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S i on demande aux jeunes diplômés de travailler sans être payés, c’est de la discrimination socio-économique : ceux qui ont moins de moyens ne peuvent simplement pas le faire », analyse Bryn Watkins, membre dirigeant de Bingo, une ONG qui défend les droits des stagiaires, principalement dans le milieu des affaires européennes. La problématique des stages non rémunérés, qui touche surtout le secteur des ASBL et des ONG, s’observe désormais à Bruxelles jusque dans les institutions européennes (voir Le Soir du 1er mars 2017). A l’échelle du continent, trois stagiaires sur quatre percevraient une rémunération insuffisante, voire inexistante, et 40 % d’entre eux travaillent sans contrat. [scald=9872013:sdl_editor_representation] C’est donc pour « promouvoir l’égalité des chances des jeunes » que plusieurs ONG et universités européennes ont mis au point la plateforme interactive « Transparency at Work ». Officiellement lancée ce vendredi, à l’occasion de la Journée internationale des stagiaires, cette plateforme sera alimentée par les jeunes, qui pourront y laisser leur avis, de façon anonyme, après une expérience de travail : un système de notation similaire à ceux de TripAdvisor, Airbnb et Blablacar. L’objectif : créer un « marché du travail transparent » pour inciter « les employeurs à améliorer leurs pratiques ». En Belgique, c’est l’ONG Bingo qui pilotera l’opération. « Jusqu’à cinq ans de contrats précaires » Face à un marché de l’emploi mouvant, les jeunes doivent souvent multiplier les expériences, parfois précaires, avant de trouver la perle rare : « Parfois quatre à cinq années de stages, d’apprentissages ou de premiers emplois », observe l’employé de Bingo. L’objectif de la plateforme numérique est d’assurer que ces premières expériences professionnelles, à défaut d’être valorisantes et bien rémunérées, soient de vrais tremplins vers un emploi plus stable. Pour cela, l’accent est mis sur l’évaluation de la qualité : une bonne supervision, un plan d’apprentissage complet, des compétences acquises utiles pour le futur… Pour chacun de ces aspects, les jeunes seront invités à répondre à des questions et laisser une note entre 1 et 5. Arrivée en Belgique pour ses études, Amy (prénom d’emprunt) a récemment été engagée pour un stage dans une petite ONG à Bruxelles. Et la jeune femme sera probablement très sévère dans la notation de son expérience professionnelle : « Nous ne sommes, en fait, que des stagiaires dans le bureau. J’ai environ six collègues, mais leur nombre change tout le temps : certains démissionnent, puis d’autres sont engagés… Je suis la seule stagiaire encore étudiante, et j’ai été mise en charge d’importants dossiers que je ne sais pas – et ne devrais pas – gérer. Personne ne m’encadre, je n’apprends absolument rien ! » Une situation « déplorable, et pourtant légale », commente Bryn Watkins. Quelles retombées ? Dans six mois, les premiers résultats de ces évaluations anonymes seront rendus publics, via un classement des « meilleurs employeurs pour la jeunesse ». Car, pour Bryn Watkins, « si ce système permet certes de mettre en évidence le négatif, il peut aussi souligner les bonnes pratiques des employeurs ». Brando Benifei, député européen et membre de la commission de l’Emploi et des Affaires sociales, soutient vivement ce type de « mécanismes d’incitation positive vis-à-vis des entreprises ». Même si « les compétences de l’Union européenne en matière d’emploi sont assez limitées, compte tenu des grandes différences entre les lois des Etats membres », le député, qui copréside l’Intergroupe Jeunesse du Parlement européen, espère que « les résultats de cette initiative de la société civile serviront de support pour les législateurs européens ».

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