Pieds et poings liés en plein jeu de dupes

A supposer qu’il voie le jour dans les temps impartis par l’UEFA (en gros, un an avant le match d’ouverture de l’Euro des Villes en 2020, plus ou moins promis à Bruxelles pour la symbolique), ce stade national déjà bien mal né avant qu’il ne voit le jour, ne sera malheureusement pas celui de tous les amateurs de sport, de tous les acteurs politiques et socio-économiques et encore moins de tous les Belges. Ce qui nourrit bien évidemment une ou deux réflexions. 1. Le constat par rapport au spectacle déplorable offert par les acteurs de ce dossier – partisans comme détracteurs – est consternant. Vu, notamment, la nécessité pour la capitale de l’Europe, de posséder des infrastructures sportives de format international au même titre que doivent l’être les hauts lieux de la culture de ce pays. Une évidence qui n’est visiblement pas comprise par tous et qui ne cesse de compliquer un dossier qui l’est déjà suffisamment au départ. De la localisation sur ce fameux Parking C flamand (mais relié à Bruxelles par une passerelle qui constitue un pont trop loin pour bon nombre de francophones), jusqu’au montage financier (où le politique a notamment été rattrapé par sa niaiserie après avoir tenté d’éluder le débat des deniers publics à injecter dans un stade comme on en consacre à d’autres domaines de la vie en société), en passant par l’impossible cohabitation entre le football et les autres sports (la fameuse piste d’athlétisme rejetée en bloc par le Sporting d’Anderlecht), l’évolution chaotique de l’affaire est malheureusement conforme à ce que l’on pouvait craindre. 2. Entre le politique et le business, se joue en réalité un bras de fer au milieu d’un vrai jeu de dupes. Lequel oppose d’une part les nouveaux hommes fort d’Anderlecht (depuis le passage en SA, la famille Vanden Stock rend désormais des comptes à son CA et non plus le contraire comme lors des décennies précédentes) et d’autre part le promoteur belgo-néerlandais BAM Ghelamco, qui n’a pas vraiment vocation à la philanthropie. Avec, au balcon, l’Union belge (simple locataire potentielle qui compte les points en se réjouissant notamment du déblocage récent du dossier du stade brugeois et de la probable extension de l’enceinte de Gand). Et, abandonné dans un coin ring, à portée des mauvais coups, des autorités bruxelloises et régionales à la fois impuissantes et déterminées à ne pas perdre la face. 3. Pieds et poings liés, tout ce beau monde est condamné à s’entendre, malgré les toutes dernières réticences en date qui concernent le business plan, c’est-à-dire le partage du gâteau. La rentabilité et la nécessité de trouver un nouveau toit restent au cœur des préoccupations anderlechtoises, le bénéfice constitue le souci premier de BAM-Ghelamco et le lever de rideau de l’Euro 2020 l’obsession absolue à l’hôtel de ville de Bruxelles où l’indéfectible soutien mutuel entre le bourgmestre Yvan Mayeur et son premier échevin Alain Courtois fait penser à s’y méprendre à un pacte politique entre le PS (sur le projet Néo et le piétonnier du centre-ville) et le MR (sur le stade national). 4. Etant donné la très faible rentabilité qu’offrirait un agrandissement du parc Astrid via un 3e anneau, Anderlecht semble, par voie de conséquence, ne plus avoir d‘autre choix que de monter dans le tram vers le plateau du Heysel.

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