«Airbnb a rapporté 304 millions à la Belgique»

Airbnb – qui propose à des particuliers de louer leur logement pour une courte durée à d’autres particuliers – est ponctuellement accusée de vampiriser les professionnels du secteur de l’hébergement touristique. Ou encore d’appauvrir l’offre en location « long terme » des centres urbains. « Faux », assure Emmanuel Marill, responsable du développement de la plate-forme en France et en Belgique, chiffres à l’appui (l’entreprise a réalisé sa propre étude d’impact économique). Selon le patron, Airbnb est là pour créer de la valeur dans les pays où elle est installée – « Airbnb a d’ailleurs rapporté 304 millions d’euros à la Belgique cette année » –, pas pour appauvrir la concurrence. [scald=7805618:sdl_editor_representation] Airbnb enregistre à nouveau une très belle croissance en termes de nombre de voyageurs (+50 %) dans tout le pays. Le marché va-t-il un jour stagner ? Nous en sommes au début de notre développement (Airbnb est actif depuis 2012 en Belgique, NDLR), il y a donc encore beaucoup de potentiel pour nous en Belgique. A notre lancement, Airbnb était un phénomène essentiellement urbain. On est passé de Bruxelles aux autres grandes villes belges, puis à leur périphérie. Aujourd’hui, 80 % des logements belges proposés sur notre plate-forme sont situés dans des communes où il n’y a pas d’hôtels ! La Flandre est devenue ces douze derniers mois le premier marché d’Airbnb en Belgique, dépassant la capitale. Qu’est-ce qui explique cette nouvelle tendance ? Tout simplement la réglementation mise en place par la Région pour les hôtes Airbnb. Elle est très favorable à une plate-forme comme la nôtre. Même constat pour la Wallonie : le cadre réglementaire est simple, avant-gardiste. Celui qui souhaite louer son bien doit le notifier auprès de sa commune. La démarche est digitale, non contraignante. Nous saluons ces initiatives, particulièrement innovantes. Le constat est différent à Bruxelles… A l’opposé : la nouvelle réglementation (une ordonnance de 2016 qui vise à réorganiser l’ensemble de l’hébergement touristique, NDLR) y est extrêmement complexe. Tellement qu’elle manque de lisibilité pour nos hôtes ! Ces derniers sont perdus dans les démarches à effectuer. Où en est le dialogue avec les pouvoirs publics bruxellois ? Au point mort. Nous nous sommes focalisés ces derniers mois sur notre communauté bruxelloise, afin de pouvoir aborder la discussion avec les autorités à travers leurs arguments. En 2018, l’ordonnance sera pour la première fois évaluée, cela devrait nous aider à y voir plus clair. Mais la question est aussi de savoir si le gouvernement bruxellois souhaitait nous freiner dans notre développement dès le départ ou s’il est désormais dépassé par son propre cadre. Les autorités vous reprochent de cannibaliser le circuit de la location classique, créant une pénurie de logements dans les centres urbains. C’est le cas en Belgique et à Bruxelles, selon vous ? Il y a un vrai fantasme autour de l’hôte Airbnb ! Notre étude le montre : l’hôte type (les chiffres cités sont des médianes, NDLR) loue son logement 31 nuitées par an – on est donc loin de 365 jours à l’année ! – et gagne 2.100 euros sur la période. Une minorité des personnes louent plusieurs biens de manière intensive et cette minorité alpague systématiquement l’attention des médias. C’est dommage pour notre communauté. Par ailleurs, aucune étude n’a jusqu’à présent démontré l’impact négatif d’Airbnb sur la location de longue durée… Airbnb ne vide donc pas non plus les hôtels de leur clientèle… Non. Les chiffres 2016 du tourisme sont excellents, voire records pour les grandes chaînes ! Le gâteau s’agrandit : 30 % de nos voyageurs répondent qu’ils ne seraient pas venus en Belgique sans Airbnb. Nous proposons un panel d’offres spécifiques, insolites. Nos voyageurs choisissent de plus en plus leur destination en fonction du logement, des activités proposées autour de ce dernier. Airbnb est par ailleurs financièrement accessible, les hébergements sont plus spacieux que dans le circuit classique : nos voyageurs voyagent plus en famille, la durée moyenne de leur séjour est plus longue et ils dépensent plus localement ! Si vos activités sont si florissantes, pourquoi n’avez-vous toujours pas installé un bureau chez nous ? Pourquoi également ne payez-vous pas un euro à l’administration fiscale belge ? Premièrement, nous sommes présents dans 190 pays : il est inconcevable que nous ayons des bureaux partout. Nous opérons depuis plusieurs sièges centraux en Europe. Deuxièmement, il est important de ne pas tout mélanger en matière de fiscalité. Beaucoup aimeraient traiter l’économie numérique comme un ensemble. Cela ne fonctionne pas : les niveaux de maturité sont différents entre les entreprises et, bien sûr, leurs activités également ! Il y a des plates-formes qui ne créent rien en Belgique. D’autres qui y créent de l’emploi, Uber et Deliveroo par exemple. D’autres encore comme Airbnb qui créent du pouvoir d’achat. Quand vous réservez une chambre chez nous, la quasi-totalité de la transaction reste en Belgique, cela est à ne pas perdre de vue. Mais il est vrai que la fiscalité européenne est issue d’une époque « fordiste », elle est liée à des notions très matérielles. Le cadre évoluera, c’est certain. Et nous le suivrons, comme nous l’avons toujours fait. [scald=7805617:sdl_editor_representation] A côté des cadres réglementaires, le particulier belge qui loue un bien sûr Airbnb doit également déclarer ses revenus annexes. Faites-vous désormais, comme cela avait été annoncé par le gouvernement fédéral, remonter vos données utilisateurs directement au fisc ? Les choses sont encore en stand-by, nous n’avons reçu aucune information à ce niveau depuis un an… Cela pourrait par ailleurs poser problème au niveau de la protection de la vie privée.

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