Diables rouges : qui placer à la pointe de l’attaque ? Mertens ou Batshuayi

Le (probable) forfait de Romelu Lukaku, en délicatesse avec une cheville et contraint de suivre un programme individuel au Centre National de Tubize, oblige Roberto Martinez à anticiper les événements et à s’ouvrir à une réflexion toute nouvelle dans cette campagne qualificative pour la Coupe du monde 2018 : qui placer en pointe de l’attaque ce samedi en Bosnie-Herzégovine, alors que Christian Benteke est également absent ? Plusieurs options sont envisageables dans un secteur offensif très fourni et au style éclectique, mais deux Diables rouges viennent légitimement poser leurs griffes sur ce poste de numéro 9. Michy Batshuayi se positionne en tant que candidat de la continuité et de la conformité ; ses qualités techniques et son sens du but viennent résoudre spontanément les soucis du coach fédéral. Dries Mertens exhibe, lui, des statistiques et une réussite tout bonnement exceptionnelles qui sont en mesure de sceller les délibérations. Alors, le remplaçant naturel de Romelu Lukaku ou l’homme en forme du moment ? Il n’y a plus qu’à trancher… Dries Mertens rayonne Et si Dries Mertens était « la » solution en cas de forfait probable de Lukaku ? Cette question, qui lui a été posée sous plusieurs angles mardi matin, a fait sourire le Louvaniste qui sait bien qu’une telle solution nécessiterait certaines adaptations tactiques. « Il y a d’autres attaquants spécifiques dans le noyau qui méritent tout autant que moi de recevoir une chance », expliquait-il modestement. « D’ailleurs, quand j’ai vu le nom des buteurs en Europe, le week-end passé, je me suis fait la réflexion qu’il y avait beaucoup de Belges. Cela m’a fait grandement plaisir parce qu’entre nous, ce n’est pas de la concurrence, juste nos qualités qui explosent. Lukaku reste notre numéro 1 et ce qu’il réalise depuis le début de la saison avec Manchester United est tout bonnement exceptionnel. Après, ce n’est pas à moi de dire si je peux le suppléer efficacement en cas de forfait de sa part. Lors du match amical qu’on avait disputé aux Pays-Bas, l’expérience n’avait pas été spécialement concluante avec moi en pointe, parce qu’on manquait de repères. De toute manière, ce qui m’importe, c’est de jouer, peu importe où. J’ai tellement dû me battre pour convaincre les sceptiques, me faire une place au soleil dans cette équipe, que je ne peux et veux rien lâcher. Peu importe si nous traversons une période particulièrement chargée et que nous sommes déjà qualifiés. » Aujourd’hui âgé de 30 ans (« c’est ce qu’indique mon passeport mais je me sens beaucoup plus jeune, peut-être parce que j’ai eu la « chance » de souvent être réserviste », se marre-t-il), le feu follet napolitain connaît actuellement la forme de sa vie. D’une efficacité redoutable, il poursuit sur la lancée de la saison passée, où il n’avait pas franchi un seul mais bien plusieurs paliers. Après avoir raté le titre de « capocannoniere » en Serie A la saison passée d’un but au profit de Dzeko (28 pour 29 au Bosnien, qu’il retrouvera samedi), Mertens est reparti sur des bases plus impressionnantes encore. Depuis la reprise, il a déjà scoré à 9 reprises, dont 7 fois en autant de matchs de championnat. La saison passée, à pareille époque, il n’en totalisait que… deux à son actif. « Mais je n’avais été positionné comme attaquant de pointe qu’après 13 ou 14 journées », tempère-t-il. « À Naples, je me sens parfaitement bien parce qu’on m’accorde énormément de confiance et que l’équipe a bien progressé. C’est pour cela que j’y ai prolongé mon contrat. Mon entraîneur, Maurizio Sarri, n’est sans doute pas Italien tant il préconise un jeu dominant, au sol, qui me convient parfaitement. En équipe nationale, le système est un peu différent et on doit tous s’adapter aux autres. Jouer devant avec Hazard ou De Bruyne dans mon dos, pourquoi pas ? J’aime évoluer avec des garçons aussi doués qu’intelligents. » Outre ses buts, Mertens rayonne actuellement, lui qui traînait souvent son mal-être quand il était moins bien considéré, tant en club qu’en équipe nationale. « Aujourd’hui, tout tourne bien et, croyez-moi, j’en profite d’autant plus qu’on ne sait jamais si cela va durer. Après mon but face à la Lazio, beaucoup de gens m’ont comparé à Diego Maradona. Même si cela m’a bien fait rire, il ne faut pas exagérer ! Je reste les pieds sur terre en espérant continuer ma progression. Maradona avait rapporté le titre à Naples. Nous, on a un banc moins fourni que celui des ténors italiens, qu’on va commencer à rencontrer. Mais on doit aussi être ambitieux, continuer à rêver et à faire rêver les gens. » Pour Batshuayi, c’est l’occasion de se montrer Souriant, détendu et blagueur, Michy Batshuayi a célébré son 24e anniversaire ce lundi en compagnie de ses coéquipiers de la sélection belge. « J’ai eu droit à un bon gâteau, cela fait toujours plaisir. Même si je suis vieux maintenant », plaisante-t-il. L’attaquant de Chelsea est surtout à un moment charnière de sa carrière puisqu’il bénéficie de la blessure d’Alvaro Morata (indisponible six semaines) et du (probable) forfait de Romelu Lukaku pour endosser un rôle de titulaire, tant en club qu’en sélection. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres… Je n’aime pas cet adage mais il est évident que je vais recevoir plus d’opportunités ces prochaines semaines ; à moi de me montrer efficace et de prouver ce que je vaux. » En grattant un peu derrière l’éternel et mielleux « c’est au coach de décider, nous lui faisons confiance et celui qui sera amené à jouer se livrera à 100 % », on détecte une motivation poignante dans le chef de celui qui tend à rejeter l’étiquette de « joker ». « J’ai entamé des matches avec les Blues et aussi avec les Diables, même si c’est, il est vrai, moins fréquent », continue-t-il. Et les chiffres sont là pour authentifier ses prestations de choix : avec la Belgique, il a notamment marqué lors de sa dernière titularisation (2-1 contre la République tchèque) et trouve en moyenne le chemin des filets toutes les 74,75 minutes, ce qui est sensiblement identique à ce qu’il propose cette saison à Stamford Bridge. Que lui manque-t-il dès lors pour empoigner un statut de titulaire ? « Je ne sais pas… Marquer davantage ? », rigole-t-il encore avant de préciser : « Bien sûr que cela trotte un peu dans ma tête mais ce sont les coaches qui doivent répondre à cette interrogation. Moi, je peux juste vous dire que je dois bosser encore plus dur, être encore plus efficace. » [scald=8528473:sdl_editor_representation] Les absences cumulées de Romelu Lukaku et de Christian Benteke devraient, à juste titre, valider son envol. Soucieux de ne pas flamber, au point de se consumer, « Batsman » refuse cependant de frelater son approche du jeu. « La hiérarchie existe, avec Romelu qui fait office d’attaquant numéro un. Mais même quand il est là et que Christian est aussi de l’aventure, je suis déterminé à me montrer. Ma motivation est toujours intense. En plus, la concurrence est saine car nous sommes issus de la même génération, le feeling est très bon entre nous. Quand quelqu’un marque, les autres le félicitent. » C’est à se demander si Michy Batshuayi ne déniche pas une forme de bonheur dans la douleur ; les circonstances ont beau lui donner des coups sur la tête, l’ex-Standardman garde sa bonne humeur et son sourire lumineux. « Tout simplement parce que, depuis que je suis enfant, je rêve de participer à des grandes compétitions, dans des magnifiques stades, avec des immenses joueurs. Chaque matin, je me dis que j’ai de la chance et que je dois en profiter. Mais il ne faut pas non plus croire que je rigole tout le temps ; plus l’échéance sportive arrive, plus je deviens sérieux et je m’isole afin d’entreprendre une bonne préparation mentale. Tous les joueurs doivent être prêts, nous devons être efficients quand on fait appel à nous, que ce soit en début de rencontre ou à quelques minutes de la fin. Je n’ai pas le même style que Romelu, mais comme lui, je me donne toujours à fond. »

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