Enquête sur les origines troubles de Lisbeth Salander

Un coup de poing suivi d’un coup de coude et Benito s’écroule sur le sol en béton de la cellule de Faria Kazi. Lisbeth Salander vient de frapper. Dans ce cinquième tome de la saga Millenium, le second écrit par David Lagercrantz, Lisbeth et le journaliste Mikael Blomkvist sont bien sûr au rendez-vous. La première s’est retrouvée en prison pour deux mois suite à l’épisode précédent où elle avait sauvé la vie d’un enfant autiste tout en mettant en danger la vie d’autrui selon la justice. [scald=7271288:sdl_editor_representation] Le second poursuit sa carrière au magazine Millenium et lui rend visite en prison régulièrement. Un autre homme débarque un jour au pénitencier modèle de Flodberga : Holger Palmgren, son ancien tuteur. Et sa visite va réveiller chez Lisbeth une série de questionnements à propos de son enfance. Toujours aussi douée pour l’informatique, elle va commencer à mener son enquête en prison, en forçant un surveillant à lui prêter main-forte. Mais tout en s’intéressant à son passé, elle prend aussi la défense de la jeune Fazia, devenue la souffre-douleur de Benito, une redoutable cheffe de bande ayant pris pour surnom le prénom de Mussolini. Charmant personnage. Une multitude de thèmes Après avoir dû s’imposer comme successeur de Stieg Larsson, créateur de la saga et auteur des premiers tomes publiés après sa mort inopinée, David Lagercrantz impose petit à petit son style et son univers. Si Lisbeth reste une surdouée asociale doublée d’une combattante redoutablement efficace, les séquences violentes où sa maîtrise fait merveille sont réduites à la portion congrue. Quant à Mikael Blomkvist qui apparaissait comme le héros principal du premier opus, il semble petit à petit retourner dans l’ombre, n’étant plus qu’un soutien de Lisbeth et une sorte de révélateur permettant de nous entraîner dans les différentes parties du récit. Et celui-ci n’en manque pas abordant la question du fonctionnement de l’économie et des bourses en particulier, de l’hérédité et de la gémellité, de la situation des Tziganes et des Roms, des différences entre l’acquis et l’inné, de l’adoption et de ses déviances, des études scientifiques débouchant sur des monstruosités humaines, de l’asservissement de certaines femmes et de la puissance de certaines autres… Les seconds rôles au centre de l’action Tous ces thèmes sont abordés par Lisbeth et Blomkvist mais aussi et surtout par et au travers de plusieurs personnages secondaires prenant ici une place prépondérante. Avec Fazia Razi, Lagercrantz nous entraîne du côté d’une famille tombée dans une vision dévoyée de l’Islam. Avec Leo Manheimmer, il nous entraîne dans le monde des bourses et des grandes entreprises. Avec Daniel Brolin, devenu Dan Brody, elle évoque le monde du jazz et singulièrement celui de Django Reinhardt… Sans oublier les divers psys (Carl Seger, Rakel Greitz, De Hilda von Kantenborg…), les flics rassemblés autour de l’inspecteur Bublanski et du collectif Hacker Republic, rassemblant les copains Hacker de Salander. Le roman se déploie ainsi en une multitude de couches et d’histoires parallèles se succédant constamment, tantôt dans le passé, tantôt dans le présent. Un écheveau complexe et dense que l’auteur maîtrise pourtant parfaitement et dans lequel le lecteur n’a guère de mal à se retrouver. Pour autant qu’il accepte de s’intéresser à tous les thèmes abordés de manière très documentée et souvent passionnante mais éloignant l’ouvrage du simple suspense traditionnel.

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