Pourquoi les céréales de votre petit-déjeuner sont de moins en moins sucrées

Le Belge adorent manger des céréales au petit-déjeuner : plus de 70 % en consomment à raison de 10,5 kilos par an. Et ce volume est en croissance de 4 à 5 % par année, indique le bureau d’étude GFK. Mais à quel point est sucré le sacro-saint bol du matin ? Dans ses rayons dédiés, Delhaize vient de mettre en place une signalétique pour mieux informer ses clients et les sensibiliser aux sucres cachés dans les pétales croustillants (lire par ailleurs). C’est surtout l’occasion pour le Lion de se pousser de la crinière en affirmant qu’en produisant ses 32 références de céréales maison, elle allège le marché belge de 50 tonnes de sucre. Il va jusqu’à moucher ses concurrents en annonçant des diminutions drastiques de sucre – de 32 à 85 % selon le produit – par rapport aux produits similaires d’autres marques de distributeurs. Une dégringolade au profit de la santé, argumente l’enseigne, qui rappelle des chiffres inquiétants : en 50 ans, le Belge a quasi triplé sa consommation de sucre, ce qui a accentué son surpoids (45 % de la population est dans ce cas) et son risque de problèmes cardiovasculaires. « Aujourd’hui, nous donnons de l’information à nos clients. Mais, durant des mois, nous avons diminué silencieusement la teneur en sucre de nos céréales. Désormais, aucune de nos références n’excède 29 % de sucre », affirme Katrien Vanbiessen, en charge de la santé et de la nutrition chez Delhaize. Mais qu’on ne s’y trompe pas : le Lion est bien loin d’être le seul à chasser les céréales trop sucrées. « Cela fait trois ans que nous travaillons nous aussi à cette réduction sur de nombreux produits, dont les céréales , tient à dire Steven Schollaert, le « Monsieur durabilité » de Colruyt. Par exemple, nous avons graduellement (à raison de quelques grammes en moins tous les deux à trois mois) fait passer le taux de sucre de nos céréales au chocolat de 32 à 18 g pour éviter le rejet du public le plus friand de ces aliments : les enfants. C’est d’ailleurs en raison de ceux-ci que cette diminution de sucre nous a tenus particulièrement à cœur. Ce sont nos clients de demain. » Un goût non camouflé Pourquoi cette diminution que Colruyt dit avoir effectuée « trop modestement, sans en parler » ? « Parce qu’il en va de notre rôle sociétal, répond Steven Schollaert. Mais aussi parce que nos clients nous le demandent implicitement. Ils sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de ce qu’ils mangent. Certains veulent clairement une alimentation plus saine avec des aliments plus purs, avec un goût qui n’est plus camouflé par le sucre. » Plus prosaïquement, les secteurs de la distribution et de l’alimentation belges, au travers de Comeo et de Fevia, se sont engagés à mettre en œuvre d’ici à 2020 une diminution globale de 5 % des calories contenues dans les aliments, en réduisant l’apport en sucre et en graisse. Les deux fédérations ont signé en ce sens la convention Alimentation équilibrée en juin 2016 avec Maggie De Block (Open-VLD), ministre fédérale de la Santé. « Pour la première phase de cette convention, le sous-secteur des céréales a promis de réduire le sucre de 4 %, d’augmenter les fibres de 5 % et d’ajouter 8,5 % de céréales complètes, » ajoute Nicholas Courant, porte-parole de Fevia. « Pour notre part, nous avons voulu aller plus loin, » assure Steven Schollaert (Colruyt). Une démarche que n’a pas tenu à suivre Carrefour avec ses marques propres. « Certes, nous aussi, nous avons diminué le taux de sucre de nos céréales. Mais pour nous, ce n’est pas l’enjeu essentiel, expose Baptiste Van Outryve, porte-parole de la Carrefour. Nous portons beaucoup plus d’attention aux fibres. Nous appliquons cela à nos produits de base. Mais nous avons surtout dopé notre assortiment de granola et mélange de graines. » Il serait en effet faux de penser que seule la réduction de sucre peut améliorer la qualité nutritionnelle des céréales. « D’abord, il ne faut pas stigmatiser les céréales trop sucrées et/ou trop grasses. Elles contribuent au plaisir de manger, insiste Jessica Wouters, diététicienne chez Dietconsult à Bruxelles. On les réservera pour le week-end ou les vacances. Ensuite, il faut prendre l’ensemble des paramètres nutritionnels des céréales en compte (voir infographie). Puis, il faut veiller à leur volume : pas plus de 30 à 40 g dans le bol qu’on enrichira avec un produit laitier et une portion de fruits. » Bon appétit.

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