Daniel Craig: «Je n’avais pas du tout envie d’incarner James Bond»

Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig : autant de visages aujourd’hui indissociables du personnage de 007, l’agent secret le plus célèbre au monde. Après Casino Royale, Quantum of Solace et Skyfall, Daniel Craig incarne ce personnage mythique pour la quatrième fois dans Spectre, 24e épisode de la saga. Au départ, l’idée ne le faisait pourtant pas forcément rêver : « Évidemment je jouais à être James Bond quand j’étais gosse, mais je jouais à Spiderman et à Superman de la même manière, explique l’acteur. L’incarner au cinéma n’était pas un rêve d’enfant et pas vraiment un rêve d’acteur non plus. Je n’avais pas du tout envie de le faire. Ça me semblait être une idée un peu farfelue d’ailleurs, dix ans avant que j’y prenne réellement part. » Pourtant, il s’est vite pris au jeu et après un Skyfall de tous les records (qui a rapporté plus d’un milliard de dollars au box-office mondial), Sam Mendes et Daniel Craig rempilent pour un deuxième James Bond ensemble. Une manière de continuer le tournant vers une saga plus moderne, et plus ancrée dans le monde d’aujourd’hui. « Dans Skyfall, Bond essayait de rattraper le temps perdu pendant tout le film mais il a échoué, sourit Daniel Craig. Dans ce film, Bond sait dès le départ où il va, il a une longueur d’avance sur le public. Jusqu’à ce que ça tourne mal… parce que bien sûr, ça tourne mal, c’est un James Bond ! (rires) Ce qui le guide dans sa mission ici, c’est un mélange de revanche, de patriotisme… Comme un bon détective, il rassemble les indices jusqu’à arriver jusqu’au grand patron. Ce film était l’occasion de faire cela. » Avant d’accepter Spectre, Sam Mendes souhaitait pourtant quitter le navire. « C’était avant tout une question de temps, explique Daniel Craig. Les studios voulaient surfer sur le succès de Skyfall et enchaîner. Il était impliqué dans énormément de projets donc il ne voulait pas précipiter les choses. Et il avait raison. » « Je pense qu’il a dit non au départ car le succès de Skyfall avait été tel qu’il avait vraiment tout donné, continue Barbara Broccoli, une des productrices de la saga. Mais c’est quelqu’un qui aime les challenges et succéder à Skyfall en était un de taille. Nous sommes très heureux qu’il ait rempilé car il a fait un film phénoménal et le processus pour y arriver a été très intéressant. » « Il faut trouver LA bonne idée » Rebondir après un succès tel que celui de Skyfall a été un vrai challenge, tant pour le réalisateur, les producteurs, que pour Daniel Craig lui-même, toujours très impliqué dans les projets auxquels il prend part.« Evidemment ça rajoute de la pression mais c’est une bonne pression, explique l’acteur. C’est un problème de riche, car vous travaillez sur un succès, pas sur un échec. Avoir un budget important est un privilège car les films comme celui-ci sont rares. Mais ça incite à être particulièrement prudent. Il faut utiliser cet argent de manière intelligente, pour les bonnes choses et en employant les bonnes personnes, pour former la meilleure équipe possible. Ce qui est stressant lorsqu’on démarre un projet comme celui-ci, c’est que la première chose à faire, c’est de trouver LA bonne idée. Donc il y a énormément de versions du scénario. Sur mon bureau, il y en a d’ailleurs des tonnes. Je m’implique dans le processus créatif et dans le film de toutes les manières possibles. Je ne peux pas me contenter de juste attendre et d’arriver sur le plateau quand tout est prêt. Même pour un tout petit film, je travaille sur le scénario pendant des mois et des mois. C’est ma manière d’être. » [scald=151110:sdl_editor_representation] Une réalité que confirme Barbara Broccoli. « Lorsqu’il accepte un film, il s’investit beaucoup. Il nous avait prévenus avant Casino Royale. C’est quelqu’un de très intelligent, de très intuitif, il a compris le personnage de Bond et comprend le côté dramatique de l’histoire. Il est aussi très impliqué dans tous les éléments d’action et a vraiment de bonnes idées donc nous ne pourrions pas être plus heureux. Il y a du Daniel dans toutes les scènes. » « C’est une chose de jouer une scène qui est écrite mais ce qui change tout, c’est comment un acteur interprète cette scène et comment il donne des idées, continue Michael G. Wilson, lui aussi producteur. Il y a des choses qui, sur papier, paraissent étranges mais auxquelles il arrive à donner vie. » « Puis il a une puissance et une vraie présence, c’est ce que j’ai remarqué directement quand je l’ai vu la première fois, explique Barbara Broccoli. Donc même quand il marche, il raconte une histoire. Et c’est pour ça qu’il est si bon dans ce qu’il fait. » Du point de vue de Daniel Craig, la clé du succès est d’en faire le moins possible. « Je pense que l’ennemi du jeu, c’est trop de conscience de soi. Bond est un personnage avec lequel vous portez des costumes, vous essayez d’être cool… mais ça peut être compliqué car évidemment, en réalité, vous n’êtes pas James Bond. Il faut essayer de rester le plus naturel possible. Ce qui est super avec Bond, c’est que les choses ont l’air simples. Mais en même temps, c’est ça qui ajoute de la difficulté. » Un naturel qui transparaît aussi dans sa manière d’être avec les actrices, qui s’accordent toutes sur son côté gentleman. « Il est très protecteur, confie Monica Bellucci. Parfois, il arrive qu’on ait à devenir intime avec quelqu’un qu’on ne connaît pas et ce n’est pas toujours facile mais ici ça l’était. Arriver dans une franchise telle que celle-ci n’est pas simple car tout le monde se connaît déjà très bien. Mais le comportement de Daniel, de Sam et de Barbara Broccoli a énormément aidé. » « J’étais enchantée de faire partie d’un film tel que celui-là, explique quant à elle Léa Seydoux, Bond girl rebelle. C’est la meilleure expérience que je n’ai jamais eue. Daniel est un très grand acteur et un très grand être humain. Il était très gentil, très généreux, très drôle. Il est l’opposé de ce que l’on peut imaginer de lui en fait. » Une volonté de modernité De son côté, Daniel Craig semble lui aussi être ravi d’être entouré de jolies femmes. Lorsqu’on évoque avec lui le fait que pour une fois, une des James Bond girl est plus âgée que Bond lui-même, il sourit. « Monica est une merveilleuse actrice et le rôle lui colle parfaitement. Il n’y avait pas de décision consciente de choisir une actrice plus âgée. C’est triste que ça ait à être une “révolution”. Cette inégalité est dingue. Nous faisons des James Bond mais nous faisons de notre mieux pour atténuer cela. Bond est un homme un peu macho mais nous essayons de mettre des femmes très fortes autour de lui pour qu’elles le bousculent un peu. Pour contrer un peu les tendances de l’industrie. » « Nous voulions travailler avec Monica Bellucci depuis plus de vingt ans et il se fait que ça n’a juste jamais collé jusqu’ici, continue Barbara Broccoli. C’est une actrice géniale, une très belle femme, une personne géniale et c’est pour ça que nous l’avons choisie, pas pour son âge. Elle était juste parfaite pour ce rôle. » Au final, il faut composer avec le côté un peu vieux jeu des James Bond et les faire évoluer. « Je ne juge pas mon personnage, insiste Daniel Craig. Mon job, c’est de l’interpréter. Nous essayons de sortir de ces tendances. Mais le personnage doit rester le personnage et il n’est pas que ça, il est intéressant. Le fait que Monica ait rejoint le casting a amené le débat et j’en suis très heureux. » Une évolution qui ne fait sans doute que commencer…

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