Charleroi: la ville en reconstruction qui voulait être plus près du ciel
Le permis d’urbanisme a été refusé pour le projet des River towers de 27 étages. La densification urbaine doit se faire autrement, selon le fonctionnaire délégué.

C’est une décision qui sera immanquablement évoquée ce jeudi au forum immobilier de Charleroi Sud Hainaut : le refus du fonctionnaire délégué de la Région wallonne d’octroyer le permis aux « Rivers Towers » alimente la polémique.
Ce projet résidentiel porte sur la construction de deux tours de logements comptant 27 étages, les plus hautes jamais édifiées à Charleroi. La conception a été signée par le bureau d’architectes Piron associé au bureau bruxellois Bogdan & Van Broeck. Nous nous trouvons là à l’entrée de la ville, dans l’immédiate proximité du ring, à côté de la piscine Hélios et d’un petit centre commercial vieillissant. Si le maintien d’une ancienne tour à béton désaffectée a inspiré l’idée de la verticalité, « les futurs immeubles ont un gabarit inadapté au bâti existant », selon le fonctionnaire délégué Raphaël Stokis. Vingt sept étages, cela les fait monter à… 100 mètres au-dessus du sol. Davantage que la tour Baudoux derrière le shopping Rive Gauche. Et aussi que la tour de police qui s’élève à 75 mètres, avec ses 20 niveaux. Le fonctionnaire délégué tient à le souligner : « Il est favorable à la densification urbaine. » La ville doit se préparer à une augmentation de sa population, ce qui lui impose de renforcer son offre de logements moyens et de standing. Entre 40 et 50.000 nouveaux habitants doivent venir y vivre au cours des prochaines décennies. Il ne faut toutefois pas dépasser les limites du raisonnable. Edifier 276 appartements sur une superficie d’à peine 50 ares, c’est disproportionné. « Nous ne sommes pas dans une métropole d’un demi-million d’habitants comme Anvers. Il existe des modèles inspirants à l’échelle de Charleroi comme Maastricht par exemple : ce qui a été fait là-bas en bords de Meuse peut servir de référence. »
Le soutien du collège
En l’état actuel, le projet n’en a pas moins le soutien du collège communal pour son volet urbanistique. « Par contre, nous avons émis un avis défavorable à une extension commerciale comme la souhaitait le promoteur », dit l’échevine de l’Urbanisme et du Logement Ornella Cencig (MR). Le projet prévoit la démolition des chancres du périmètre, à l’exception de la tour à béton. Ce qui constitue sans doute une aubaine pour l’investisseur. Il ne prévoit pas non plus la rénovation du petit centre commercial voisin. La création d’une nouvelle voirie est prévue : c’est dans ce cadre que le conseil communal s’était prononcé le 20 mars dernier, suspendant le délai de rigueur pour le traitement du dossier. Avec ses collègues en charge des implantations commerciales et de l’Environnement, le fonctionnaire délégué de l’Urbanisme a recalé cet investissement immobilier de 30 millions. « Je ne suis pas opposé à la construction de tours résidentielles, pour autant qu’elles restent dimensionnées au quartier. » En résumé, dix à douze étages. Pas vingt-sept. Le promoteur des River Towers ira en recours. Si c’est le cas, le collège communal l’appuiera.
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