Piétonnier de la Ville de Bruxelles: les commerçants partagés

L’agence régionale du Commerce, Atrium, qui se trouve sous la tutelle du ministre Didier Gosuin (FDF), a présenté mercredi en présence de ce dernier les résultats de la première étude réalisée par ses services sur le piétonnier du centre-ville et son impact sur les commerces environnants depuis son installation le 29 juin dernier. Une étude « ni à charge, ni à décharge », a précisé d’emblée Didier Gosuin. Elle a consisté à interroger 213 clients et 233 commerçants sur l’ensemble de la zone piétonne, et à compter les passages de piétons en plusieurs points. Un instantané qui ne constitue que « le premier temps d’une observation à long terme », prévient l’étude. Qui relève quatre caractéristiques majeures à ce stade, avant de formuler une série de recommandations. 1 La fréquentation du piétonnier est volatile. Il y a une grande variation dans la fréquentation du piétonnier, constate l’étude d’Atrium. Alors que la fréquentation de la rue Neuve est stable, celle du boulevard Anspach à hauteur du Brico peut varier de plus de dix mille passages par jour sur un mois. En août 2015, à cet endroit, 37.990 piétons sont passés en moyenne chaque jour. En septembre, ils n’étaient plus que 26.930. Et en octobre, 31.979. 2 Un usage de parc public. « La différence majeure entre le comportement de la rue Neuve et celui du piétonnier est observable dans les raisons de visites des chalands, relève l’étude. Si l’offre commerciale et le shopping semblent structurer la rue Neuve et ainsi stabiliser ses flux, il n’en est pas de même pour le piétonnier qui tend à se comporter comme un parc public, prisé pour un usage récréatif plutôt que commercial. » 3 Les usagers heureux, les commerçants mécontents. Un commerçant sur deux et sept usagers – que l’étude appelle « clients » – sur dix sont favorables au principe du piétonnier, ou neutres, note l’étude. Mais commerçants comme usagers sont plus réservés sur les quatre autres thèmes proposés : l’aménagement, le mobilier, la sécurité et la propreté des lieux. 4 Un impact neutre ou négatif sur le commerce. Interrogés sur le « sentiment » d’impact sur leur chiffre d’affaires de la mise en place du piétonnier, tous les commerçants ne sont pas logés à la même enseigne, comme le montre l’infographie ci-contre. Les secteurs de l’alimentation, de la restauration et de la mode « sont les seuls à déclarer un impact très positif, selon l’étude. Cette réponse restant néanmoins minoritaire. » [scald=124459:sdl_editor_representation] Conséquence de ces observations, Atrium adresse à la Ville de Bruxelles des recommandations. Dont la plus importante : il y a lieu de définir un objectif au projet. S’agit-il donc de faire émerger un nouveau quartier, ou de créer un espace de liaison entre ces quartiers ?, interroge-t-elle. « De la réponse à cette question doivent impérativement dépendre la stratégie de développement commercial du Pentagone et la stratégie de requalification du centre-ville », dit-elle. Et la plus politique : la Ville de Bruxelles et Atrium devraient conclure une convention cadre permettant à la première de recourir à l’expertise de la seconde pour « améliorer le développement commercial du piétonnier et des quartiers avoisinants. » Les réactions n’ont pas tardé. « La Ville doit revoir sa copie. Combien faudra-t-il encore de signaux alarmants ? », disent les conseillers communaux de l’opposition CDH à la Ville de Bruxelles Joëlle Milquet et Hamza Fassi-Fihri. De son côté, l’organisation patronale Unizo estime que « la ville de Bruxelles ferait mieux de tout recommencer ». [scald=124449:sdl_editor_representation] Didier Gosuin était bien conscient d’avancer en terrain glissant. Les relations entre la Ville de Bruxelles et Atrium sont sensibles. Le ministre a donc insisté sur l’importance de recréer le dialogue avec les opposants au piétonnier, « aux positions de plus en plus hostiles » (400 commerçants se sont réunis au Métropole le 21 octobre pour examiner la possibilité d’introduire un recours contre le projet, a-t-il rappelé), et de « recréer une adhésion au piétonnier », par « le consensus et l’appropriation. » C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la réaction de l’échevine du Commerce Marion Lemesre (MR) qui indiquait se réjouir « qu’Atrium adhère aux recommandations qu’elle leur a exposées lors du dernier Conseil consultatif des Affaires économiques », et solliciter « leur soutien actif pour leurs réalisations » dont, ajoutait-elle facétieuse, elle « ne demande pas le copyright ».

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