Cristiano Ronaldo? Paris est ouvert

La seconde confrontation en 15 jours entre le Real Madrid et le Paris-Saint-Germain va forcément ramener sous les projecteurs le possible transfert, à l’été prochain, de Cristiano Ronaldo au Parc des Princes pour succéder à Zlatan Ibrahimovic. Les ressources financières du PSG ne constituant pas un obstacle – des recettes proches des 500 millions € –, il apparaît que la transaction dépend surtout de la volonté du joueur, véritablement indécis sur la suite de sa carrière, comme le démontrent ses déclarations contradictoires. Alors CR7 au PSG ne tient pas du rêve, mais la concrétisation du projet ne se mesure pas uniquement en euros non plus. Parce que comme le déclare Ramon Calderon, l’ancien président du Real Madrid à la base de sa venue en Castille en 2009 : « Cristiano Ronaldo n’a pas de prix. » Dès lors, avant d’énoncer les conditions pour la réalisation du potentiel « transfert du siècle », évacuons d’emblée la presque oiseuse question du montant à débourser. Le Centre international d’étude du sport (CIES), affilié à l’Université de Neuchâtel, l’a chiffré à 120 millions €. A cette somme unique, il convient d’ajouter le salaire annuel du Portugais, lié à la Maison blanche jusqu’en 2018, actuellement rémunéré à hauteur de 17 millions € par an, agrémentés de 3 millions € de bonus. 1 La volonté du joueur. On l’a dit, Cristiano Ronaldo entretient, et peut-être même pas de manière spéculative, le plus grand flou sur son avenir. « Je suis heureux au Real Madrid et j’envisage d’y jouer jusqu’à 40 ans », a-t-il déclaré au soir de la remise de son 4e Soulier d’Or, identifiant le meilleur buteur européen, le 13 octobre dernier. En réalité, il s’agit plus d’une déclaration élusive, pour s’épargner une fastidieuse discussion sur son éventuelle destination, que d’une prise de position ferme et résolue. Il y a quelques jours, dans une interview au bi-hedomadaire allemand, Kicker, Cristiano a rouvert sa porte. « Je suis au Real aujourd’hui (…), mais vous devez toujours faire ce qui vous rend heureux. » José Semedo, le milieu de Sheffield Wednesday, un des rares amis, synthétise les tergiversations de son compatriote. « Pour lui, l’idéal serait que le Real puisse évoluer en Premier League… » Du coup, un retour à Manchester United constitue une solide option. « C’est vraiment le club de son cœur », croit savoir son ancien capitaine à Old Trafford, Gary Neville. Alors, maintenant qu’il a réussi son pari – insensé à l’époque de sa signature – de devenir le meilleur buteur de toute l’histoire du club le plus prestigieux au monde et qu’il a sensiblement contribué à la conquête de la « Décima », la dixième Coupe des champions (2014), insaisissable et maudite pendant 12 ans, un nouveau challenge tout beau, tout frais, ne serait pas pour déplaire à cet « épris du football », ipse dixit, avec la perspective de dialoguer avec des joueurs au sens littéral du terme, tels Verratti, Lucas, Pastore, Di Maria ou encore Cavani. 2 La position du PSG. Et le PSG ? Ce n’est pas parce qu’il ne cite jamais ce club que le Madérien exclut la possibilité de le rejoindre. Le club de l’Emir du Qatar, Tamim Al Thani, nourrit une ambition à la hauteur de son esprit de compétiteur : gagner la Ligue des champions, et lui pourrait égaler Clarence Seedorf (1995 avec l’Ajax, 1998 avec le Real, 2003 et 2007 avec le Milan) en remportant le trophée avec un 3e club différent après ses succès avec MU (2008) et le Real (2014). D’ailleurs, les deux parties se seraient même accordées, en mai dernier, sur le salaire : 30 millions € à l’année. Le Portugais n’aurait posé qu’une condition : le départ d’Ibrahimovic. Un événement de plus en plus probable. Cet éloignement sanctionnerait aussi la fin d’une collaboration fructueuse avec l’agent italo-néerlandais d’Ibra, le madré Mino Raiola, à la source des arrivées aussi de Maxwell et de Van der Wiel. En vertu de son souhait d’attirer Cristiano Ronaldo, le PSG est bien tenté de multiplier les affaires avec Jorge Mendes, à la base du transfert d’Angel Di Maria depuis Manchester United cet été. Or, Mendes est bien plus que le manager (depuis 2002) de Cristiano. L’un et l’autre savent la part qu’ils ont prise dans leur réussite respective. Leur rapport tient plus de la relation père-fils que du lien professionnel. Autrement dit, l’avis de Mendes pèsera aussi dans le choix de CR7. 3 La position du Real. Lié contractuellement, il convient évidemment que le Real accepte de le lâcher. Florentino Perez, son président, ne prendra jamais l’initiative de le vendre. Mais c’est plus une question politique qu’une vraie réticence sportive ou affective. Ainsi, les relations entre Cristiano Ronaldo et lui n’ont jamais été très chaleureuses. Si le Portugais réclame son transfert, Perez ne s’y opposera pas : 120 millions pour un joueur de 30 ans – 31, le 5 février prochain –, ça ne se refuse pas. D’autant que Perez n’a jamais caché que Gareth Bale, recruté pour plus de 90 millions en 2013, deviendrait, à terme, le remplaçant idéal de Cristiano Ronaldo. A ceci près que le gaucher gallois, entre blessures récurrentes et équivoques tactiques, n’a pas encore convaincu sur la durée. 4 Affaire et fair-play financiers Oui mais si le Real réalise une affaire en le cédant, par effet rebond, le PSG y perdrait. Cette implication n’est toutefois pas automatique. Andrea Traverso, le Monsieur Fair-Play financier de l’UEFA, expliquait dans Le Parisien que « le PSG pouvait le recruter (tout en confirmant l’existence d’un accord confidentiel entre le club et l’organe de contrôle qui a autorisé une levée de la sanction). La dépense pourrait tout aussi bien être amortie par le retour sur investissement. » Une façon comme une autre de souligner la valeur du « brand Cristiano Ronaldo ». Sur le plan de son intégrité physique, le joueur n’accuse pas ses 30 ans. Il n’a jamais été gravement blessé et porte une attention maniaque à son corps et à son hygiène de vie.« Ma vie, c’est le football. A 22 ans, après un match, j’allais au resto et me couchais à 2 heures du matin. Maintenant, je rentre directement à la maison pour mieux récupérer. Ce sont ces petits détails qui marquent la différence en fin de saison. » 5 L’imbroglio Mourinho. Malgré un agent en commun (Mendes), CR7 refuse désormais de travailler avec José Mourinho, stigmate de leur fin de collaboration houleuse – ils avaient failli en venir aux mains après un match – au Real, lors des derniers mois en Espagne du « Special One » en 2013. Or, l’entourage du technicien de Chelsea, Jorge Mendes en tête, lui cherche déjà un nouvel employeur. En haut de la liste le Real et… le PSG. Autrement dit, Mendes va devoir jouer à l’équilibriste (et le PSG aussi) car Mourinho exclurait de facto Cristiano Ronaldo. Et on en revient à l’autre piste possible : Manchester United, où Carlo Ancelotti pourrait relayer Louis van Gaal. Or, Cristiano Ronaldo garde un très bon souvenir du Romagnol, qui l’a dirigé de 2013 à 2015 à Madrid. Significatif à propos de « Mou » : Eden Hazard, qui pourrait être la nouvelle figure de proue du projet du Real en cas de départ de CR7, a posé aussi une restriction à sa signature à Bernabeu : que Mourinho ne l’y suive pas !

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