Il y a dix ans dans Le Soir: «Marshall se met au «groen»

(article paru le 14 septembre 2007) Un petit mot de bienvenue en flamand : le nouveau ministre-président wallon, Rudy Demotte, avait aussi l’œil rivé de l’autre côté de la frontière linguistique en présentant hier à la presse, y compris flamande donc, les mesures d’« ajustement » du plan Marshall dont il prend les rênes au milieu du gué. Parmi ces mesures, décidées notamment sur base du rapport de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) dont Le Soir présentait les grandes lignes mercredi, on peut épingler l’accent mis sur le néerlandais. « L’apprentissage des langues constitue un enjeu majeur pour le développement économique de la Wallonie, souligne le ministre-président. Les Wallons l’ont bien compris si l’on juge par le succès de nos actions : quelque 8.537 formations intensives pour demandeurs d’emploi ont déjà été dispensées sur un objectif de 12.000 d’ici à la fin 2009 ; quelque 160.000 chèques-langues ont été utilisés et les immersions linguistiques fonctionnent également. » Mais il y a un « hic » : les Wallons préfèrent manifestement apprivoiser la langue de Shakespeare plutôt que celle de Vondel ! « Cela me dérange, car cela ne rentre pas dans notre objectif de base », affirme Rudy Demotte. D’où cette inflexion nouvelle : « Nous allons imposer qu’en matière d’immersion linguistique, les décisions soient prises de manière absolument prioritaire en faveur de l’apprentissage du néerlandais, au détriment de destinations plus prisées en Angleterre ou aux Etats-Unis . » Seconde inflexion, parmi bien d’autres exposées hier : le souci de développer en Wallonie une filière exploitant les potentialités du développement durable. « Quelque 82 mesures avaient été décidées lors d’un gouvernement thématique « Air-Climat » en mars dernier, deux programmes mobilisateurs avaient été lancés, en sus des décisions relatives aux primes, à l’électricité verte entre autres : nous allons plus loin », lance Rudy Demotte. Sous la forme de l’affectation d’un budget supplémentaire de 100 millions d’euros qui sera dédié d’une part au financement de ce qui avait décidé… en mars, mais aussi au financement d’appels à projets calqués sur le mode de fonctionnement des pôles de compétitivité. Jury indépendant Un nouveau pôle donc ? Non, car le tissu industriel wallon ne serait pas encore assez développé. « Mais nous reprenons, notamment, le système du jury indépendant qui a bien fonctionné , précise Marie-Dominique Simonet, ministre de la Recherche.L’objectif est ici aussi de sélectionner les meilleures compétences et de les inciter à collaborer, de manière transversale. » A noter enfin, parmi les autres ajustements, la volonté des édiles wallons de mieux informer et sensibiliser la totalité des industriels à la dynamique initiée par le plan Marshall – vu que de trop nombreuses PME hésitent encore à s’y investir – ainsi que la demande adressée aux pôles de compétitivité de mieux déterminer, dès la demande de financement de projets, les besoins en formation qui y sont liés. Histoire d’éviter que l’emploi créé échappe à la Wallonie… par défaut de travailleurs qualifiés pour en profiter. Qui veut un zoning chez lui ? Le paysage dans le sud du pays c’est, outre de beaux vallons, de vastes étendues disponibles pour y construire des… zonings. Indispensable du point de vue économique – la Wallonie dispose là d’un atout pour attirer les investisseurs qui fait cruellement défaut à la Flandre – l’aménagement de ces espaces est pourtant souvent ralenti, voire paralysé, par des recours intentés par les riverains. Ce qui a le don d’irriter, dans une belle unanimité, les quatre invités au débat exclusif que Le Soir publiera, sur fond de plan Marshall, ce samedi : Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l’Economie et de l’Emploi, Eric Domb, patron des patrons wallons, Raymond Coumont et Jean-Claude Vandermeeren, respectivement responsables de la CSC et de la FGTB wallonnes. « Il y a là un véritable paradoxe , estime Eric Domb (président de l’Union wallonne des entreprises). Les entrepreneurs qui veulent investir sont confrontés à un véritable parcours du combattant ! Alors que notre territoire est une richesse, nous perdons un temps précieux à cause des lenteurs administratives mais aussi à cause de la confrontation entre intérêts individuels et collectifs. » Pour Jean-Claude Vandermeeren (FGTB), il faut être clair : « De telles actions sont, souvent, inadmissibles. On en arrive à des situations telles que des zonings dont la création avait été décidée il y a six ans ne sont pas encore opérationnels … » Estimant de son côté que le gouvernement wallon a déployé de gros efforts en ce domaine, le ministre Jean-Claude Marcourt reconnaît la difficulté : « Quelque 40 zonings doivent être équipés dans le cadre du plan Marshall (environ 1.132 hectares). A ce jour, un parc d’activités est terminé, celui de Kaiserbaracke à Amel, et trois sont en travaux, à Neufchâteau, Mouscron et Nivelles. Les études sont en cours par ailleurs et, pour prévenir ces retards liés à des contentieux, nous allons constituer des réserves supplémentaires , souligne-t-il.Mais une réflexion devrait sans doute aussi être menée sur la manière d’éviter certaines utilisations « abusives » du Conseil d’Etat, qui retardent considérablement nos projets . » La seule faute aux riverains ? Raymond Coumont (CSC) jette aussi la pierre dans le camp patronal : « Les entreprises ne peuvent pas constamment se retrancher derrière les difficultés administratives ou autres.Le cadre existe, il est certes perfectible, et c’est aussi le rôle du privé de s’en saisir pour développer de l’activité ! ».

Votre compte

Il y a dix ans dans Le Soir: «Marshall se met au «groen»

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en L’archive

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Hôpitaux: le «gang» de ransomware Lockbit revendique l’attaque du réseau Vivalia

Quel avenir pour les soldats ukrainiens d’Azovstal aux mains de la Russie?

Reportage «Terrifiées à l’idée de ne pas pouvoir se faire avorter»: le désarroi des Ukrainiennes réfugiées en Pologne

Roberto Martinez espère retrouver Eden Hazard «à son meilleur niveau» en juin: «Il est à nouveau libre»

Entretien Marc Roche: «Les Windsor, ce sont les Borgia, le sang et le poison en moins»

Comité de concertation: une décision ne fait plus de doute, voici ce qui reste sur la table

6 Belges sur 10 sont de plus en plus sensibles à la politique climatique de leur emploi

Pâques : les Belges se sont octroyés deux fois plus de jours de congé qu'en 2020

4 bonnes raisons d’avoir un animal de compagnie au bureau

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel