«La mixité des quartiers est essentielle»

Quelles solutions, quelles pistes imaginer pour arracher Molenbeek à la radicalisation et à la division ? A un an des élections communales d’octobre 2018, trouver une réponse à ces questions est urgent pour Sarah Turine. L’apaisement des esprits est à ce prix. Un islam européen peut-il apporter une solution à Molenbeek ? Évidemment ! Je pense même qu’une partie de la communauté musulmane parie sur ce fait. L’islam est en crise de façon générale, pas seulement en Europe, et beaucoup de gens pensent que les solutions viendront des musulmans d’Occident eux-mêmes. Je pense qu’en Occident, avec ce que Marcel Gauchet a appelé le « désenchantement de la société », l’islam questionne le rapport à la spiritualité, au religieux… Plus concrètement, l’enjeu pour la communauté musulmane en Europe consiste pour l’heure en la formation de leurs savants religieux. Où se fait-elle ? Où se forment les gens qui ne maîtrisent pas l’arabe ? Le fait de reprendre les clefs de la grande mosquée du Cinquantenaire à l’Arabie saoudite, c’est une bonne chose ? C’est un acte symbolique important. C’est hallucinant de se dire que la plus grande mosquée de Bruxelles était aux mains du pays qui défend l’islam le plus rigoriste. [scald=9955840:sdl_editor_representation] Après les attentats, quelles sont les solutions pour réduire les différentes fractures de Molenbeek ? Je continue de penser que les solutions passent par l’éducation et la culture. Parce qu’elles sont des outils pour l’émancipation de chacun, pour la lutte contre les inégalités socioéconomiques et la construction des identités. Donc, tout ce qui peut être mis en place depuis le niveau local jusqu’au niveau fédéral pour renforcer les dispositifs culturels et lutter contre les inégalités scolaires est essentiel. La commune n’y arrivera pas seule. L’autre enjeu – et là je pense que Molenbeek est en bonne voie – est la mixité des quartiers. Il faut une rénovation des quartiers pour amener un public diversifié, le tout via une maîtrise publique pour assurer qu’il n’y ait pas une flambée des loyers et permettre aux populations les plus précarisées de vivre encore dans ces quartiers. On a de plus en plus de personnes qui viennent habiter la commune parce que ce n’est pas très cher. Mais on doit aussi essayer de rendre plus séduisants tous les dispositifs collectifs pour que les gens vivent vraiment à Molenbeek. Vous craignez que l’extrême droite ne surfe sur les attentats à l’occasion des prochaines élections communales ? C’est difficile à dire. Je ne sais pas si l’extrême droite arrivera à renaître de ses cendres à Molenbeek. Il y a un potentiel en tout cas. Et le repli identitaire est là… Un an, c’est encore long et court en même temps. Beaucoup est affaire d’atmosphère, d’ambiance.

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