Comment remastérise-t-on des enregistrements live?

Comment avez-vous procédé ? Nous nous sommes rendu compte que dans nombre de gravures, la voix manquait d’air et que sa véritable présence faisait défaut. Nous nous sommes donc efforcés de révéler la réelle beauté de la voix qu’un mauvais usage de la technique avait détériorée. Notre premier travail a été d’opérer une sélection parmi les différentes copies d’une même soirée : LP, CD souvent excessivement filtrés, bandes radio. Nous avons aussi acheté la discothèque d’un collectionneur italien. On écoute alors toutes les versions et on repère leurs défauts. Notre objectif est de remonter vers la source la plus proche de la captation. On choisit ensuite une version de base sur laquelle s’articule notre travail et on la corrige par du matériel issu d’autres versions. Mais tous ces extraits doivent au préalable être uniformisés : vitesse de rotation des bandes, diapason, justesse d’intonation. Mais attention, il faut aussi veiller à ce que chaque enregistrement relève d’une même entité sonore qui est celle de la salle où a eu lieu l’enregistrement. La qualité des enregistrements reste variable. Chaque enregistrement a sa personnalité sonore mais la vérité me force de reconnaître que certains enregistrements ne correspondent plus à notre degré d’exigence actuelle. Mais en soi, ils sont les meilleurs témoignages actuellement disponibles et, franchement, personne ne voudrait se priver du Macbeth romain où Callas triomphe d’un rôle réputé inchantable ! Comment comparez-vous votre travail aux éditions antérieures ? Nos critères actuels diffèrent souvent de ceux appliqués aux éditions antérieures. Celles-ci, par exemple, s’efforçaient de couper un maximum du souffle inhérent aux enregistrements publics. On gommait ainsi un maximum de nuances pour arriver à un spectre sonore assez plat. Nous avons enlevé certains de ces filtres pour donner à l’enregistrement sa vraie réalité sonore tout en gardant le souci de ne jamais nuire à la musique. Certains enregistrements témoignent-ils de la patte des metteurs en scène ? Il est évident que le travail d’un metteur en scène comme Visconti s’entend aussi dans le rendu sonore du spectacle, de l’implication et des accents des chanteurs aux nuances de l’orchestre et il faut se réjouir de disposer de ces documents sonores alors que nous n’avons aucun document visuel. Pourquoi alors avoir préféré « La Traviata » de Lisbonne à celle de la Scala ? La Traviata nous a posé un problème complexe. La soirée de la Scala avec le trio Callas/ Giulini/Visconti est légendaire mais la bande sonore, par ailleurs disponible, est assez pénible alors que celle de Lisbonne est merveilleuse. De plus, Callas était incontestablement en meilleure forme à Lisbonne et son Alfredo (Krauss) est simplement magnifique. Nous avions donc le choix entre un souvenir mémorable qui ne tient pas ses promesses et la Violetta la plus achevée de Callas qui n’a jamais enregistré le rôle en studio. La qualité musicale a prévalu.

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