16 clubs de D1 en 8es de finale de la Coupe: du jamais vu!

N’en jetez plus, la Coupe est pleine ! Le Sporting de Charleroi a parachevé le travail ce jeudi soir en boutant La Louvière Centre hors de la Croky Cup édition 2017-2018. Pour la toute première fois de l’histoire (il s’agit quand même de la 63e édition !), on ne retrouvera que des clubs de l’élite nationale belge en huitièmes de finale de l’épreuve. Au grand dam des « petits » dont l’accès à la plus prestigieuse compétition à élimination directe se limite à de (trop) rares chemins de traverse. Porteuse dans la théorie d’une image positive et magique, la Coupe de Belgique peine décidément à nouer des liens de connivence avec les formations de l’ombre. Si on retient principalement que le RFC Liège a fait tressauter Zulte Waregem à Rocourt et que les supporters de Courtrai ont hissé l’improbable gardien Fabrice Genchi (Durbuy) au rang de coqueluche éphémère, le constat est bien rigide : la scène n’appartient qu’aux artistes confirmés et protégés. La pire des routines pour des spectateurs avides de sensations et d’étonnement. On est à mille lieues de revivre une finale entre deux clubs de D2, comme ce fut le cas en… 1956 avec Tournai et Verviers. 1 Les clubs professionnels sont toujours protégés Le passage d’une D1 à 16 clubs (au lieu de 18) à l’aube de l’exercice 2009-2010 a permis d’augmenter le nombre de participants des divisions inférieures de 14 à 16, au 6e tour. Une modification numérique sans la moindre conséquence positive pour eux, comme en attestent les chiffres de présence de ces mêmes cercles au tour suivant (voir graphique) au fil du temps. Il faut dire que la politique de protectionnisme prônée depuis toujours coupe l’herbe sous le pied des doux rêveurs. Que ce soit en 32es (8 équipes de D1B) ou en 16es (16 équipes de D1A) de finale, les professionnels bénéficient d’un statut de tête de série qui les empêche de s’affronter. L’avis de Pierre François (CEO de la Pro League) : « La question du protectionnisme est venue sur la table. Mais demandez à un président d’un club amateur, qui est parvenu à se hisser jusqu’en 16es de finale, s’il préfère affronter une D1 ou bien un autre cercle des divisions inférieures ; il vous dira qu’il privilégie la première option… » 2 Des inversions dictées par les TV et les lux Les clubs amateurs ont désormais l’opportunité de défendre automatiquement leurs intérêts à domicile. Un principe formel qui a été démonté suite aux obligations télévisuelles et au règlement visant (notamment) le respect d’une certaine luminosité pour assumer pleinement une retransmission en direct. Heist-Standard et La Louvière Centre-SC Charleroi ont donc finalement eu lieu à Sclessin et au Mambourg. L’avis de Pierre François : « La magie n’opère plus ? Que du contraire ! C’est à notre initiative que les clubs amateurs reçoivent systématiquement à domicile en 16es et 8es de finale. Nous ne voulions plus de ce marchandage qui permettait aux élites de recevoir en compensant financièrement leurs adversaires… Bien sûr, il faut que quelques critères soient remplis. Comment voulez-vous recevoir Anderlecht ou le Standard sans une enceinte de minimum 1.500 places ? Et la question des lux qui a provoqué l’inversion de plusieurs rencontres ne se posera plus dès l’année prochaine. Un minimum de 300 lux sera toujours exigé, mais les détenteurs des droits TV devront s’en contenter ou changer de match. Quant à savoir pourquoi une même logique n’est pas de mise lors des quarts de finale, c’est très simple : nous sommes alors en pleine période hivernale (NDLR : mi-décembre) et il est donc nécessaire de bénéficier d’un terrain chauffé. » 3 Début de saison frustrant pour de nombreux grands Le manque de constance et de résultats des équipes du top a subitement ravivé l’intérêt de cette Croky Cup au sein des divers matricules de D1A. Conscients que la phase de poules de l’Europa League 2018-2019 passait peut-être par cette voie auxiliaire, ils n’ont pas manqué de resserrer la vis face à un opposant dès lors limité au rôle de faire-valoir et muselé dans ses tentatives de rébellion. Personne n’est dupe, l’attrait de l’épreuve ne commence vraiment qu’au prochain tour, c’est-à-dire à la fin du mois de novembre quand les maigres effets de surprise laissent place aux chocs entre ténors. En attendant, il faut bien tenir jusque-là et (tenter de) se raconter des belles histoires. L’avis de Pierre François : « Zulte Waregem, tenant du titre, La Gantoise, et Waasland/Beveren, qui ont évolué en déplacement, ont tous connu des difficultés. Mais la logique sportive a finalement été respectée et en tant que CEO de la Pro League, je ne peux que me réjouir de voir que nos clubs ont assumé leur statut. Il y a tout de même un ticket européen important à la clé »

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