Plus un, mais deux Mister Coupe Davis

David n’avait plus joué à ce niveau depuis sa blessure à Roland-Garros « Le meilleur match de ma carrière avec la Belgique » Qu’on soit bien d’accord. Avec un bilan de 19 victoires en 22 matches de simple (!), David Goffin est clairement impliqué depuis longtemps dans l’incroyable aventure que vit cette équipe de Coupe Davis depuis six ans (début de Johan Van Herck, qui l’a rapidement sélectionné). Mais le courage qu’il a démontré toute cette semaine, la communion avec le public dont il a pris l’énergie et cette émotion qui l’a poussé à embrasser le court après son exploit contre Kyrgios, l’ont adoubé définitivement en « Mister Coupe Davis », en plus de Steve Darcis ! D’ailleurs, Goffin lui-même ne s’y trompe pas. « Contre Kyrgios, j’ai sans doute livré le meilleur match de ma carrière pour la Belgique en Coupe Davis. Même dans le premier set, que je perds au tie-break, j’ai livré une fameuse bataille (NDLR : Kyrgios lui a mis une pression de feu, avec 7 balles de break à sauver, il aurait pu s’envoler à 0-4, Goffin serra le jeu pour faire 2-2). Mais une fois que je suis parvenu à prendre son service d’entrée dans le deuxième set, je me suis senti libéré, de mieux en mieux dans mon match. J’étais plus solide dans les échanges, mieux sur ma ligne de fond et puis, là, je pense ne jamais avoir aussi bien servi. Avec un break dans chaque set, et même deux dans le quatrième, je l’ai chaque fois mis sous pression et il a fini par craquer. » [scald=7655751:sdl_editor_representation] « Un derby contre mes potes français » Il faut en effet souligner la performance de Goffin au service alors que, normalement, c’est plutôt l’atout du grand Australien. Il a réussi 20 aces, pour 24 à Kyrgios, et s’est même permis de ne perdre qu’un seul point sur sa mise en jeu dans la deuxième manche ! Il a ainsi battu le deuxième top 20 de sa carrière, en Coupe Davis, après le Croate Marin Cilic (12e), en mars 2016 à Liège. Le jour et la nuit par rapport au Goffin encore poussif et plein de doutes de vendredi contre Millman. « Cette victoire, c’est avant tout un succès d’équipe, les joueurs, le staff, le public. Je suis heureux d’avoir pu retrouver ce niveau. Ça a vraiment été très difficile pour moi ces trois derniers mois après ma blessure à Roland-Garros. Je me suis arraché… Je reviens de loin. Suis-je relancé maintenant ? Il faudra voir comment mon genou va réagir après tout ça car, chaque jour, j’ai reçu une injection avec un anti-inflammatoire. Je vais me reposer avant d’aller jouer le tournoi de Metz (NDLR : où il est tête de série nº2 derrière Carreno-Busta). J’ai demandé à débuter le plus tard possible, donc ce jeudi normalement… » Mais avant cela, David Goffin allait évidemment prendre le temps de savourer ce nouvel exploit, avec le tee-shirt « We’re in the final » sur le dos. « Ce succès, je me le dédie... à moi-même », rigole-t-il, dans l’euphorie ambiante. « Non, c’est surtout pour moi une énorme fierté et beaucoup d’émotions. Et comme dit Steve, on mériterait maintenant de gagner le Saladier. Je suis vraiment pote avec tous les joueurs français, Jo (NDLR : Tsonga), Lucas (Pouille), Nico (Mahut) et Pierre-Hugues (Herbert). Ce sera plus qu’un derby pour moi ! Je ne leur ai pas encore envoyé de sms, mais je ne vais pas tarder à les charrier (rires). » Pour la 6e fois (la 4e à 2-2), Steve Darcis a apporté le point décisif à la Belgique « On mériterait de gagner ce Saladier » Il avait déjà apporté le point décisif à cinq reprises (trois fois à 2-2, une à 2-1 et une à 2-0), et en habitué de ces instants particuliers, lorsque les regards sont pointés sur lui et le sort de son pays placé dans sa raquette, Steve Darcis a assuré, face à un Jordan Thompson préféré à Millman par Lleyton Hewitt, délivrant le banc belge et les 8.000 spectateurs du Palais 12. Proprement, en trois sets (6-4, 7-5, 6-2), pour s’offrir le droit de s’affaler sur le court bruxellois. Comme en 2015 lorsqu’il avait, déjà, envoyé les Diables blancs en finale. « Quand il faut jouer à deux partout, Steve est un des meilleurs joueurs du monde », résumait David Goffin, plus complice que jamais avec l’autre héros du week-end. [scald=7655752:sdl_editor_representation] C’est clair : le Darcis qu’on a vu dimanche, et même vendredi face à un Kyrgios poussé aux cinq sets, vaut bien mieux que le 77e rang mondial auquel il pointe aujourd’hui. Et pourtant, il l’avouait lui-même, dans un éclat de rires partagé par toute son équipe : il n’est pas si friand de ces moments. Difficile à croire… « Jouer à 2-2, ce n’est jamais très gai, mais j’ai la chance d’avoir déjà connu ça à plusieurs reprises, au contraire de Thompson (NDLR : l’Australien disputait son 4e simple en Coupe Davis, Darcis son 31e). J’étais tendu en montant sur le court, mais sans doute moins que lui », analysait le Liégeois de trente-trois ans. « Après le match que David avait sorti, je ne pouvais pas me louper ! Il a fait un job incroyable durant tout le week-end, alors qu’il n’était même pas certain de jouer. Cela aurait été difficile de ne pas être inspiré et motivé par une telle performance. Quand David joue comme ça, il a le niveau du Top 2 mondial. » « Pas dû au hasard » Comme en 2015 face à l’Argentine, Goffin a remis la Belgique à flots, et Darcis a ouvert le chemin vers l’apothéose. « C’est magique, fabuleux, de vivre des moments pareils tous ensemble, entre potes. C’est difficile d’exprimer les sentiments que j’ai ressentis après le dernier point, quand le public a exulté et que j’ai vu tous mes potes me sauter dessus. On a une équipe exceptionnelle, on l’a prouvé ce week-end mais aussi depuis de nombreux mois. Contrairement à 2015, où on avait bénéficié de circonstances assez favorables, on n’a pas eu un tirage facile, mais le résultat est le même : on est encore en finale. » Avec la même ambition de la gagner, mais sans doute une opportunité encore plus belle. Les joueurs et le capitaine belges sont les premiers à le reconnaître… « Cette deuxième finale n’est certainement pas due au hasard. C’est une récompense pour les joueurs, le capitaine, le staff et toute la fédération. C’est la preuve qu’on travaille bien et c’est une suite logique. Maintenant, il reste une finale et on veut la gagner. Cela me ferait ch… d’avoir une deuxième petite coupe du finaliste dans mon salon. On mériterait vraiment de remporter ce Saladier d’Argent ! » Et Steve Darcis en particulier, lui qui voue une fidélité quasiment indéfectible à cette compétition depuis plus de dix ans. Une compétition qui lui ressemble, et dont il partage plus que jamais les valeurs…

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