Cancer du sein: faut-il étendre la mammographie généralisée?

C’est une révolution dans le domaine de la détection du cancer : la Société américaine du cancer (ACS), société scientifique qui recommandait aux femmes de se faire dépister du cancer du sein par une mammographie dès 40 ans, recommande désormais de ne plus le faire qu’à partir de 45 ans. Chez nous, la recommandation est de faire ce dépistage à partir de 50 ans. La mammographie (ou mammotest) est gratuite pour la patiente jusqu’à 69 ans, le dépistage n’étant plus systématique ensuite. Les experts de l’ACS stipulent qu’une mammographie tous les deux ans est suffisante au-delà de 54 ans si les femmes sont en bonne santé et ont une espérance de vie d’au moins dix ans, selon ces nouvelles recommandations. L’ACS estime aussi qu’il n’est plus nécessaire de procéder chez toutes les femmes, quel que soit leur âge, à des examens cliniques des seins pour détecter d’éventuelles grosseurs si elles ne présentent pas de risque particulier. « Après une analyse méticuleuse sur des femmes de 40 à 54 ans, nous avons conclu que le fardeau de la maladie était moindre, sans être négligeable, chez celles âgées de 40 à 45 ans et que les risques liés à la mammographie ne se justifiaient plus dans ce groupe d’âge », écrit l’ACS. Ces changements vont affecter l’âge et la fréquence de ces examens aux Etats-Unis, car aucun programme systématique de dépistage comme le mammotest n’y est organisé. Cette expertise est une « reconnaissance des limites de la mammographie et de ses travers, comme le nombre élevé de résultats faux-positifs qui entraînent d’autres analyses comme des biopsies ». La mammographie est en effet positive chez 10 % des femmes. Mais 9,5 fois sur 10, il ne s’agit pas d’un cancer. Mais il faut faire des examens complémentaires pour en être certain. Attention cependant : l’organisation précise bien qu’il s’agit là de la détection générale. « Les femmes entre 40 et 44 ans ayant un risque accru de développer un cancer du sein, comme des prédispositions génétiques, peuvent faire une mammographie annuelle ». Le cancer du sein touche environ une femme sur sept dans le monde. Les experts américains semblent donc rejoindre les experts européens et belges, qui ont tranché généralement pour un dépistage entre 50 et 69 ans. Mais c’est une option toujours controversée. Faut-il que notre dépistage commence dès 45 ans ? Ou se prolonge jusqu’à 75 ans, comme en France et en Grande-Bretagne ? Nous avons récolté l’avis divergent de trois experts sur l’extension des tranches d’âge auxquels appliquer un dépistage systématique. Cette nouvelle appréciation ne change en tout cas pas l’avis du ministre wallon de la Santé Maxime Prévot (CDH) : « Je soutiens l’option européenne, c’est-à-dire une invitation systématique à toutes les femmes au dépistage dès 50 ans. Les études le confirment. Cependant, il faut bien constater que toutes les femmes ne sont pas égales et que la prévention ne touche pas toutes les catégories sociales de la même manière. C’est pourquoi j’insiste aussi sur le rôle du médecin généraliste dans la sensibilisation de la prévention. Le médecin généraliste est aussi celui qui peut être sensible aux risques plus importants pour certaines femmes dont les antécédents familiaux augmentent le risque même avant 50 ans. Ce n’est donc pas la diminution de l’âge pour tout le monde qu’il faut viser, c’est la combinaison d’une prévention pour toutes après 50 ans et une attention particulière avant 50 ans aux femmes qui ont plus de risques. »

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