Paradise Papers: une nouvelle fuite de documents dévoile les liens entre des proches de Trump et la Russie
« Le Soir » publie, avec l’ICIJ et son réseau de quelque 382 journalistes implantés dans 67 pays, nouvelle fuite de 13,4 millions de documents, baptisée «Paradise Papers», qui montre à quel point le système financier offshore s’est implanté à la fois dans les univers des acteurs politiques, des grandes fortunes privées et des géants multinationaux.


Une nouvelle fuite de 13,4 millions de documents met au jour les liens entre la Russie et le secrétaire d’Etat américain au commerce Wilbur Ross. Baptisée « Paradise Papers », elle dévoile aussi les opérations secrètes du principal collecteur du fonds du Premier ministre canadien Justin Trudeau, elle révèle les intérêts offshores de la reine d’Angleterre Elisabeth II et de plus de 120 politiciens à travers le monde. Ces nouveaux documents montrent à quel point le système financier offshore s’est implanté à la fois dans les univers des acteurs politiques, des grandes fortunes privées et des géants multinationaux comme Apple, Nike, Uber et autres sociétés de dimension planétaire qui évitent les taxes grace à des maneuvres comptables de plus en plus imaginatives.
Un des réseaux offshore dévoilé mène notamment au secrétaire d’Etat au commerce de Donald Trump, Wilbur Ross, lequel a des intérêts dans une société navale, Navigator Holdings. Celle-ci a encaissé depuis 2014 plus de 68 millions de dollars de revenus en provenance d’une société énergétique russe, Sibur, dont l’un des propriétaires est le beau-fils du président russe Vladimir Poutine. Cette étonnante connection américano-russe concerne notamment Anvers puisque Sibur y fait accoster les navires de Navigator Holdings (lire par ailleurs). Au total, les liens offshore que nous révélons aujourd’hui mènent à plus d’une dizaine de conseillers du président Trump, des membres de son cabinet et des donateurs de premier plan.
Plus de 500 noms belges
En Belgique, les journalistes du Soir, De Tijd et Knack ont comme à l’accoutumée unis leurs efforts et pisté la moindre trace de particuliers et d'entreprises de notre pays. Ce qui revenait à chercher quelques centaines d’aiguilles dans une énorme meule de foin : plus de 13 millions de courriels, d’actes d’incorporation et autres documents, de présentations PowerPoint, de tableurs Exell, etc. Dans les seuls fichiers Appleby, le mot Belgique donnait plus de 64.000 « hits ». Puis nous avons trouvé des milliers d’autres liens belges, en cherchant la présence des villes et municipalités du pays, en scrutant les traces des sociétés belges, des mandataires publics, des hauts fonctionnaires. Après filtrage, il nous est resté un peu plus de 500 noms pertinents. Nous passerons en revue au fil de la semaine les dossiers belges qui ont un intérêt public.
Ces nouveaux fichiers proviennent de deux fournisseurs de services offshore créés aux Bermudes et à Singapour, ainsi que de dix-neuf registres de commerce gérés par les gouvernements de juridictions discrètes qui sont autant de relais de l’économie planétaire de l’ombre. Ces fuites ont été obtenues par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, de Munich, partagées avec l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) avec un réseau de quelque 382 journalistes implantés dans 67 pays.
Ces « Paradise Papers » prolongent de manière substantielle les révélations amenées en 2016 par un premier jeu de documents baptisé Panama Papers. Ces nouveaux documents projettent une lumière inédite sur des paradis fiscaux encore inexplorés, dont certains bénéficient jusqu’aujourd’hui d’une réputation de relative propreté, comme les Îles Caïmans et les Bermudes. Mais les documents fuités portent également sur les registres de commerce de certains des paradis fiscaux les plus secrets de la planète, comme Antigua et Barbuba, les Îles Cook et Malte. Un cinquième des juridictions discrètes les plus actives au monde se retrouvent dans ces bases de données fuitées.
Dans l’ensemble, les fuites trahissent la trace offshore d’avions espions achetés par les Emirats Arabes Unis, les offshores explosives d’un ingénieur canadien qui a tenté de construire un super-canon pour l’ex-dictateur irakien Saddam Hussein, ou la société des Bermudes de Marcial Maciel Degollado, l’influent prêtre mexicain fondateur des Légions du Christ.
Et la reine d’Angleterre, Elizabeth II ? Oui ; elle a investi des millions de dollars dans des sociétés de prêts à la consommation et sociétés médicales, montrent les documents d’Appleby. Jamais les secrets de ses investissements offshore n’avaient été dévoilés. Bonne lecture.
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