Le basket survit au pays du foot

Connaissez-vous le nom d’un seul club anglais qui se serait illustré sur la scène européenne ces dernières années, ou le patronyme d’un seul joueur de la sélection nationale qu’affrontera la Belgique ce vendredi en début d’après-midi, en guise d’entrée en matière à l’Euro 2017 ? Aucun ! Ni la présence des bureaux de la « NBA Europe » dans la capitale anglaise ni la participation de l’équipe nationale aux JO de Londres en 2012, lorsqu’elle a accueilli (alors emmenée par… trois joueurs de Mons-Hainaut : Sullivan, Reinking et Lenzly) le Team USA sur ses terres, n’ont, jusqu’ici, permis au basket de décoller en Grande-Bretagne. Ou alors partiellement. En février dernier, l’O2 Arena avait fait le plein, avec 20.000 personnes, parmi lesquelles une brochette de stars de Liverpool ou de Chelsea, pour assister au match de saison régulière entre les Indiana Pacers et les Denver Nuggets. Mais selon Ian Chadband, journaliste pour la chaîne ESPN présent sur place, « les médias s’étaient davantage intéressés aux propos de (l’Anglais des Lakers) Luol Deng sur le fait qu’il songeait à un jour devenir propriétaire du club de foot de Crystal Palace qu’à l’espoir formulé par le seul Anglais de NBA (Ben Gordon ayant disparu des radars de la Grande Ligue en 2015) de voir qu’un jour la Grande-Bretagne considère enfin le basket avec sérieux ». Pourtant, la popularité de la balle orange est croissante outre-Manche, où un rapport de UK Sport recensait 218.000 jeunes entre 14 et 16 ans pratiquant le basket au moins une fois par semaine, ce qui en fait le 2e sport le plus populaire auprès de cette tranche d’âge derrière le sacrosaint football. « Le souci, c’est que ce potentiel reste inexploité », a expliqué Deng. « Beaucoup de gamins aiment le basket en Angleterre, mais une fois qu’ils grandissent, il n’existe aucune structure pour encadrer leur formation, alors ils arrêtent. J’ai fait de mon mieux pour faire grandir notre sport, mais j’estime que l’on peut encore faire bien plus. » A Istanbul, l’équipe anglaise ne comptera que deux éléments évoluant en Grande-Bretagne, les trentenaires Achara et Murray, qui évoluent à… Glasgow. Les autres émargent le plus souvent aux championnats français et espagnols, mais pas avec le même impact que nos Belges. Sam Neter, journaliste pour le site Hoopsfix en Angleterre, avance que « la BBL (D1) n’est pas considérée comme assez cool par les jeunes anglais, et reste ignorée des principaux médias ». « Le souci, c’est que même si beaucoup de monde aime cette discipline, elle reste considérée comme un sport américain », explique Drew Sullivan, ex-international passé par Mons. « Et soyons honnêtes, l’Anglais se veut patriote. Le football, le rugby et le cricket sont inscrits dans notre histoire et notre culture ! » « Tous les sponsors, investisseurs et droits TV vont donc à ces compétitions-là, et il ne reste plus assez d’argent pour avoir une ligue de basket de haut niveau », confiait Andre Alleyne, coach des U18 anglais, lors du passage des NBA Global Games à Londres voici quelques années. Des propos corroborés par ce choix du comité olympique de Grande-Bretagne de couper les vivres à ses sélections nationales de basket après les JO de 2012, à Londres - où Sullivan et Cie accrochaient certes l’Espagne (78-79), mais ne gagnaient qu’un seul match - préférant investir dans le… canoë et la voile, où les chances de médailles olympiques sont plus grandes. « Dommage que ces gens s’arrêtent aux scores purs, alors qu’en 4 ans nous sommes passés du Groupe C mondial à un match à un point contre la Roja », déplorait Luol Deng en ne retrouvant pas son équipe à Rio en 2016. L’absence d’une Ligue professionnelle forte, d’infrastructures décentes et de suffisamment de clubs pros structurés condamnent donc l’Angleterre à rester un parent pauvre du basket européen, et à vivre dans l’ombre du soccer, du rugby, du cricket, « et même du snooker », dixit l’ancien joueur NBA John Amaechi. A moins que, en attendant l’éclosion, un jour, d’une superstar anglaise, le choix de la BBC, l’an dernier, de retransmettre 32 rencontres de BBL sur son site web ou le lancement du plan « Transformer ensemble le basket en Grande-Bretagne » par la British Basket Federation ne permette d’inverser cette tendance...

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