Le disque vinyle vit encore et toujours
Dès ce samedi, et jusqu’à la fin de l’année, on pourra découvrir les dix albums de notre collection. Enterré dans les années 90, le disque vinyle poursuit son retour en force.


En 2016, il s’est vendu en Belgique 267.000 disques vinyles 33 tours. Même si cela ne représente que 5 % du marché, il ne s’en vendait cinq ans plus tôt que 63.000. Tous les ans, la galette noire grignote des parts de marché, le CD cédant du terrain face au streaming et au téléchargement digital.
Le vinyle, né aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, a pratiquement été enterré au début des années 90. Les usines de pressage ont fermé les unes après les autres. Et puis les (bons) DJ ont fait de la résistance. Face aux coups de boutoir du numérique, le CD a perdu de sa superbe. Dans les années 80, on nous avait vendu le compact disc en nous disant qu’il serait incassable, inusable et éternel. Quand le premier CD sort le 17 août 1982 de l’usine Philips de Lagenhaven, près de Hanovre, la planète musicale entière pousse un ouf de soulagement. On va enfin être débarrassé de ce maudit 33 tours qui se griffe pour un rien et qu’il faut sans cesse retourner sur la platine. On va vite se rendre compte que la publicité pour le CD était un pieux mensonge mais bon, en attendant on sera tout de même des milliards à se jeter sur la rondelle scintillante, entre 1986 et 2000, transformant petit à petit notre discothèque. Aux puces le 33 tours, adieu et merci.
L’heure de la vengeance
Mais le vinyle va attendre son heure pour se venger. Dans les années 2000, on assiste au déclin commercial du CD, concurrencé par le digital et surtout le piratage. À quoi bon encore acheter des CD dont les producteurs refusent de baisser le prix, tout en multipliant les « copy control » réduisant son utilisation. L’iPod va remplacer le Walkman et le Discman avant que le smartphone ne mette tout le monde d’accord, à l’instar du streaming sur Spotify ou Deezer. Les nouvelles générations, majoritairement, n’en ont plus rien à cirer de collectionner des disques. On écoute sur son téléphone la musique de façon aléatoire, morceau par morceau, sans plus trop se soucier du concept d’album.
Mais les vrais amoureux mélomanes n’ont pas dit leur dernier mot. En 1995, Nick Hornby publie High Fidelity (Haute Fidélité, un superbe hommage aux dingues de classements alphabétiques de disques 33 tours) qui, cinq ans plus tard, sera adapté au cinéma par Stephen Frears. Oui la résistance s’organise, oui les orphelins des belles pochettes et du son chaleureux existent toujours. En 2009, le label Music On Vinyl voit le jour pour rééditer en format 33 tours des disques de légende. Et pas n’importe comment. On a retenu la leçon. Le disque pèse 180 grammes, le son est remastérisé à partir de la matrice originale. La pochette respecte les couleurs d’origine et le livret est enrichi de photos et informations inédites. Parfois s’y glisse un inédit ou même un code pour le télécharger en version digitale de qualité. Le produit est cher (on dépasse de plus en plus souvent les 20 euros – reproche qui a longtemps été fait dans les années 2000 au CD !) mais qu’importe : c’est bon et c’est beau. Le Record Store Day international, la réouverture d’usines et les magasins qui à nouveau consacrent – comme à la Fnac – une place au 33 tours font le reste : le vinyle est à la mode. Les anciens retrouvent ce son à nul autre pareil et les nouvelles générations découvrent le plaisir de parader dans la cour de l’école avec des vinyles sous le bras. L’heure est au vintage ! Et comme le dit Pedro Winter, le fondateur de Ed Banger Records, ex-manager de Daft Punk, en préface du livre de Sophian Fanen (1), « Le vinyle a du sens car il est en contraste direct avec l’époque. (…) Il est comme le symbole d’une révolte contre le monde dans lequel on vit. »
Un lien affectif
Le vinyle permet de renouer avec ce lien affectif particulier à la musique, perdu avec la clé USB ou le fichier MP3. On réédite les disques de légende et on grave à nouveau en vinyle le dernier CD de l’artiste à succès. Tout cela en bonne cohabitation avec le CD (qui occupe toujours 47 % du marché avec ses 4,4 millions d’exemplaires vendus en Belgique en 2016) et le streaming qui est le mode de consommation de la musique connaissant la meilleure progression. Face au CD qui, par an, perd en moyenne 10 % de son importance sur le marché.
Le vinyle en est encore loin mais sa niche de prédilection – à destination de consommateurs minoritaires mais de goût – ne cesse de se conforter avec des chiffres de l’ordre de 36 % de progression annuelle.
Le 33 tours, produit de luxe ? C’est la carte jouée par l’industrie qui a compris qu’en proposant des objets de collection, exclusifs ou à tirage limité, comme les coffrets rétrospectifs des grands du rock contenant livres, photos et même gadgets, en CD comme en vinyle, elle permettait à l’objet disque de vivre une nouvelle jeunesse, d’être à nouveau viable.
Les grands perdants ? Le 45 tours des années 60 et la cassette magnétique qui a suivi dans les années 70. Ces formats n’ont pas encore amorcé leur grand retour. Mais qui sait… L’arrogante et inattendue résurrection du 33 tours permet toujours de rêver.
(1) « Boulevard du stream. Du mp3 à Deezer, la musique libérée », par Sophian Fanen (Éd. Castor Music, 284 p., 20 euros).
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Bonjour, J'ai acheté le disque de Johnny Cash, Live at San Quentin. Dans la pochette il n'y avait pas de code pour le télécharger en MP3. Serait-il possible de m'envoyer un code valide? Merci. Bonne journée.
Bonjour, Je suis abonné. Est-il possible de commander que certains albums?. Si oui, comment?. D'avance merci. Bien à vous.