Nations Unies: péril sur le «deal» avec l’Iran

L’Europe allait tenter de sauver les meubles de l’accord international sur le programme nucléaire iranien, mercredi soir à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Cet accord a été négocié sous le leadership de l’ex-président américain Obama mais son successeur l’a définitivement placé dans son viseur : l’accord a été « l’une des pires transactions de l’Histoire », a mitraillé Donald Trump, mardi, à la tribune des Nations unies. « Franchement, c’est un embarras pour les Etats-Unis et croyez-moi, nous n’avons pas fini d’en entendre parler ! » C’est l’Union européenne, sous l’égide de Federica Mogherini, la Haute représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, qui est chargée de vérifier la bonne mise en œuvre du compromis. Celui-ci a été conclu à l’été 2015 avec l’Iran. Il entraînait une levée de pans entiers des sanctions imposées à la République islamique, en échange de l’arrêt des activités nucléaires de Téhéran susceptibles d’offrir, un jour à l’Iran, la capacité de se doter de la bombe atomique. Une réunion ministérielle des six parrains officiels de l’accord était à l’agenda, ce mercredi, avec l’Iran : trois pays européens (Allemagne, France, Royaume-Uni), les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Ce « conseil de guerre » devait s’achever dans la nuit, heure belge. En rencontrant le vice-président américain Mike Pence, mardi, Mogherini a déjà réaffirmé que cet accord « fonctionne » et que « l’Iran respecte ses engagements, comme certifié déjà sept fois par l’Agence internationale pour l’énergie atomique ». « Il est dès lors important qu’une mise en œuvre du deal se poursuivre, dans toutes ses parties et par toutes les parties ». Lundi, la cheffe de la diplomatie de l’UE avait déjà souligné que l’accord « n’appartient pas à un pays ou un autre. Le deal appartient à la communauté internationale ». Mais dans cette communauté internationale, le nouveau pouvoir aux Etats-Unis semble déterminer à torpiller l’accord. Sur un ton plus diplomatique que le président, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a indiqué lors d’un entretien à Fox News, qu’il fallait « renégocier » l’accord. « Cet accord doit vraiment être revisité », a-t-il argumenté, parce qu’il ne couvre qu’une période de dix ans, ce qui « ne fait que remettre le problème à plus tard ». De son côté, le président français Emmanuel Macron a jugé mercredi que l’accord ne devait en aucun cas être « abandonné » mais qu’il pouvait être complété : par un volet sur les missiles balistiques des mollahs et pour l’après-2025. Mais les Iraniens, qui ont aussi entendu Trump décréter que le « régime oppressif (iranien) ne peut durer éternellement », ont déjà opposé une fin de non-recevoir à cette velléité de renégociation. A New York, le président Rohani a indiqué à des journalistes, cité par l’AFP, que discuter avec un gouvernement qui choisirait de « bafouer ses engagements internationaux » serait une « perte de temps ». D’autant que « chaque mot de chaque moindre phrase » du texte a déjà été âprement négocié par les signataires et « retirer une seule brique ferait s’effondrer toute la construction ». « Cet accord appartient à la communauté internationale dans son ensemble et pas à un ou deux pays », a dit à son tour Hassan Rohani, mercredi matin, à la tribune de l’Assemblée générale. « L’Iran ne sera pas le premier pays qui violera l’accord mais nous réagirons avec résolution en cas de violation par un pays, quel qu’il soit, a menacé à son tour le président iranien. Il serait très regrettable que cet accord soit détruit par des nouveaux voyous en politique ».

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