Il y a dix ans dans Le Soir : «Fortis dope son capital»

(article paru le 22 septembre 2007) Une bonne nouvelle ne vient jamais seule : Fortis a enfin réussi à boucler son augmentation de capital de 13,2 milliards d’euros, une étape indispensable pour réaliser la plus grosse offre publique d’achat jamais effectuée sur une banque, à savoir acquérir, en compagnie de RBS et Santander, le groupe financier néerlandais ABN Amro. Et Fortis ne semble pas affecté par la crise financière actuelle. Compte tenu de la marche des affaires au cours des neuf premiers mois de cette année, le groupe « estime, sauf circonstances imprévues, qu’il n’y a aucune raison de revoir le consensus sur le bénéfice net (hors cessions) qui est de 4,2 milliards d’euros pour la totalité de l’exercice de cette année ». Et puis, donc, Fortis va émettre pour financer le rachat d’ABN Amro un peu moins de 900 millions d’actions nouvelles qui viendront s’ajouter au 1,3 milliard d’actions existantes. Cette émission est réservée aux actionnaires actuels, qui pourront souscrire à proportion de deux nouvelles actions pour trois anciennes, au prix de 15 euros par action nouvelle. Ce qui représente une décote de 43 % par rapport au cours de Fortis. Une bonne affaire donc pour – encore faut-il en avoir les moyens – les actionnaires actuels de Fortis ou ceux qui le deviendront jusqu’à lundi (on tiendra compte des actions enregistrées à cette date pour les droits de souscription). L’annonce a d’ailleurs fait bondir le cours de Fortis vendredi matin, mais finalement, il termine pratiquement inchangé. Un syndicat de treize banques, piloté par Merrill Lynch, aidera à placer ces titres. En Belgique, ING, KBC, Petercam, Dexia, et Degroof en font partie ainsi que, bien évidemment… Fortis. Pas de dilution Mais offrir ces nouvelles actions avec une telle décote ne va-t-il pas « diluer » les actionnaires existants ? Réponse de Gilbert Mittler, le directeur financier de Fortis : « Parler de dilution n’est pas adéquat. L’actionnaire existant a le droit de souscrire en priorité. S’il l’utilise, il aura donc toujours droit à la même part du bénéfice de Fortis. Et s’il ne souscrit pas, il pourra revendre ses droits en Bourse. Nous avons utilisé en fait un moyen traditionnel pour donner l’opportunité à nos anciens actionnaires de créer de la valeur via cette opération. » Quant à la décote de 43 % de ces nouveaux titres, « elle est dans la moyenne historique pour ce genre d’opération », note Gilbert Mittler, qui estime aussi que Fortis ne paie pas trop cher sa participation dans ABN Amro : « Je ne crois pas que ce soit cher payé pour un actif qui donne 11,1 % de retour sur investissement, d’autant plus qu’il est en dessous du risque moyen des actifs de Fortis », dit-il, ajoutant que l’acquisition d’ABN Amro représente une opportunité unique d’occuper une position importante dans un marché extrêmement riche. Et puis Fortis travaille à lever un autre obstacle, réglementaire celui-là. La Commission européenne s’inquiète en effet de la position dominante qu’aurait l’ensemble Fortis+ABN Amro sur le marché bancaire des PME aux Pays-Bas. Fortis envisage donc de revendre environ 10 % des actifs d’ABN Amro qu’il achète, parmi lesquels Hollandsche Bank Unie, une filiale de ABN Amro spécialisée dans les paiements internationaux et les services financiers aux entreprises.

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