Au Royaume-Uni, la série noire se poursuit pour Theresa May

Les jours de Theresa May sont-ils comptés ? La situation devient de toute évidence de plus en plus épineuse pour la Première ministre britannique. Dernier épisode en date ce dimanche grâce aux révélations du Sunday Times qui avance que quarante députés issus du Parti conservateur auraient signé une missive dans laquelle ils font part de leur défiance envers la cheffe de gouvernement. Si le chiffre de 40 était bel et bien confirmé, il ne manquerait alors plus que huit signatures au sein du parti pour écarter Theresa May du pouvoir en déclenchant un vote interne. Une procédure propre au parti conservateur : si un challenger parvient à mettre la Première ministre en minorité, il lui succède logiquement à la tête de la famille politique et à la tête du gouvernement. Sans pour autant que de nouvelles élections législatives soient nécessaires. [scald=9955285:sdl_editor_representation] La responsable politique, présente aux commémorations de la « journée du Souvenir » à Londres, n’a pas commenté les faits. D’autres s’en sont chargés à sa place, à l’image du pourtant très conservateur chroniqueur Piers Morgan, qui estime que les démissions en série au sein du gouvernement et l’interminable lenteur des négociations du Brexit ne font qu’accroître la menace d’un chaos politique à Londres : « La Première ministre doit partir, et elle doit partir maintenant ». Des conséquences financières ? Ce n’est pas la première fronde que la Première ministre britannique doit affronter. Sa position à la tête du gouvernement est régulièrement remise en cause depuis juin avec la perte, par les conservateurs, de leur majorité absolue au Parlement lors d’élections législatives qu’elle avait décidé de convoquer de manière anticipée. Au début du mois d’octobre, après le fiasco de son discours au congrès des Tories (May avait été pêle-mêle : interrompue par un manifestant, prise de quintes de toux interminables, témoin du délitement – littéral – du slogan conservateur sur le mur derrière elle) le parti conservateur était déjà à la limite de l’explosion. [scald=9955283:sdl_editor_representation] Une trentaine de députés, menée par l’ancien ministre Grant Shapps, avait alors soulevé « un problème de leadership » et réclamé l’élection d’un nouveau dirigeant à la tête des Tories arguant qu’il n’était « plus possible de continuer ainsi ». Si la pression sur May était retombée au cours du mois, notamment grâce au soutien affiché d’autres membres du Parti conservateur, la question du leadership n’a jamais cessé d’être sensible. D’autant plus sensible qu’elle pourrait bientôt avoir des conséquences financières. Charlie Mullins, créateur de la société de plomberie Pimlico Plumbers, et généreux donateur des Tories, a réclamé le départ de Theresa May. Véritable coup dur pour la cheffe de gouvernement, la démission de deux de ses ministres en une semaine. La secrétaire d’Etat britannique au Développement international Priti Patel a démissionné mercredi dernier après avoir rencontré des personnalités politiques israéliennes sans en informer son gouvernement. Quelques jours plus tôt, c’est le ministre de la Défense Michael Fallon qui annonçait son départ suite à sa mise en cause dans un scandale de harcèlement sexuel. La série noire des départs pourrait se poursuivre puisqu’un autre proche de Theresa May, le vice-Premier ministre Damian Green, ainsi que le secrétaire d’Etat au Commerce international Mark Garnier, sont également cités dans le scandale qui a secoué la classe politique britannique. Tous deux nient les faits qui leur sont reprochés. [scald=9955284:sdl_editor_representation] Autre pomme de discorde entre May et le Parti conservateur : le Brexit. Enlisée dans d’interminables discussions, Theresa May peine aussi sur ce terrain à se faire entendre auprès de ses collègues conservateurs qui craignent qu’elle soit devenue un problème dans la négociation du divorce. Le « psychodrame interne » au Parti conservateur aurait « pris les négociations en otage », selon une source européenne citée par le Sunday Times. L’UE a donné ce vendredi deux semaines au Royaume-Uni pour clarifier ses engagements sur les termes de leur divorce, en faisant une condition pour accepter en décembre l’ouverture des tractations commerciales que Londres réclame avec insistance pour préparer l’après-Brexit. L’ultimatum a été lancé au terme d’un sixième round de négociations peu fructueux.

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