L’immersion à l’école : quand la greffe ne prend pas

Et si on généralisait l’immersion ? Dans le volet enseignement du baromètre de la citoyenneté que Le Soir publiait il y a peu (27/08), plus de 8 sondés sur 10 en Wallonie et à Bruxelles se disaient favorables à un enseignement bilingue, voire trilingue. Conscients qu’« avoir les langues » sera un atout non négligeable pour l’avenir professionnel de leurs rejetons, les parents sont de plus en plus nombreux à manifester leur intérêt pour l’apprentissage en immersion. [scald=7177825:sdl_editor_representation] Une tendance confirmée par les chiffres : 3.597 élèves ont fréquenté des classes d’immersion en maternelle au cours de l’année scolaire 2016-2017. Ils étaient cinq fois plus nombreux dans le primaire (18.950). Autre constat : bien que le nombre d’enfants immergés soit en progression constante ces dernières années, on note une légère érosion de la fréquentation dans l’enseignement secondaire. Pour l’année scolaire 2016-2017, ils ne sont plus que 12.544 élèves inscrits. Après neuf ans en immersion, une partie des enfants poursuit donc leur cursus dans leur langue maternelle. « Question d’offre peut-être… », avance Chrystelle Bernard qui dirige l’école communale fondamentale Robert André de Flénu, en région montoise, depuis 2010. « Le secondaire ne propose pas le même type d’immersion que le primaire ». « Une tentative a été réalisée à l’Athénée Royal de Mons, illustre la directrice. Mais l’immersion concernait les cours de latin et d’EDM. Du coup, il n’y a eu que 3 inscriptions. Et le projet a été abandonné ». L’immersion pas toujours facile L’intérêt grandissant des parents pour les établissements proposant l’immersion, Véronique Billen, directrice de l’école communale d’Anvaing, près de Tournai, l’a aussi constaté. Un choix que les parents font parfois trop tardivement. « Pour les élèves qui intègrent l’école à partir de la troisième primaire, ça peut poser problème. Parce qu’ils rejoignent des enfants qui ont appris à lire et à écrire en néerlandais. Et que la manière d’avancer n’est pas la même. Bien sûr, on ne va pas les refuser mais tout de même mettre en garde les parents sur les difficultés qui attendent l’enfant. Après, c’est une question de bon sens… » Certaines troubles spécifiques du développement, comme la dyslexie et la dyscalculie peuvent également freiner l’enfant dans l’apprentissage d’une deuxième langue. « Tout dépend du niveau de dyslexie. Certains ne seront pas capables alors que d’autres réussiront. Mais s’ils sont en difficulté, il faut les réorienter », estime Véronique Billen. Se pose enfin la question de la place réservée aux enfants dont la langue maternelle n’est ni le français, ni le néerlandais. « À la maison, nous ne parlons aucune des deux langues. Nous avions en tête l’idée que l’école d’immersion ferait le lien entre la cellule familiale et le passage au français, explique un papa de deux enfants anglophones âgés de 4 et 6 ans. Mais la greffe n’a pas pris ». C’est donc dans une nouvelle école, francophone cette fois, que les deux enfants ont fait leur rentrée après une première expérience négative en immersion. « Le concept est intéressant mais il part du principe qu’on va immerger les petits francophones. Il n’est pas adapté aux enfants qui parlent déjà la langue cible. Du coup, on avait l’impression que nos enfants posaient problème à l’institution. Et qu’à un moment donné, le niveau d’anglais des profs ne serait pas aussi avancé que celui des enfants ». « Selon moi, conclut le papa déçu, l’immersion est davantage un prétexte pour sauver certaines écoles qui ne marchent pas bien. Et la formule doit clairement être améliorée ».

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