En Catalogne, les jeunes s’affichent en première ligne pour l’indépendance

Depuis Barcelone Vidons les salles de classe, défendons le référendum. » Derrière cette banderole, des milliers d’étudiants et de lycéens ont défilé ce jeudi en début d’après-midi dans le centre de Barcelone. Dans une ambiance festive, les jeunes catalans ont exhibé tout au long de la marche des urnes en carton et des pancartes sur lequel on pouvait lire « Votarem ! », « Démocratie » ou encore : « Le 1er octobre, protégeons les urnes ». Parmi les manifestants, Pol, 20 ans, originaire de L’Escala, dans la province de Gérone, est venu « défendre l’organisation du référendum » : « Je ne comprends pas pourquoi on nous refuse la possibilité de nous exprimer dans les urnes », ajoute le jeune homme qui poursuit des études d’ingénierie informatique dans la capitale catalane. A ses côtés, Xavier, également étudiant en ingénierie informatique, porte en cape la Estelada, l’étendard symbole de l’indépendantisme catalan, omniprésent dans la manifestation et qui fleurit un peu partout dans Barcelone. « Je veux un référendum… et l’indépendance », reconnaît Xavier, indépendantiste « depuis toujours ». « Cela fait des années que l’état espagnol ne fait rien pour la Catalogne », assure-t-il avant de détailler un argumentaire bien rodé : « En 2006, nous avons voté un nouveau statut d’autonomie, il a été raboté. En 2012, nous avons proposé un pacte fiscal plus favorable à la Catalogne, il a été refusé. Et maintenant, ils ne veulent pas entendre parler de référendum… C’est du mépris ! » Et même si la justice espagnole a ordonné cette semaine la mise sous scellé préventive des bureaux de vote potentiels pour empêcher le référendum, Xavier et Pol sont convaincus qu’ils pourront voter dimanche. « S’il faut installer des urnes dans la rue, nous le ferons », explique Xavier, qui reconnaît cependant ne pas savoir ce qu’il se passera après le vote. « La répression m’a fait changer d’avis » Une incertitude que partage Laura, 22 ans, venue de Sabadell, une ville au nord de Barcelone, pour manifester : « J’espère que les responsables de la Generalitat [le gouvernement régional, ndlr] savent ce qu’ils font » sourit cette étudiante en gestion d’entreprise : « Nous sommes optimistes mais les tensions de ces derniers jours font un peu peur. » Laura fait référence aux détentions de fonctionnaires et aux perquisitions menées la semaine dernière par les forces de sécurité espagnoles dans des locaux du gouvernement régional et l’envoi de renforts de policiers et de gardes civils en Catalogne. « Vous croyez que c’est normal ? », s’insurge Aida, 19 ans. « La réponse des autorités de Madrid est terrible » considère cette Barcelonaise, étudiante en ingénierie agricole : « Je n’étais pas indépendantiste mais cette répression m’a fait changer d’avis. Dimanche, j’irai et je voterai pour l’indépendance ». La hausse de la tension entre Madrid et Barcelone semble a mobilisé les jeunes catalans, en particulier les étudiants, qui ont débuté hier une grève dans tous les établissements supérieurs de la région. « Ils se sont réveillés un peu tard mais ils finissent très forts », se félicite Nuria Fabrellas. Cette enseignante de la faculté de médecine, favorable à l’indépendance, est venue participer à un débat dans le patio du siège de l’Université de Barcelone. Depuis la semaine dernière, ce bâtiment historique du centre-ville est occupé par les étudiants. Concerts, ateliers, meetings avec les principaux leaders indépendantistes : sous une immense banderole « Voter, c’est la démocratie », l’université s’est transformée en fer de lance de l’indépendantisme. [scald=8198501:sdl_editor_representation] A l’extérieur de l’édifice, des étudiants volontaires aident les personnes âgées à localiser leurs bureaux de vote. Alors que la garde civile annonçait hier soir la saisie de 2,5 millions de bulletins, d’autres étaient distribués par les étudiants, au même moment, en plein centre-ville de Barcelone.

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