Mariano Rajoy aurait pu faire d’autres gestes....
Une carte blanche d’Albert Royo. Aucun signe d’apaisement n’est manifesté à quelques heures de la fin de l’ultimatum adressé par Madrid à Carles Puigdemont.

Le Premier ministre espagnol a rejeté tout type de dialogue qui permette d’abaisser la tension avec la Catalogne, tout en méprisant la main tendue par le président de la Generalitat, qui suivant les pétitions des contreparties internationales, a décidé de suspendre les effets de la déclaration d’indépendance de mardi soir dernier afin d’établir un dialogue sans conditions.
Escalade en vue
Le chef de l’exécutif espagnol a aussi rejeté d’emblée la possibilité d’une médiation – proposée par le président catalan – et a décidé d’activer la procédure de suspension de l’autogouvernement de Catalogne. Plaçant le président catalan entre le marteau et l’enclume, le gouvernement espagnol a envoyé une certification officielle par fax réclamant l’annulation complète de la déclaration d’indépendance, actuellement suspendue, avant ce jeudi 19 octobre. Si le président catalan refuse, le gouvernement espagnol, avec le soutien du principal parti de l’opposition, suspendra l’autonomie catalane et pourra donc interpeller et écrouer les membres du gouvernement catalan. Il est évident que cela supposera une escalade des tensions sans précédents et que cela aboutira avec la mobilisation de centaines de milliers de citoyens qui descendront dans les rues défendre l’autogouvernement et les institutions catalanes.
Une impasse
M. Rajoy méprise le geste du président catalan, un geste qui lui a valu l’incompréhension de bon nombre de citoyens qui voyaient le mandat démocratique comme suffisamment clair pour déclarer l’indépendance. Un mandat démocratique que des citoyens ont défendu stoïquement le 1er octobre dernier, face aux coups de matraque et aux vexations de la police espagnole pour que les urnes et le droit d’expression démocratique citoyen soient respectés. Aujourd’hui, au lieu de prendre cette main tendue, le gouvernement espagnol entraîne de force le gouvernement catalan dans l’impasse.
Il va sans dire que M. Rajoy a négligé de faire bien d’autres gestes. Il aurait pu retirer les 10.000 effectifs de police espagnole qui sont toujours entassés dans trois grands ferries aux ports de Barcelone et Tarragone et qui sont les responsables de ce que Human Rights Watch a qualifié d’usage excessif de la force contre des citoyens pacifiques qui a causé 893 blessés. M. Rajoy aurait aussi pu stopper les procédures judiciaires que le gouvernement espagnol a initiées à l’encontre d’élus catalans : la présidente du Parlement affronte trois procès criminels pour avoir permis un débat parlementaire sur l’autodétermination ; l’ex-président de Catalogne fait face à une peine d’inéligibilité de deux ans et est obligé d’assumer personnellement les coûts du référendum non contraignant de 2014 (5,2 millions d’euros) ; près de 800 maires sont poursuivis en justice pour avoir collaboré avec le référendum du dernier 1er octobre ; plus de 200 sites web ont été fermés ; sont aussi en train d’être jugés des dizaines de jeunes pour avoir répliqué les sites web fermés ; etc.
M. Rajoy n’a choisi aucune de ces options qui, certainement, auraient aidé à faire baisser la tension. Par contre, il envoie une nouvelle menace aux autorités catalanes : ou vous capitulez ou on vous arrête. Le gouvernement espagnol n’a aucun intérêt à détendre la situation. Il veut juste satisfaire 100 % de ses objectifs.
Avec ce scénario si pessimiste, les citoyens, les travailleurs, les entrepreneurs, l’ensemble des Catalans demandons à toutes les parties qui sollicitèrent et obtinrent un geste de détente de la part du gouvernement catalan : que ferez-vous maintenant pour obtenir un geste similaire de la part du gouvernement espagnol avant la date critique ?
*Diplocat est un partenariat qui regroupe quarante institutions catalanes dont des mouvements d’entrepreneurs, des syndicats, des chambres de commerce, des universités, des caisses d’épargne, le FC Barcelone, le Gouvernement de Catalogne et la Mairie de Barcelone.
Pour poster un commentaire, merci de vous abonner.
S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir1 Commentaire
Résumé: l'Espagne n'est pas une démocratie mais une dictature! Le fantôme de Franco plane désormais sur l'Espagne...