Profession: chasseur d’épaves en Mer du Nord

Au large d’Ostende, par 30 mètres de fond, à 80 % émergé hors du sable et couvert d’anémones, un mystérieux sous-marin allemand quasi intact reposait en silence depuis un siècle. Il y a une semaine, une annonce tonitruante apprenait son existence au monde entier. Si une potentielle épave est consignée dans les registres hydrographiques de l’État depuis 30 ans, il fallait le flair et la curiosité d’un archéologue sous-marin pour transformer le soupçon en réalité, et l’identifier. [scald=8271722:sdl_editor_representation] Ce chasseur d’épaves passionné, c’est Tomas Termote. Alors qu’il jette un œil aux résultats des profils de fond de la mer du Nord réalisés pour la sécurité et la navigation, il voit cette forme particulière : « comme un cigare avec une tourelle au centre. Une allure de sous-marin ! Le gouverneur m’a donné la possibilité de plonger sur le site. Sous l’eau, j’ai su tout de suite qu’elle était de la Première Guerre. Un moment et un sentiment incroyables. » D’autant plus qu’avec la construction des parcs éoliens et le placement de câbles sous-marins, la chance de découvrir pareille épave est quasi nulle. Histoire de famille Chez les Termote, l’archéologie sous-marine et la passion pour la Première Guerre mondiale, c’est une histoire de famille. Tomas avait 14 ans quand son père l’a emmené plonger pour la première fois sur une épave. C’était au large d’Ostende et la visibilité sous l’eau n’était pas bonne. « Mais quand j’ai touché l’épave, j’ai su que c’était ça, ma vie. On commence par plonger sur un sous-marin, on s’interroge sur les personnes qui vivaient dedans, on cherche des photos, on achète des livres, on lit, et puis on veut continuer… » Le sous-marin qui défraye la chronique par son aspect quasi intact est le onzième à être découvert en mer du Nord. Les précédents ont été mis au jour en 25 ans, par le père de Tomas et ses collègues. Le premier s’appelle U-11 et est désormais protégé. Flash-back en 1984. Alors qu’il pêche, le père de Tomas est interpellé par les infos données par l’écho-sondeur de son bateau : il y a quelque chose sur le fond. Il note la position et y retourne un an plus tard en plongée avec ses amis. Ils découvrent un sous-marin construit en 1912, donc avant la guerre. Eventré par un trou de 2 mètres, il a été coulé en 1914 avec ses 26 membres d’équipage. L’évolution dans la fabrication des sous-marins a été si rapide qu’il ne faut qu’un coup d’œil pour identifier le type d’une épave. Les premiers sont des U-Boot 1, à peine 27 m de long et une seule hélice. Viennent ensuite les U-Boot 2, plus grands et munis de canons (l’épave qui nous intéresse appartient à ce type) ; et enfin les U-Boot 3, démesurés avec leurs 70 m de long. Pour déterminer l’identité propre d’une épave, il faut toutefois gratter la rouille emprisonnant son hélice. Et avec un peu de chance, un numéro apparaît. Celui-là même qui permettait aux mécaniciens allemands de remonter parfaitement un sous-marin après l’avoir réparé. Tomas va repartir en plongée sur son épave à la quête de ce numéro, mais il sait que ce sera compliqué : l’hélice est placée dans la pire position qui soit. Un U-27 sûrement Néanmoins, en recoupant les données des archives, trois sous-marins potentiels émergent : U-27, -29 et -32. « Je suis presque sûr que c’est U-27, explique-t-il. Un torpilleur anglais l’aurait attaqué près de l’Angleterre. Après avoir laissé tomber deux charges explosives, ce dernier a consigné avoir vu de l’huile et des bulles d’air en surface, et en a conclu que U-27 avait coulé. Mais sur place, pas de trace de ce sous-marin de 300 tonnes. C’est mystérieux… et ce d’autant plus qu’on trouve, par contre, un sous-marin de ce type ici, à Ostende. Peut-être qu’U-27 a été abîmé par le torpilleur mais a pu continuer sa route. » Avant de couler à Ostende suite à une rencontre avec une mine ou une bombe larguée d’un avion, comme le laisse supposer le dommage fait au lance-torpilles du sous-marin. « En tout cas, il a coulé immédiatement car les morceaux sont à un mètre de l’épave. » Cette carcasse de fer est certainement le cercueil de 23 membres d’équipage. Par respect pour eux, le sous-marin ne sera pas renfloué. Pourra-t-on à tout le moins pénétrer dedans ? « C’est peu probable. Deux des trois écoutilles sont fermées. Et on voit du sable jusqu’au plafond. »

Votre compte

Profession: chasseur d’épaves en Mer du Nord

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Société

Un nouveau code pénal présenté avant cet été, mais sans le féminicide

Le syndicat socialiste appelle à la grève générale le 31 mai

Salmonelle dans des produits Kinder: l’origine de la contamination déterminée

Météo: un week-end entre nuages et éclaircies

Podcast – Que faire contre l’explosion du «revenge porn»?

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Les faits de «revenge porn» ont explosé en cinq ans

La réglementation contre les réductions trompeuses entre en vigueur ce samedi

Variole du singe: l’Europe active son outil d’urgence sanitaire

20km de Bruxelles: voici comment la circulation sera perturbée dans la capitale

La Belgique en partie paralysée ce 31 mai: bus, trains et services publics à l’arrêt

Plan européen sur l’énergie: la Belgique s’estime mal payée

Tout savoir sur le pécule de vacances

Plus de 6 travailleurs belges sur 10 se disent capables de trouver un emploi ailleurs assez rapidement

Déclaration d'impôts : 5 erreurs à éviter

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel