Asile: La Belgique en deçà de ses engagements de relocalisation

Impossible de ne pas remarquer l’écart. Entre les 3.812 demandeurs d’asile que la Belgique s’était engagée à relocaliser sur son territoire et les 997 personnes qu’elle a finalement accueillies jusqu’au 22 septembre. Un contraste qui enrage Amnesty International. Ce lundi, l’ONG publiait sur son site un appel aux « États européens à redoubler d’efforts pour atteindre leurs quotas […] et à accueillir aussi, par d’autres voies, des personnes ayant besoin d’une protection qui se trouvent en Italie ou en Grèce ». Dans ce communiqué, Amnesty pointe du coup les mauvais résultats de la Belgique dans la relocalisation des demandeurs d’asile. Une accusation que balaie le secrétaire d’état à l’Asile et la Migration, Theo Francken (N-VA), qualifiant les remarques de l’ONG d’«intellectuellement malhonnêtes » sur son blog. Un premier engagement européen surévalué Effectivement, si la Belgique est loin du compte, c’est que le nombre de demandeurs d’asile éligibles a fortement chuté depuis les engagements pris par les pays européens. En septembre 2015 en effet, la Commission européenne demandait aux pays membres d’accueillir quelque 160.000 demandeurs d’asile. Mais depuis la fermeture de la route migratoire des Balkans et les accords établis avec la Turquie l’an dernier, ce chiffre a été revu à la baisse, les pays européens s’étant mis d’accord sur un mécanisme devant bénéficier à 98.000 réfugiés. Par ailleurs, les migrants éligibles à une relocalisation devaient fuir un pays pour lequel le taux de reconnaissance de l’asile devait dépasser les 75 %. Essentiellement donc des ressortissants Syriens et Érythréens. En avril dernier, le commissaire européen à la migration, Dimitris Avramopoulos expliquait ainsi que « le nombre de personnes éligibles pour une relocalisation en Grèce et en Italie [était] en train de devenir plus faible que les estimations initiales ». Des ambitions belges revues à la baisse En février dernier, le secrétaire d’Etat avait donc décidé - comme de nombreux pays de l’UE - de revoir ses objectifs à la baisse, acceptant de relocaliser 1.530 personnes. Mais même avec cette baisse, la Belgique reste en retard puisqu’elle a effectivement recueilli un peu moins de 1.000 personnes. « Nous laissons la possibilité chaque mois de relocaliser des candidats, mais les demandes sont très rares puisqu’il reste peu de personnes éligibles en Grèce et en Italie. Ce n’est pas notre rôle de chasser des fantômes, explique Katrien Jansseune, porte-parole de Theo Francken. Nous comptons bien remplir nos engagements, mais on ne va pas aller plus loin surtout si les demandes ne suivent pas ». C’est ce manque de proactivité que dénonce Amnesty dans un second communiqué. « Nous avons toujours plaidé pour un accueil supplémentaire. Ce que nous dénonçons, c’est cette restriction que pratiquent certains pays vis-à-vis des critères comme les 75 % de taux d’octroi d’asile notamment. Tout d’abord, cela n’empêche pas certains pays comme Malte, la Finlande et l’Irlande, de faire beaucoup mieux et de parfois même les dépasser, remarque Valérie Michaux, coordinatrice des campagnes et de la communication chez Amnesty Belgique. On voudrait nous faire croire qu’il ne reste plus personne à Lampedusa. Mais la réalité, c’est qu’en 2016, 1,2 million de personnes sont arrivées en Europe par la Méditerranée et que l’Europe n’a depuis septembre 2015 relocalisé qu’un peu plus de 29.000 personnes. Et la Belgique, un peu moins d’un millier ». Le programme de relocalisation devait prendre fin ce mardi. Mais les demandes non encore traitées restent éligibles. Les Etats-membres devront donc continuer d’accueillir, dans les mois à venir les candidats à l’asile éligibles et tendre vers leurs engagements. Ainsi, la commission estime que 2.800 personnes en Grèce l’attendent toujours, tandis que 2.000 autres devraient être éligibles. En Italie, 7.200 éligibles sont arrivées depuis le début de l’année, mais à peine 4.000 demandes avaient été enregistrées par les autorités débordées au début du mois.

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