Le coup de force des Etats-Unis contre la Corée du Nord à l’ONU

Depuis New York Russie et Chine se sont jointes au concert des nations lundi soir à New York, en apportant leur soutien à une résolution sévère du Conseil de sécurité des Nations Unies contre la Corée du Nord. Huit jours après le sixième essai nucléaire en une décennie, le premier pour une bombe à hydrogène d’une puissance sept fois supérieure à Hiroshima, Pyongyang se voit ainsi lâché par son habituel protecteur chinois, qui entérine et cautionne le courroux de la communauté internationale. [scald=7417833:sdl_editor_representation] Le texte présenté par les Etats-Unis et adopté à l’unanimité des quinze membres, dix non-permanents et cinq permanents dotés du droit de véto (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne), prévoit six grandes mesures punitives pour le régime renâclant à stopper ses programmes balistique et nucléaire : gel partiel des importations de pétrole, embargo sur les exportations de textile, sur les contrats de travail pour les ouvriers Nord-coréens à l’étranger, endiguement de la contrebande maritime de produits bannis par les Nations Unies, fin des joint-ventures commerciales avec des pays étrangers et haro sur les avoirs financiers des dirigeants Nord-coréens. « Nous disons aujourd’hui que le monde n’acceptera jamais une Corée du Nord nucléarisée, se réjouit la représentante américaine à l’ONU, Nikki Haley, et aujourd’hui le Conseil de sécurité dit que si le régime Nord-coréen ne stoppe pas son programme nucléaire, nous agirons pour le stopper nous-mêmes. Nous en avons soupé de chercher à convaincre ce régime de bien se comporter. Nous allons l’empêcher de mal se comporter. Et nous allons faire cela en attaquant les capacités de la Corée du Nord à alimenter et financer son programme nucléaire. » [scald=7417832:sdl_editor_representation] Texte édulcoré Ces mesures ne sont pourtant que l’ombre de celles envisagées initialement par l’Administration Trump. Lundi matin, à quelques heures du vote, Washington avait accepté d’édulcorer le texte de la résolution : plus question, cette fois, d’embargo pétrolier général, comme le souhaitaient les Etats-Unis et le Japon, mais que redoutaient la Corée du Sud et la Chine, soucieuses d’une dangereuse escalade vers un conflit armé avec le régime stalinien de Kim Jong-un. Un gel des avoirs financiers de ce dernier aurait également été escamoté du document soumis au vote. En coulisses, à New York, les diplomates russes martèlent un préalable déjà évoqué par le secrétaire d’État américain Rex Tillerson : pas de changement de régime en Corée du Nord, et donc pas d’atteintes personnelles contre ses dirigeants. Toute représaille contre les intérêts personnels du dictateur aurait donc été malvenue. Le projet de résolution « maximaliste » soumis au courant du week-end par Nikki Haley, a donc été logiquement révisé à la baisse, dans le sens d’une position commune des grandes puissances, sévère mais laissant la porte entrouverte à un apaisement dans la péninsule coréenne. « Cette démarche (du renforcement des sanctions au Conseil de sécurité, NDLR) fonctionne car elle repose sur une prise de conscience générale que la menace a cessé d’être virtuelle, pour devenir très réelle et existentielle », autant pour le territoire américain que les voisins asiatiques du régime Nord-coréen, souligne un diplomate occidental, proche des négociations dans le cadre onusien et sous couvert d’anonymat. La Corée du Nord, de son côté, a averti dimanche qu’elle infligerait « les pires souffrances que les Etats-Unis aient jamais connu dans toute leur histoire », en représailles de ces nouvelles sanctions.

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