Cela s’est passé un 15 Novembre 2013 : «Le gouvernement donne son C4 à Didier Bellens»

(article paru le 16 novembre 2013) On ne connaît pas encore le nom de celui ou celle qui sera le futur administrateur délégué de Belgacom. Une seule chose est assurée, ce ne sera plus Didier Bellens. Le patron qui aimait trop la «provoc» a été révoqué vendredi par le gouvernement, au terme d’une réunion de près de trois heures. C’est peu après 20h15, que le Premier ministre, Elio Di Rupo, flanqué du seul Jean-Pascal Labille, ministre des Entreprises publiques (PS), est venu annoncer la décision lors d’une conférence de presse.«Une révocation décidée au consensus», a précisé, sur Twitter, le vice-premier Alexander de Croo (Open-VLD). La décision de révocation sera effective dans les prochains jours, lorsque le Roi aura apposé sa signature. La décision a été motivée par un «manquement grave», qui fait évidemment allusion aux sorties musclées de Didier Bellens s’adressant la semaine dernière à un parterre d’entrepreneurs et de journalistes dans un club d’entreprises ucclois. En conférence de presse, tant Elio Di Rupo que Jean-Pascal Labille ont souligné cette notion de « manquement grave », qui a « irrémédiablement rompu la confiance» entre l’administrateur délégué et l’Etat. Et d’épingler, tour à tour « l’accumulation et la répétition des polémiques et incidents ». Et de pointer, notamment « les propos dénigrants, voire injurieux » de Didier Bellens, le 7 novembre dernier. Ou encore « les controverses entourant certains départs, licenciements et promotions de hauts cadres», ainsi que «les déclarations inopportunes à l’égard de l’Etat, en méconnaissance du devoir de discrétion » auquel est tenu Didier Bellens. À l’issue de la réunion du conseil des ministres restreint, Jean-Pascal Labille a appelé personnellement Didier Bellens, juste avant la conférence de presse, pour lui annoncer la nouvelle. « Un entretien très court », s’est borné à préciser le ministre socialiste. Il y a quelques jours, Didier Bellens avait formulé une contre-proposition au gouvernement. Elle a été refusée, apprend-on à bonne source. On peut s’attendre que Didier Bellens conteste cette décision du gouvernement en justice. Une éventualité à laquelle on est déjà préparé du côté du ministre des Entreprises publiques. « Il a un contrat d’indépendant , note Jean-Pascal Labille. Les éventuels recours de Didier Bellens se traiteront donc au tribunal de commerce .» Durant la conférence de presse, tant Jean-Pascal Labille qu’Elio Di Rupo ont martelé le même leitmotiv: «Belgacom is back to business.» Un intérimaire et, très vite, un(e) remplaçant(e) Concrètement, le conseil d’administration de Belgacom se réunira ce samedi matin. À charge pour les administrateurs de désigner un remplaçant provisoire à Didier Bellens. Il s’agira d’un membre du comité de direction. À bonnes sources, on évoque le nom de Ray Stewart. Mais ni Elio Di Rupo ni Jean-Pascal Labille n’ont confirmé cette information. Mais ils ont tous deux souligné que la procédure serait identique à celle utilisée en 2002, après le décès accidentel de John Goossens, prédécesseur de Didier Bellens. À l’époque, Ray Stewart et Michel Dussenne, alors respectivement directeur financier et président du conseil d’administration, avaient présidé au pilotage de Belgacom. Or, le même Ray Stewart occupe toujours le même poste (depuis 1996, d’ailleurs) tandis que l’actuel président du conseil est le nouvellement nommé Stefaan De Clerck. «Lequel sera bien évidemment associé», a précisé le Premier ministre. Il nous revient également que la responsable de la division «résidentiel» de Belgacom, Dominique Leroy, a également été approchée pour cet intérim. Cependant, comme elle est en ordre utile pour devenir un jour la future patronne de Belgacom, Dominique Leroy aurait décliné la proposition. Dans la foulée, un chasseur de têtes sera désigné, qui devra proposer un nouveau patron. Quel salaire se verra-t-il proposer? Le gouvernement a demandé au comité de rémunération de Belgacom de formuler une proposition. « Qui tienne compte des décisions récentes du gouvernement dans d’autres entreprises publiques et en tenant compte de la spécificité de l’entreprise ». Selon plusieurs sources contactées par Le Soir durant la semaine, c’est déjà depuis la fin du printemps que les chasseurs de têtes se sont mis en campagne pour dénicher un remplaçant. Cela signifie que dans le chef du ministre Labille, avec l’aval plus que vraisemblable du Premier ministre, la décision de mettre un terme au mandat de Didier Bellens à la première incartade était déjà plus ou moins arrêtée. Mettre la main sur un nouvel administrateur délégué risque de ne pas être une partie de plaisir pour le gouvernement. Le futur patron de Belgacom devra être à la fois un financier et un gestionnaire avisé des ressources humaines. Il devra aussi faire preuve d’un talent de visionnaire pour permettre à Belgacom de rester sur les rails, dans un secteur extrêmement concurrentiel ou chaque erreur stratégique peut s’avérer catastrophique. Et tout cela, pour un salaire raboté, ce qui pourrait décourager certains candidats. Dans l’entourage du gouvernement, certains misent sur une nomination rapide, «dans les prochaines semaines». Certains observateurs du secteur se montrent au contraire pessimistes, tablant sur un dossier qui pourrait s’enliser.

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