy Cambier, raconte comment, prévenus des desseins du roi, quatorze Templiers entreprennent, à l’insu de leur maître Jacques de Molay, de soustraire à la vindicte royale tout ce qui, le moment venu, pourrait servir la renaissance de l’Ordre : de l’argent, des objets cultuels, ces reliques qui constituent le véritable trésor des Templiers et divers documents, au nombre desquels la règle originelle et les précieuses archives capitulaires, les chapitres détenant le seul vrai pouvoir au sein de cet ordre organisé comme une république. »
Que décrivent les sept itinéraires détaillés ? Le chemin emprunté par les Templiers pour acheminer vers sa cachette leur trésor contenu dans 21 tonneaux. Les six autres ? Ils décriraient, selon Rudy Cambier, les chemins depuis Paris, la Hongrie ou ailleurs qui permettraient à « l’Attendu » – du nom par lequel Yves de Lessines désigne celui qui serait l’artisan de la renaissance de l’ordre – de découvrir la cachette.
Et où se trouve cette fameuse cachette ? « Ça pourrait être un délire, concède le philologue, mais c’est chez moi, dans mon jardin ! Je ne peux pas me tromper. Les références toponymiques des Centuries me sont toutes familières. Et après avoir couché tous ces noms sur une carte, j’en ai conclu que les sept itinéraires convergent vers un seul endroit : le lieu-dit “la Croix Philosophe”, à Wodecq. Il n’y a aucun doute non plus quand l’auteur situe la cachette dans ma maison du Blanc Scourchet qui se dit l’abri blanc en vieux français. »
Si les descriptions sont si précises, pourquoi le trésor n’a-t-il toujours pas été mis au jour ? « Vers la fin des années 90, des examens tomographiques ont été effectués par l’expert britannique Peter Fenning. Ils ont révélé, à l’endroit décrit par les Centuries, l’existence, à une profondeur de 2,5 mètres, d’une cavité voûtée de 9 x 4 mètres à l’intérieur de laquelle les prospections radiologiques révélèrent la présence de 21 masses métalliques », affirme Rudy Cambier. Et ? Plus rien. Du moins pas grand-chose.
En 2001, l’administration wallonne a refusé à Rudy Cambier l’autorisation de mener des fouilles. En 2010, des fouilles ont bien été menées mais pas dans le jardin de Rudy Cambier, dans le champ en face. Elles n’ont évidemment rien donné. « Par contre, entre-temps, une société lilloise et l’université de Mons sont venues effectuer des carottages et des sondages dans mon terrain. Elles ont toutes les deux conclu que le sol présente des anomalies »
Et les choses se compliquent pour le philologue. Surtout qu’un permis de lotir a été accordé afin de construire un ensemble de maison dans le champ qui fait face à la maison du Blanc Scourchet. « Avec notre association, nous nous opposons à ce projet, poursuit Rudy Cambier. Nous avons rédigé une pétition qui a recueilli 620 signatures et nous avons introduit des recours qui ont malheureusement été rejetés. Ce projet ne tient pas compte du fait que les itinéraires décrits dans les Centuries passent par ce champ. »
Une demande de classement
L’affaire prend désormais un tour plus politique. Sous l’impulsion de Jean-Luc Crucke, fraîchement nommé ministre wallon mais déjà à l’époque où il était député-bourgmestre de la commune voisine de Frasnes-lez-Anvaing. « J’aimerais beaucoup que le site puisse être classé au patrimoine wallon, dit-il. Il représente un énorme potentiel pour la région des Collines en termes touristique et historique. Avec ce trésor, nous sommes dans le surréalisme qui est déjà très présent dans notre région qui a vu naître René Magritte. Si le trésor est découvert, c’est la cerise sur le gâteau. S’il ne l’est pas, ce n’est pas grave, on est dans l’imaginaire et le romantisme. Mais dans un cas comme dans l’autre, ça revêt un intérêt et ça peut être porteur. Malheureusement, tous les ministres wallons à qui j’ai demandé le classement du site m’ont opposé un refus. Peut-être René Collin, qui vient d’être nommé, accueillera-t-il ma demande autrement… »
Un jour, Rudy Cambier pourra-t-il enfin tenir son trésor en main ? « Ce n’est pas ce qui m’importe, affirme-t-il. Je voulais juste démasquer Nostradamus et mettre en lumière l’excellent auteur qu’est Yves de Lessines. »
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S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir2 Commentaires
Pq l'empêcher de vérifier?
S'il est exact de prétendre que les Templiers étaient immensément riches, il faut tempérer cela car leur richesse étaient essentiellement constituée de bien immobilier qu'ils mettaient en valeur par leur travail. Ils ont de par leurs activités de sécurité des axes routiers et du transport de fonds inauguré le système bancaire et facilité le développement des activités liées à l'artisanat et au commerce, il géraient et prêtaient aux riches et puissants. Mais tout cela uniquement pour alimenter et financer l'armée qu'ils entretenaient en terre sainte, cela coûtait cher, très cher. Alors le trésor ne peut être que des documents sur leur connaissance.