Vanhaezebrouck - Weiler: l'un ne séduit plus, le second garde le soutien de sa direction

Même si Ivan De Witte préfère utiliser le terme de « moment difficile » , la crise est bel et bien présente à Gand, qui ne compte d’une unité en quatre matchs et a déjà fait ses adieux à l’Europe, sans gloire. Entre un Vanhaezebrouk qui a flingué tout le monde par voie de presse, la semaine passée, des résultats qui ne sont pas à la hauteur des attentes ainsi qu’un programme qui s’annonce ardu ces prochaines semaines (Anderlecht, Genk, Ostende, Zulte Waregem et Bruges…), les Buffalos sont à tout le moins dans le doute en ce début de saison. A Anderlecht, la problématique est similaire même si les champions en titre ont tout de même un avantage de trois unités sur leurs rivaux, chez qui ils se rendent dimanche. Avec ce 4 sur 12 initial obtenu en ne montrant pas grand-chose, le Sporting réalise son plus mauvais départ depuis 19 ans. Par la faute de la majorité de ses cadres qui, à l’image de Dendoncker ou Teodorczyk, évoluent en dessous de leurs possibilités, de renforts qui ne sont pas encore à la hauteur ou d’un coach qui ne propose rien d’enthousiasmant, Anderlecht ne séduit pas et n’affiche même plus le réalisme qui lui avait permis de terminer à la première place, la saison dernière. Un nouveau revers à la Ghelamco Arena, dimanche, ferait tache avant la trêve internationale. Une chose est sûre : malheur au vaincu de ce match qui sent déjà la peur à plein nez ! Anderlecht : Weiler a le soutien de son vestiaire et de la direction Après deux défaites de rang et un niveau de jeu très insuffisant, les critiques commencent à pleuvoir sur René Weiler. Mais l’avenir du Suisse n’est pas encore menacé. Le groupe Les joueurs l’ont souvent répété, la principale force du coach suisse est d’avoir créé une cohésion de groupe la saison dernière. Si les Bruxellois ont surmonté les difficultés, c’est grâce à cette force de l’intérieur, peaufinée par René Weiler. Dimanche, après la défaite, Leander Dendoncker estimait pourtant que c’est une partie de ce qui manque à Anderlecht en ce moment. Et c’est ce que le coach devra donc remettre en place. S’il paraît parfois dur, les joueurs ont toujours répété que le Suisse savait ce qu’il voulait, mais qu’il laissait aussi aller de la liberté aux joueurs une fois qu’ils sont sur le terrain. Il peut aussi compter sur une relation de confiance avec la majorité de joueurs qu’il a choisis. Pour les autres, certains ont eu du mal avec ses méthodes à son arrivée, mais les tensions se sont apaisées. La direction Après avoir soutenu son entraîneur lorsqu’il était au plus mal en fin d’année 2016, on voit mal la direction anderlechtoise le lâcher aux premiers couacs en plein mois d’août. Régulièrement, les dirigeants mauves se sont réjouis de n’avoir pas cédé à la pression ou à la précipitation quand rien ne tournait il y a neuf mois et ils agiront donc certainement de la même façon. Non, René Weiler n’est pas (encore) menacé et peu importe le résultat ce dimanche à la Ghelamco Arena, cela ne devrait pas changer dans les jours à venir. Fort d’avoir (re)lancé des joueurs qu’il avait proposés comme Teodorczyk ou Spajic la saison dernière, le coach suisse a, en outre, pu compter sur l’oreille de sa direction pour cibler le recrutement cet été et celle-ci lui a donc donné les joueurs qu’il souhaitait, ce qui à terme sera un argument pour le board si les choses n’évoluaient pas positivement. René Weiler va donc encore bénéficier de temps pour que tout se mette en place, mais la visite de la direction à l’entraînement de lundi, ainsi que la discussion qui s’en est suivie ont certainement rappelé que les patrons anderlechtois attendent davantage de leur noyau cette saison que ce qu’il offre actuellement. Le Suisse en est le premier conscient. La communication Dimanche après le match face à Saint-Trond, René Weiler n’a pas hésité à bousculer ses cadres en affirmant en conférence de presse qu’ils ne sont pas à la hauteur en ce début de saison. Si son discours laisse rarement place à la remise en question personnelle, il ne se voile pas pour autant la face et reconnaît les manquements de son équipe actuellement. L’an passé, le Suisse a souvent avancé l’argument de la reconstruction et du temps nécessaire pour retrouver un groupe. Cette saison, il le sait, il ne peut plus se permettre un tel discours quand on sait que seul un titulaire (Youri Tielemans) a jusqu’ici quitté le navire bruxellois. Le fond de jeu « L’important, c’est le résultat. Si on a le ballon tout le match, qu’on fait des gestes magnifiques, mais qu’on est battu, personne ne sera content. » René Weiler le répète à l’envi, ce qui prime, c’est de remporter des matchs, quelle que soit la manière. Pour cela, il n’a pas hésité à régulièrement abandonner le ballon à l’adversaire la saison dernière pour faire mal en contre, ce qui a fait grincer des dents parmi les fervents supporters du jeu « à l’anderlechtoise ». Cette saison, après un an de vie commune, les Bruxellois se doivent d’avoir davantage le cuir, aussi bien parce qu’ils ne peuvent pas se contenter de contrer, du moins en championnat de Belgique, que parce que leurs opposants ont bien compris qu’ils devaient éviter de s’exposer à ces fameux contres. Et alors que la majorité des titulaires actuels étaient déjà présents la saison passée, le jeu peine à se fluidifier. L’an passé, on se souvient qu’au soir du match à Zulte Waregem, Hanni et Dendoncker avaient regretté le jeu proposé par Anderlecht. Quelques mois plus tard, ils se réjouissaient de la tournure des événements, mais les nombreux joueurs de ballon du noyau bruxellois attendent de pouvoir s’exprimer au mieux, le ballon entre les pieds. Gand : Vanhaezebrouck ne séduit plus tout le monde Après un début de saison catastrophique, plusieurs observateurs n’hésitent pas à pointer du doigt Hein Vanhaezebrouck. Pour certains, il effectue l’année de trop chez les Buffalos. Le groupe Coach exigeant qui n’hésite pas à dire les choses en face, Hein Vanhaezebrouck a longtemps su garder son groupe uni par le biais de résultats positifs mais aussi d’un système de jeu clair, à la fois efficace et spectaculaire. Le départ de certains cadres historiques (Kums, Sels, Depoitre) avait déjà laissé entrevoir certaines lézardes dans la belle unité gantoise, la saison passée. Les tracas de santé de garçons importants comme Foket ou Neto ou les problèmes d’adaptation de certaines nouvelles têtes ont quelque peu altéré la bonne humeur générale. « Off the record », certains avouent ne plus trop comprendre la vision de leur coach, lui reprochent un côté trop sévère, parfois un peu bourru, aussi. Ces complaintes sourdes ne concernent pas (encore ?) la majorité des éléments mais pourraient clairement faire tache d’huile au cas où les résultats ne redeviendraient pas positifs, ou si Vanhaezebrouck ne mettait pas à son tour un peu d’eau dans son vin en ce qui concerne sa gestion de crise. « Moi je n’ai en tout cas pas le sentiment que le groupe m’ait lâché, a expliqué HVH vendredi après-midi. Il faut le leur demander, bien sûr, mais je les sens concernés par mon discours. » Assis à ses côtés, Milicevic n’a évidemment pas dit autre chose. « Nous sommes tous unis derrière le coach, a confirmé le Bosnien. Le problème, c’est que quand quelque chose ne va pas, tout s’enchaîne souvent négativement. Le coach n’y est pour rien. Cette semaine, on s’est beaucoup parlé. Histoire de mettre les choses à plat, de regarder dans la même direction. » La direction Si l’on en croit les déclarations d’Ivan De Witte, la position de Hein Vanhaezebrouck à la tête des Buffalos n’est pas (encore ?) remise en question. Récemment, Vanhaezebrouck avait pourtant critiqué vertement sa direction par voie de presse, sans pour autant que celle-ci ne réagisse avec la même fermeté. « Il est allé trop loin mais il le sait , a expliqué le président De Witte. D’ailleurs, il s’est excusé. L’incident est clos. » Cela, c’est pour la version officielle. Le coach a bel et bien été rappelé à l’ordre et ne pourra sans doute plus se permettre pareilles déclarations. D’ailleurs, vendredi, Vanhaezebrouck est apparu beaucoup plus prudent et mesuré dans ses propos. La communication Présent à la tête de Gand depuis 2014, Hein Vanhaezebrouk n’a jamais eu sa langue en poche. Cash il est, cash il restera même si, dimanche soir, il avait pour la première fois de son bail gantois, décidé de ne pas répondre aux questions des journalistes après la débâcle mouscronnoise. « Ce n’était nullement une fuite, expliqua-t-il vendredi. Je n’ai pas peur de justifier mes choix par rapport à la presse, de critiquer les erreurs de l’arbitre ou les miennes. Là, c’est juste que je n’avais pas envie de répéter une énième fois les mêmes commentaires alors qu’il y avait suffisamment de choses à écrire. Sur l’ensemble des quatre matchs, on aurait pu à chaque fois s’imposer. Je ne dis pas qu’on le méritait à chaque fois, juste que c’était possible. Dans ce contexte, il vaut mieux parfois se taire, réfléchir. » L’avant-veille, c’est précisément ce recul nécessaire qu’il avait oublié d’adopter quand il avait affronté cette même presse. Le fond de jeu Autrefois loué pour son jeu léché, Gand ne séduit plus en ce début de saison. En championnat, où il n’a récolté qu’une maigre unité comme en Europa League, le club est apparu sans idées, sans cohésion aussi et surtout. L’intégration des nouveaux (Andrijasevic, Bronn, Inbrum, Machado, Marcq, Sylla), qui ont tout de même coûté près de 15 millions, n’a pas été efficace. Mentalement, aussi, le club est à la ramasse comme l’a encore prouvé son effondrement total à Mouscron, après l’exclusion de Gigot. Alors, HVH a récemment privilégié le retour à une défense à 4 sans grosse réussite. « Ce n’est pas non plus l’explication à nos maux. On avait déjà procédé de la sorte la saison passée. Disons que quand une équipe tourne bien, il est plus facile de garder le même système. Une fois qu’on aura retrouvé un peu de stabilité, tout ira mieux. Mais cela ne prendra pas 3 ou 4 semaines… »

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