En néerlandais: «Le premier objectif est qu’ils osent parler»

E en, twee, drie... Actie ! » Juf Charlotte actionne un clap comme au cinéma et invite tour à tour les enfants de sa classe de troisième primaire à jouer leur « rol » sur l’estrade. C’est l’un de leurs premiers cours d’expression orale, sur les douze périodes par semaine d’immersion en néerlandais que propose l’école Notre-Dame de Grâce (Woluwe-Saint-Pierre), de la troisième à la sixième primaire. Mais avant que les élèves s’emparent du dialogue, la professeure s’est assurée qu’ils en comprenaient le sens et le contexte : « De sketch is op school : wat is het ? » A resitué les personnages : « Er zijn twee personen. Juf is een meisje. Wim is het een naam van een jongen of een meisje ? » Ou encore « La juf demande : Wim ben je daar ? Tu peux me traduire ? », demande-t-elle à un des 24 élèves de sa classe. Avec ses élèves débutants, elle s’autorise encore le français pour ne pas les effrayer. [scald=7502094:sdl_editor_representation] Juf Charlotte fait aussi un maximum de gestes – « J’aime faire le clown », confie-t-elle ensuite avec le sourire franc qui la caractérise. Ainsi pour montrer que la maîtresse garde le cahier de Wim, elle tient un « schrift » imaginaire dans les bras. « On peut choisir avec qui on est ? », demande un élève. « Juf Charlotte gaat kiezen », lui répond-elle en plaçant habilement un nouveau mot de vocabulaire. La réussite des quatre classes d’immersion (sur les dix-huit que compte l’école) tient aussi en partie à la personnalité créative et enthousiaste des deux « juf », Charlotte et Inge. « Le but de l’immersion, c’est de leur donner envie d’apprendre une langue. Ça peut aller très vite en s’amusant, c’est pour ça que je privilégie les activités ludiques, le chant, le bricolage, les excursions... Beaucoup de parents me disent que s’ils avaient appris comme ça plutôt qu’avec des listes de vocabulaire, ils auraient mieux appris », confie Juf Charlotte. [scald=7502095:sdl_editor_representation] Des parents demandeurs Conscients de l’importance de l’apprentissage des langues, les parents de ce quartier cossu de Bruxelles sont très demandeurs de ces classes d’immersion. « Au moment de l’inscription sur internet pour nos élèves qui vont entrer en troisième primaire, les 24 places sont prises en quelques secondes. On doit refuser une dizaine d’élèves chaque année », relate la directrice de l’établissement, Myriam Wallaert, qui porte ce projet depuis 13 ans déjà. « Tous les enfants et tous les parents ne le souhaitent pas, tempère-t-elle. Ce pourquoi on a fait le choix de proposer les deux circuits. Comme nous avons préféré ne commencer l’immersion qu’à partir de la troisième primaire, pour permettre aux enfants d’apprendre la lecture dans leur langue maternelle. Globalement, les parents choisissent notre école plus pour son approche pédagogique que pour l’immersion en tant que telle. » Pour la directrice, « le premier objectif de ces classes en immersion est qu’ils osent parler en néerlandais : les progrès dans une langue viennent avant tout de l’expression orale ». Et ce sans sacrifier le français, qui compte pour moitié dans le cursus scolaire de ces enfants en immersion. Concrètement, continue Myriam Wallaert, sur les douze périodes de néerlandais, trois se concentrent sur la langue en elle-même au second degré (cinq pour le troisième) et le reste est consacré au calcul, à la géographie, à l’actualité, à l’expression orale, aux voyages ou excursions... Comme le résume Juf Inge dans un français impeccable et sans accent, comme sa collègue, « ce ne sont pas des cours de néerlandais mais en néerlandais ».

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