A 15 ans, les Diablotins Janssens brillaient déjà

Les espoirs du football belge se distinguent ! Lundi soir, l’équipe belge des moins de 17 ans a battu son homologue du Costa Rica. Cette victoire offre aux jeunes footballeurs un ticket pour la demi-finale du Mondial U17. Dernière équipe européenne encore en lice, la Belgique affrontera le Mali, jeudi à 21h. L’autre demi-finale opposera le Nigeria et le Mexique. [scald=142442:sdl_editor_representation] Les jeunes joueurs qui ont qualifié la Belgique hier soir sont peut-être les futurs grands Diables Rouges... En 2013, Le Soir partait à la rencontre des frères Janssens... [scald=143866:sdl_editor_representation] Faire des envieux Les Pays-Bas ont eu les frères de Boer et avant eux les van de Kerkhof. Le Danemark a vibré aux exploits de frères Laudrup et la France à ceux des Revelli. La Belgique, elle, mise beaucoup sur la fratrie Hazard après avoir abrité les Millecamps dans les années 70 et 80. A chaque fois, ces frangins doués sont deux. La famille Janssens espère bien faire encore plus fort dans un avenir proche en comptant dans ses rangs trois joueurs du top du foot belge. Et des triplés de surcroît. Matthias, Christophe et Luca ont tous trois 15 ans. Affiliés au centre foot-école du RAEC Mons, ils fréquentent aussi le foot-élite de l’Union belge qui a déjà fait de Matthias et Christophe des internationaux. Luca pourrait les rejoindre prochainement. Nul doute qu’ils doivent faire des envieux mais leur vie n’est pas un rêve pour autant. C’est une véritable course contre-la-montre perpétuelle qui ne laisse que peu de place aux loisirs et à l’improvisation. Même le centre scolaire Saint-Stanislas où ils sont inscrits en 3e s’est adapté à leur rythme de vie. Une journée dans leurs pas. Il est un peu plus de 8 heures mardi lorsque les trois frères arrivent à Saint-Stanislas. Les cours débutent à 8h10. C’est déjà la course. Par chance, ils sont tous les trois dans la même classe. «Les garçons ont été transférés cette saison de Tubize vers Mons, relate la maman, Marylène Godry.Même s’ils intégraient un centre de formation, je tiens à ce qu’ils restent dans l’enseignement général le plus longtemps possible. Devenir professionnel, c’est bien beau mais il faut assurer ses arrières. Ils peuvent échouer ou se blesser. Puis, il faut aussi penser à l’après-football. Comme je voulais une école d’un bon niveau, je tenais à ce qu’ils viennent à Saint-Stan’.» [scald=143863:sdl_editor_representation] Trois dans la même classe Jusqu’alors, l’école qui accueille 900 élèves n’en avait qu’un seul qui avait un profil similaire à celui des Janssens. Trois dans la même classe, voilà qui n’était pas banal. «En accord avec la Communauté française, nous avons essayé d’adapter les horaires en fonction du foot», commente le sous-directeur Thierry Héroufosse. Car trois jours par semaine, les triplés ont un entraînement dispensé par l’Union belge de 10h30 à midi au stade Tondreau. «Nous avons donc fait en sorte que ça leur soit le moins dommageable possible. Ils ratent notamment un cours de sport, un de géographie, une partie d’un cours de maths et un cours en option. L’important est qu’ils rattrapent ce qu’ils ont raté. Mais nous savons qu’ils ont des semaines chargées et qu’ils font beaucoup de sacrifices.» «C’est dans l’ordre des choses, embraie le directeur Vincent Vancoppenolle, à notre époque, on individualise de plus en plus les choses.» Il est 9h50. Le cours de français est terminé. Direction les maths, le cours de la titulaire de classe, Véronique Marcq. Matthias s’installe au premier rang tandis que ses deux frères encadrent une jeune fille à la rangée suivante. C’est parti pour une séance d’abscisses et d’ordonnées. Appliqués et consciencieux, les triplés dessinent des droites. Ils n’iront cependant pas jusqu’au bout du cours. A 10h15, ils rangent leur syllabus. La prof leur donne les exercices à compléter pour le cours suivant. Leurs visages s’illuminent. Ils quittent la classe, laissant derrière eux leurs amis aux prises avec des x et des y. Des exigences scolaires et sportives «Ils ont tous les trois de bonnes capacités, commente la titulaire, mais ils sont confrontés à un rythme énorme car les exigences scolaires et sportives sont poussées. La semaine dernière, Christophe et Matthias étaient en stage avec l’équipe nationale et ils ont manqué quatre jours. C’est lourd à rattraper. D’ailleurs, Luca qui n’est pas international a les meilleurs résultats des trois. Je crois d’ailleurs que sans cours particuliers, ils risquent d’avoir du mal à s’en sortir sans échecs.» Les triplés, eux, sont déjà au rez-de-chaussée. Dans la rue des Dominicains, la navette mise à leur disposition par le RAEC Mons les attend. Direction le stade pour l’entraînement du foot élite. Ni une ni deux, les Janssens montent sur le terrain annexe en matière synthétique. Gardien, Matthias est entre ses perches. Les autres – Christophe et Luca sont attaquants- le canardent de coups-francs bien sentis sous le regard du coach Alexandre Teklak, un ancien de Charleroi et de Mouscron. Luca est à droite du terrain, Christophe est à gauche. Matthias, lui, apparaît sûr de lui dans ses sorties. Pas de doute: par rapport à leur attitude réservée durant le cours de maths, les garçons semblent métamorphosés. Tellement heureux de tâter du ballon. «Ils ont le potentiel pour devenir pros tous les trois, affirme le directeur du centre Pierre-Paul Verstappen. Mais ça nécessite beaucoup de travail et de chance. Il faut tomber sur les bonnes personnes au bon moment. Il faut se méfier des agents qui proposent de l’argent et qui font tourner la tête. Nous sommes là pour les encadrer et les conseiller. Ici, ils ont la chance d’être dans une structure familiale. Mais à un moment donné, il sera difficile de rivaliser avec l’argent que peuvent offrir les top clubs.» [scald=143865:sdl_editor_representation] La différence, la mentalité Ces top clubs, ils font bien sûr rêver les triplés. «Notre souhait est d’intégrer un jour un noyau pro, se lance Christophe. Des recruteurs sont d’ailleurs déjà venus nous voir. Ici, on veut franchir un palier.» «Et qui sait un jour jouer à l’étranger», ose Matthias. Plein de bon sens, le coach Alex Teklak temporise. «J’en ai déjà vu passer des prétendues futures vedettes… Ce qui fait la différence, c’est la mentalité, la discipline et l’assiduité. La concurrence est grande. On peut être très bon très jeune et ne plus progresser par la suite. Moi je trouve qu’il vaut mieux être un très bon joueur en D2 ou en D3 qu’un mauvais en D1. Le principal est de prendre du plaisir.» L’entraînement se termine. Exceptionnellement, les cours sont suspendus ce mardi après-midi. La grand-mère joue donc les foot-sitters. Au menu: sandwichs, jus de fruits (les sodas sont proscrits) et devoirs avant un nouvel entraînement avec le foot-étude dirigé par le staff montois entre 17h30 et 19h30. Il sera plus de 20 heures quand les triplés rentreront à la maison. Comme le travail paie, Matthias et Christophe apprendront qu’ils partent pour une semaine avec l’équipe nationale au pays de Galles. Le tour de Luca viendra aussi un jour…

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