Nouvelle vague d’annulation chez Ryanair: la dernière?

Dans la série « jamais vu dans le secteur aérien européen », Ryanair écrit une deuxième page en deux semaines : après avoir annulé 2.100 vols sur les six semaines précédant la fin octobre et la fin de sa saison d’été, la low cost irlandaise annonce la suppression pure et simple de 18.000 autres vols d’ici la fin mars et le début de la saison d’été 2018. Cette fois, ce sont 400.000 passagers qui ont reçu, ce mercredi, un mail leur annonçant la suppression de leur vol. ► Ryanair: la liste des 34 nouvelles suppressions de lignes jusqu’à mars 2018 « Après ça, il n’y aura plus de suppressions » assure la direction de Ryanair… Visiblement, la compagnie a retenu une partie des leçons de la semaine dernière. Elle annonce tôt assez pour éviter de devoir indemniser les 400.000 passagers qui ont déjà réservé : ça concerne uniquement les annulations moins de 14 jours avant le départ. Elle profite de la crise et de sa baisse de popularité pour balancer toutes les mauvaises nouvelles qui concernent le public. Enfin, elle a envoyé un message clair à la fronde des pilotes : la compagnie préfère ralentir sa croissance plutôt que de laisser les pilotes profiter de sa faiblesse et la forcer à négocier de meilleures conditions pour les équipages. Concrètement, Ryanair a choisi de diminuer l’usage de sa flotte de 25 avions durant la saison d’hiver (novembre-mars). Avec une moyenne de 5 vols par jour, durant 150 jours, ça donne un total d’environ 18.000 annulations. Des vols annulés, comme lors de la précédente vague, étaient avant tout prévus là où la compagnie propose plusieurs vols par jour vers la même destination. Des vols sur lesquels il y avait déjà 400.000 réservations, sur un potentiel de 3,5 millions de passagers (189 places par avion), soit « moins de 1 % des 50 millions de personnes que Ryanair transportera cet hiver ». Toutes les personnes concernées ont été prévenues ce mercredi, avec des propositions d’alternatives ou de remboursement. Et, ô bonté suprême, un voucher de 40 euros de réduction (80 pour un aller-retour), durant le mois d’octobre, sur une réservation sur un autre vol Ryanair de la saison d’hiver. [scald=8108681:sdl_editor_representation] Test Achats : inacceptable ! Pour Test Achats, qui dit avoir déjà ouvert plus de 250 dossiers de plainte lors de la précédente vague d’annulation, cette nouvelle annonce est inacceptable et augmente la confusion : « Une première vague d’annulations, des soldes sur certains vols à 10 euros, une offre de « bons » de réduction de 80 euros à faire valoir sur des prochains vols, des excuses et des promesses, une seconde liste de vols, une nouvelle vague d’annulations, et c’est 600.000 passagers désorientés et préjudiciés. » L‘association de défense appelle les consommateurs à la prudence avant d’utiliser le voucher pendant que ses juristes analysent les implications potentielles. [scald=8102955:sdl_editor_representation] Du côté de Charleroi, où l’on n’a appris l’imminence de ces annulations que peu de temps avant la communication officielle de Ryanair, on se réjouit de ne pas faire partie des aéroports « impactés » par la suppression des 34 routes. « Mais vu le contexte actuel, nous ne pouvons pas garantir que nous ne subirons pas à nouveau quelques suppressions de vols », nous dit-on. « S’il y a plusieurs vols Ryanair vers une destination, il n’est pas impossible que la compagnie décide d’en supprimer l’un ou l’autre mais c’est beaucoup trop pour le dire : nous avons aucune information à ce sujet. » Même constat chez Brussels Airport où l’on s’en tient pour l’instant à la communication officielle de la low cost. « Nous ne sommes pas plus informés que cela, c’est à la compagnie d’informer ses passagers », lâche la porte-parole. Ralentissement de croissance Tout cela ne veut pas dire que Ryanair diminue son offre à travers l’Europe pour autant. Elle dit juste « ralentir sa croissance de novembre à mars de 9 % à 4 %. » En gros, sur l’année, elle prévoit d’atteindre 129 millions de passagers plutôt que les 132 initialement prévus. Celle qui est devenue la première compagnie aérienne européenne continue à recevoir de nouveaux avions (50 en 2017), donc à étendre son réseau et à utiliser plus d’équipages. Elle utilise actuellement 400 appareils et doit en recevoir 50 nouveaux en mars. En diminuant sa flotte de 25 jusque-là, elle s’offre une réserve d’appareils et d’équipage nécessaires pour faire face aux imprévus hivernaux, s’assure une meilleure ponctualité et de meilleurs rendements. [scald=8102954:sdl_editor_representation] D’ici mai 2018, également, Ryanair estime qu’elle aura accueilli 650 nouveaux pilotes et résolu ses problèmes de programmation de congés. Enfin, pour prouver sa détermination et le sens de ses priorités, Ryanair retire son offre de racheter tout ou partie de la compagnie Alitalia. Comme elle l’avait déjà fait pour Air Berlin. Choix ou réalisme ? Surtout, le premier message est envoyé aux pilotes : Ryanair veut faire diminuer elle-même la pression en trouvant des solutions à moyens termes plutôt que devoir négocier des avantages avec les pilotes et le personnel navigant qui a senti un « momentum » historique pour les imposer et mettre en péril le modèle économique qui a fait le succès de Ryanair et que Michael O’Leary continue à défendre bec et ongles. Le message aux tentatives de syndicalisation européenne des pilotes se veut clair. Sera-t-il entendu ? « La réalité reste, beaucoup de pilotes sont furieux et le jugement de Luxembourg permettant d’activer les justices locales a mis en marche un processus inéluctable » résume l’un d’eux. [scald=8103165:sdl_editor_representation]

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