«La valeur ajoutée du Talent, c’est son absence de spéculation»
Le Talent va débarquer dans sa cinquième entité, à La Hulpe. La monnaie entend se développer entre la N4 et la N5. A l’étude, une version électronique.


De meilleur serviteur, il n’y en a sans doute pas. Sauf qu’à l’inverse de la parabole des Talents, il fait partie de ceux qui en ont assuré la création et qui en facilitent aujourd’hui l’usage. Au point que, depuis sa création il y a un an, le Talent, c’est devenu sa Bible. Cette monnaie locale, née à Ottignies-Louvain-la-Neuve, s’est transportée à vélo via le Ravel jusqu’à Court-Saint-Étienne et Genappe, puis en train jusqu’à Villers-la-Ville. Ce samedi, c’est à cheval qu’elle entrera à La Hulpe. Entretien avec Stéphane Vanden Eede, de l’ASBL Talent.
À quoi est dû ce développement ?
On est encore loin de l’Épi lorrain, notre modèle, mais c’est vrai qu’on ne s’attendait pas aussi vite à un rayonnement aussi important car dans « Talent », il y a « lent ». On pèse toutes nos décisions au sein de nos assemblées générales. Ce sont cependant des associations en transition qui sont venues vers nous. Le Talent (1) ne dépassera cependant jamais le bassin de vie compris entre les nationales 4 et 5. Le Blé, né à Grez-Doiceau et davantage actif à Chaumont-Gistoux, le fera dans l’est du Brabant wallon, tandis que l’idée d’une autre monnaie locale germe du côté de Nivelles, Braine-l’Alleud et Waterloo.
Combien de Talents tournent-ils ?
On devrait approcher les 50.000 Talents d’ici la fin de l’année, un Talent valant un euro, faut-il le rappeler. Notre force, ce sont les 122 prestataires qui acceptent que leurs clients les paient en Talents. Notre faiblesse, c’est que le Talent ne tourne pas assez entre ces prestataires, simplement parce que c’est compliqué pour eux de payer en billets ce qu’ils pourraient rembourser plus rapidement par un simple paiement électronique. En 2018, outre notre ambition de répondre aux onze communes du centre du Brabant wallon, nous souhaitons mettre en place un tel service.
Quelle différence voyez-vous avec l’euro ?
La valeur ajoutée du Talent, c’est son absence de spéculation. C’est une monnaie sans « intérêt » au sens financier du terme. On ne peut pas l’épargner. Par contre, il y a tout « intérêt » à le faire circuler pour créer une dynamique économique. De plus, pour chaque Talent en circulation, un euro est placé dans une banque éthique, Triodos pour la citer. Enfin, nous avons un accord avec le Crédal, la coopérative de finance solidaire, qui s’engage à doubler la mise pour la création de projets sur notre zone.
Peut-on vivre uniquement avec le Talent ?
Pas encore. Mais à Louvain-la-Neuve, un étudiant peut déjà acheter ses syllabus, se fournir en matériels divers, payer un verre à ses copains ou se faire inviter par ses parents dans un restaurant. Et bientôt la Ville d’Ottignies-LLN nous donnera un coup de pouce
Les billets ont des illustrations très locales…
Le Talent est né à Ottignies-LLN. Il est normal que nous ayons choisi des vues de la localité pour les illustrer. À savoir la statue de Léon et Valérie pour les billets de 1 Talent, la Ferme du Douaire pour 2,5 Talents, le lac de Louvain-la-Neuve pour 5 Talents, l’étang du Buston pour 10 Talents et la place de Céroux pour 20 Talents. Mais lors du prochain tirage, nous referons de nouveaux billets avec des vues des communes associées.
Une place pour les numismates ?
Chaque billet étant numéroté, nous avons gardé les 200 premiers numéros de chacun d’entre eux. Nous les vendrons 50 euros le lot de cinq. De quoi gagner 11,50 euros pour financer le prochain tirage. Et comme tous les billets seront changés, le reste du montant servira la cause.
(1) Voir le site internet www.letalent.eu
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