Proche-Orient: le Hamas et le Fatah fêtent leurs retrouvailles à Gaza

Depuis Tel-Aviv Dix ans après en avoir été chassée de Gaza par le putsch du Hamas lancé en juin 2007, l’Autorité palestinienne (AP) y a officiellement repris pied ce lundi. Pour effectuer une transition en douceur et gérer l’enclave avec l’organisation islamiste. [scald=8420808:sdl_editor_representation] Qualifié d’« historique » par la presse locale qui vante « l’unité enfin retrouvée du peuple palestinien », l’événement s’est concrétisé par la visite en grande pompe du Premier ministre de l’AP Rami Hamdallah, de la plupart des membres de son gouvernement, ainsi que de 460 hauts fonctionnaires, membres des services de renseignements et policiers. « Nous venons ici pour conclure la réconciliation, favoriser l’unité nationale, mettre fin à un processus douloureux, et reconstruire Gaza brique par brique », a déclaré le chef du gouvernement de Ramallah après avoir été chaudement accueilli par quelques milliers de Gazouis. Dans son allocution, le Premier ministre de l’AP a remercié l’Egypte et ce n’est pas anodin puisque ce pays a, depuis 2011, été la cheville ouvrière de la réconciliation en cours de concrétisation. Fortes pressions du Caire Ces derniers mois, les contacts entre de hauts gradés de ses services de renseignements avec la direction du Hamas se sont d’ailleurs intensifiés alors que Le Caire exerçait de fortes pressions économiques sur la population de l’enclave afin de « convaincre » l’organisation islamiste d’accepter le retour de l’AP. Resté à Ramallah, le secrétaire général du Comité central du Fatah Jibril Rajoub reste cependant prudent quant à la suite des événements. « La journée que nous venons de vivre est hautement symbolique pour tous les Palestiniens et même pour les Israéliens puisqu’ils n’auront plus désormais qu’un seul interlocuteur face à eux. Mais rien n’est encore joué. Des ruptures sont toujours possibles mais il faut y croire ». Et de poursuivre :« Le but final est bien de créer une situation dans laquelle un seul système exécutif, législatif et social, une seule justice et une seule police s’appliqueront à l’ensemble de la Cisjordanie et de Gaza ». Pour l’heure, une visite à Gaza du président palestinien Mahmoud Abbas (Fatah) n’est pas encore à l’ordre du jour même si son entourage confirme que l’idée est dans l’air. « Tout dépendra du tour que prendra la réconciliation », dit-il. Scepticisme israélien A contrario, à Jérusalem, la plupart des commentateurs israéliens affichent le plus grand scepticisme vis-à-vis du processus en cours. Interviewés par la radio publique, certains le considèrent d’ailleurs comme une « mascarade dictée par les circonstances ». A les entendre, l’AP serait en effet tombée dans un piège en acceptant de se charger du « sale boulot » – celui de remettre l’enclave gazouie en état — alors que le Hamas garderait sa branche armée forte de quinze à vingt mille hommes et jouerait un rôle semblable à celui du Hezbollah au Liban. A tort ou à raison, les Israéliens sont également persuadés que le processus entre le Hamas et le Fatah butera sur des problèmes tout à fait concrets. Entre autres, celui des 50.000 fonctionnaires nommés par le Hamas après le putsch de 2007 et qui risquent d’être licenciés pour être remplacés par 75.000 fonctionnaires de l’AP qui avaient perdu leur travail il y a dix ans tout en continuant à être payés par Ramallah. Tous ces problèmes sont tellement lourds et inextricables que le Hamas et le Fatah finiront par se casser les dents dessus « Tous ces problèmes sont tellement lourds et inextricables que le Hamas et le Fatah finiront par se casser les dents dessus », estime le chroniqueur Ehoud Yaari.« On fait des beaux discours maintenant mais dans quelques mois tout cela sera oublié ». La réunification palestinienne en cours n’assouplira pas le blocus israélien de la bande de Gaza même si Netanyahou et son ministre de la Défense Avigdor Lieberman autorisent désormais les responsables de l’AP à traverser librement leur pays pour se rendre de Ramallah à Gaza-city. En tout cas, Israël poursuivra jusqu’à son terme la construction de sa nouvelle « barrière de sécurité » souterraine de soixante kilomètres de longueur entamée en août dernier pour empêcher les tunnels du Hamas de déboucher dans l’Etat hébreu. Plus de mille ouvriers travaillent sur ce projet pharaonique qui achèvera d’isoler complètement le « Hamastan », tel que le qualifient les proches de Netanyahou, des villes et villages du sud de l’Etat hébreu. [scald=8420809:sdl_editor_representation]

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