Pour 2,7 milliards d’euros, Galeria Inno change de mains mais pas de nom
Les 16 Sportarena et les 106 Galeria Kaufhof font partie du lot. Métro se recentre sur l’hypermarché et l’électroménager. La doyenne des sociétés américaines s’implante en Europe.


G aleria Inno ne changera pas de nom. » La direction de l’enseigne est formelle. « On ne touchera pas à l’emploi et on ne vendra aucun bâtiment en Belgique ou en Allemagne », poursuit la porte-parole. Après l’annonce du rachat de cette institution du commerce en Belgique, la rumeur d’un « rebranding » avait couru, laissant supposer que l’Inno pourrait prendre le nom de sa nouvelle cousine d’Amérique (Saks Fith Avenue). Il n’en sera rien.
Et c’est peut-être mieux. Car en rachetant les 106 Galeria Kaufhof en Allemagne ainsi que le siège du groupe basé à Cologne, les 16 Galeria Inno et les 16 Sportarena en Belgique, l’Américaine Hudson’s Bay a réussi un joli coup. Certes le prix déboursé est important : 2,825 milliards d’euros. Mais le nouveau propriétaire met ainsi la main sur des enseignes réputées, et les bâtiments qui les abritent sont généralement situés à des emplacements stratégiques, sur des axes commerçants fort fréquentés. Un peu à l’image des grands magasins bruxellois de la rue Neuve ou de l’avenue Louise. Il n’y a pas qu’au Monopoly que ces acquisitions sont stratégiques.
Lors du conseil d’entreprise extraordinaire qui s’est tenu lundi matin, les syndicats ont accueilli la nouvelle avec calme, rassurés par la direction sur le maintien des 1.500 à 2.000 emplois. « L’enseigne se porte bien en Belgique, nous n’avons donc pas de raisons de paniquer dans l’état actuel des choses », indique Myriam Delmée, vice-présidente du SETCa. « Des mini-restructurations ont eu lieu ces dernières années, ramenant le nombre de travailleurs au plus bas. Les magasins ne pourront pas fonctionner avec moins de personnel », explique Xavier Muls, secrétaire permanent CGSLB. « On nous a assuré que l’emploi serait protégé et que les relations avec les partenaires sociaux ne changeraient pas », relève Jalil Bourhidane, permanent CNE Commerce pour l’Inno.
Une fois les nouvelles acquisitions intégrées, Hudson’s Bay disposera d’un parc de 464 magasins situés des deux côtés de l’Atlantique, pour un chiffre d’affaires global de 9 milliards d’euros. Avec la promesse, dans un premier temps, de ne pas toucher aux 21.500 emplois. Il promet par contre d’apporter changements et innovations dans l’offre. De nouvelles marques, des produits inédits, pourraient faire leur apparition aux différents étages de Galeria Inno, sans que cela ne choque : Saks Fith Avenue officie en effet dans le même segment de marché que ses nouvelles « filiales » belges et allemandes. « Leurs magasins ressemblent à l’Inno et le groupe est fort en e-commerce », poursuit Xavier Muls.
« Pendant plusieurs années, nous avons examiné avec attention le paysage européen du commerce de détail à la recherche d’une potentielle opportunité pour s’y développer et nous avons observé comment Galeria Kaufhof s’est appuyé sur ses bâtiments exceptionnels pour devenir le numéro un du grand magasin en Allemagne », a commenté Richard Baker, le patron de Hudson’s Bay.
Un numéro un qui a toutefois souffert, ces dernières années, de la montée en puissance des « malls », ces centres commerciaux multi-enseignes où convergent, de ce côté de l’océan, les consommateurs. Ce qui explique en partie pourquoi Métro était vendeur.
Le groupe allemand entend en effet se recentrer sur ses hypermarchés, Métro Cash & Carry et Makro, et ses chaînes d’électronique et d’électroménager, Saturn et Media Markt. En outre, Kaufhof (3,1 milliards de ventes en 2014) ne représentait que 5 % du chiffre d’affaires du groupe. La transaction qui sera bouclée au troisième trimestre de cette année, apportera 1,6 milliard de flux de trésorerie au groupe, tout en lui permettant de réduire sa dette de 2,7 milliards d’euros.
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